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« LA MARSEILLAISE » Chronique d’Occitanie : « On ne peut pas faire autrement » par Denis Lanoy Fondateur de TRYPTIK-THEÂTRE et de la MAISON-THEÂTRE des littératures à voix hautes de Nîmes

Publié le 20 avril 2020 par Particommuniste34200

Afin d’être, bien et tout à fait compris, afin d’éviter toute amertume et mésinterprétation, j’ai posé entre guillemets le titre de cette chronique. Je ne pourrais supporter qu’on puisse penser que je défende et utilise cette formule toute faîte, inventée pour abuser nos intelligences et susurrée, à moult reprises, à mes jeunes oreilles, par Reagan et Thatcher, les deux grands inspirateurs des politiques de renoncement aux biens communs.

En ces temps terribles, tandis que mes oreilles ont perdu et leur fraîcheur et leur naïveté, cette formule, toute prête à réutilisation, revient trop systématiquement et facilement à mon goût. Pour preuve, sur les réseaux sociaux, suite à l’intervention du président Macron ce lundi soir, le nombre de fois où, ici dans le Gard, les fidèles locaux de la parole jupitérienne, telles ou tels élu.e.s, qui y sont allé.e.s d’un petit commentaire admiratif de la prestation télévisuelle et qui terminent, toutes et tous, leurs petits billets par la formule quasi magique : « on ne peut pas faire autrement».

Vraiment ? Je suis infiniment désolé, mais je ne comprends pas cette formule. Elle est intellectuellement indécente car elle est un non-sens. Totalement incohérente. On peut, nécessairement, toujours faire autrement. Lorsqu’on est « être pensant et agissant », on sait très bien que, à cause de notre pensée, notre grandeur, notre humanité, on fait des choix. Ces choix, c’est vrai, peuvent être incohérents, absurdes, ils peuvent être soumis à des présupposés culturels, idéologiques, religieux, etc. mais il ne demeure pas moins qu’ils sont des choix. Si choix il y a, c’est qu’on peut faire autrement. « On ne peut pas faire autrement » est donc une formule de « prêt à penser » intellectuellement totalement inacceptable et absolument récusable. Convenons toutefois que celles et ceux qui l’utilisent peuvent être obstinément aveuglé.e.s. C’est peut-être ça… Aveuglé.e.s.

Le chemin est long pour nous désenvouter de cet aveuglement si bien organisé par ces quelques-uns qui nous abusent. On pourrait céder en se disant que « le chemin est bien difficile ». Certes, mais je me souviens de mes lectures du temps où Reagan (presque Trump) et Thatcher (presque Johnson, presque Macron) nous imposaient la grande bascule vers l’ultra. Je lisais le philosophe danois Soren Kierkegaard, grand expert en doute et mélancolie.

Je me souviens de cette phrase de lui, lue en ces temps, phrase incrustée en moi, phrase qui me permet de ne pas céder à l’aveuglement, phrase qui me permet conserver la certitude qu’on peut toujours penser la possibilité de « faire autrement»: « ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin ».

« LA MARSEILLAISE » Chronique d’Occitanie : « On ne peut pas faire autrement » par Denis Lanoy Fondateur de TRYPTIK-THEÂTRE et de la MAISON-THEÂTRE des littératures à voix hautes de Nîmes
19 avril 2020

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