Pour ce treizième épisode de ma série consacrée à la « créativité en temps de crise », nous nous pencherons aujourd'hui sur les difficultés de financement que rencontrent les startups et le bol d'air que leur apporte Clearbanc dans l'attente de jours meilleurs, grâce à son approche originale à mi-chemin entre investissement et crédit.
La jeune pousse canadienne a en effet opéré un « pivot » majeur depuis l'époque où, en 2015, elle projetait de développer une banque pour les travailleurs indépendants. Désormais, elle se focalise sur l'accompagnement de la croissance des entreprises du e-commerce, en leur proposant un apport de fonds adossé non à une participation au capital mais à une fraction de leurs revenus futurs, convenue à l'avance, jusqu'au remboursement complet (commission comprise). Un peu comme un prêt, mais sans échéance fixe, sans mensualités prédéterminées, sans intérêts qui s'accumulent…
La grande force du modèle, en comparaison du capital-risque (dont elle se défend par ailleurs d'être une concurrente directe), est sa réactivité : grâce à ses algorithmes d'analyse, Clearbanc se vante de pouvoir établir une proposition de financement en moins de 20 minutes, à partir de quelques informations sur l'entreprise, telles que l'historique de ses ventes (extrait via une connexion à ses comptes bancaires). Naturellement, cette qualité se révèle particulièrement attractive par les temps qui courent.
Forte de cette conviction, sa nouvelle solution Clearbanc Runway est ainsi conçue précisément pour procurer rapidement aux entrepreneurs une marge de manœuvre de quelques semaines à quelques mois dans leur trésorerie, à un moment où, en raison de la crise sanitaire et des extraordinaires incertitudes qu'elle génère, les investisseurs traditionnels tendent à retarder leurs décisions (quand ils ne les ont pas totalement gelées), induisant des délais potentiellement létaux dans la conclusion des transactions.
Concrètement, le dispositif de crise reprend les même principes que la plate-forme de base de Clearbanc : après remplissage du formulaire de demande, l'évaluation des paramètres de fonctionnement de l'activité – secteur, niveau de trésorerie, frais généraux, chiffre d'affaires, rentabilité, taux de croissance… – permet d'abord de calculer, en quelque sorte, l'espérance de vie de la structure, puis, si les conditions semblent cohérentes, de proposer un plan de financement afin de la prolonger… jusqu'à, par exemple, l'atteinte de l'équilibre ou un tour d'investissement plus classique.
La cible spécifique des acteurs du commerce en ligne, dont les perspectives sont parmi les moins menacées à l'heure du confinement quasiment généralisé, rend évidemment la tâche plus aisée pour Clearbanc, même s'il ne faut pas négliger la volatilité qui affecte tous les marchés, sans exception. Son engagement aux côtés des startups n'en reste pas moins essentiel, voire vital, tandis que l'investissement connaît actuellement un coup de frein brutal, dont il reste tout de même à espérer qu'il sera de courte durée.