Chroniques d’un anthropologue au Japon (2)

Musée Platinum

Une jeune femme est assise sur un vélo orange, à l’arrêt. Elle porte un short, court, une chemise jaune, rayée, manches courtes, ouverte devant jusqu’au short, débardeur blanc visible, poitrine plate. Elle tient fermement le guidon, penche légèrement le visage à gauche. Sourire parfait, les yeux rieurs, sourcils épais, maquillage discret et deux anneaux qui pendent à chaque oreille. Le teint est clair, les cheveux bruns, longs, fins, attachés en demi-queue à l’arrière, quelques mèches dans le vent. Un rayon de soleil illumine indécemment ses cuisses écartées sur la selle, invitation au regard. A gauche, un texte – en japonais – Soyons belles. Dès maintenant. En alphabet latin, Start. Musée. En regardant un peu mieux en haut à gauche, Musée Platinum. Intriguant. A droite, ensuite, Pass de 5 ans chez Musée. L’idée urgente me traverse de souscrire à cet abonnement culturel. La muséologie n’est-elle pas une composante essentielle de l’anthropologie ? Dessous, en plus petit : Bras, avant-bras, ventre, zones délicates, dos, épaules. Les choses se précisent.

Un peu plus bas, pourtant, déception. En kanji, caractères japonais plus difficiles à lire pour moi, Épilation à volonté, 1960 yens par mois. L’affiche est présente dans chaque wagon, sur toutes les lignes de train JR et, je constate le même jour, dans le métro d’Osaka.

Rémi Brun