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Belgravia (Mini-series, 6 épisodes) : les grandes espérances londoniennes

Publié le 20 avril 2020 par Delromainzika @cabreakingnews

J’ai toujours aimé ce que Julian Fellowes pouvait proposer dans Downton Abbey. Cela m’a forcément donné envie de découvrir Belgravia, sa dernière création pour ITV (diffusée sur Epix aux Etats-Unis). Il adapte cette fois-ci son propre livre, un mélange entre Downton Abbey, Orgueil et Préjugés et du Charles Dickens. Au départ, on ne sait pas forcément ce que Belgravia compte devenir. Il faut attendre le second épisode pour que l’on aille réellement au coeur de ce que la série va vouloir nous raconter. Nous sommes dans le quartier de Belgravia à Londres, un quartier fait pour les riches. Dans un sens, cette série c’est un mystère qui se joue autour des regrets des personnages, de secrets de famille bien gardés et des conséquences de la répression. Julian Fellowes retrouve aussi des thématiques qui lui sont chères, notamment sur la lutte des classes.

Il y a dans cette mini-série un arrière goût de Charles Dickens, ce qui dans un sens n’est pas une mauvaise idée non plus mais qui ne réussie pas toujours le pari fou de le réussite. Dans la veine de Les Grandes Espérances, nous suivons donc l’histoire de Charles Pope (incarné par Jack Bardoe) dont le passé et le futur est au coeur même de toute l’histoire. Bien que Belgravia ne soit pas aussi fascinante et percutante qu’un roman de Dickens (ou même son adaptation), notamment car la narration n’est pas aussi soignée, Fellowes parvient tout de même à créer une mini-série plutôt intéressante et surtout une sorte de plaisir coupable qui se suit de façon très fluide, épisodes après épisodes. Tout au long de Belgravia, il y a donc pas mal de personnages et d’intrigues séduisantes qui permettent de rester accrocher tout au long de la série. Cela ne veut pas pour autant dire que c’est aussi brillant que Downton Abbey, mais cela reste agréable à suivre malgré tout.

Nous avons aussi deux femmes importantes dans l’histoire de Belgravia : Anne Trenchard (incarnée par l’excellente Tamsin Greig), une sorte de nouvelle riche dont le mari a fait fortune en livrant des denrées lors des guerres Napoléoniennes. L’autre femme c’est la Comtesse de Brockenhirst (incarnée par Harriet Walter) qui elle a une fortune héritée de plusieurs générations. Les deux femmes sont aux opposés et justement cette confrontation, bien qu’un peu facile et classique, fonctionne plutôt bien dans son ensemble. Ce sont leurs enfants qui transgressent le protocole des classes par leur amourette qui fait alors office de liant entre les deux familles. Anne est aussi quelqu’un d’intriguant car elle en sait plus qu’elle ne veut bien le dire au départ et ce sont les secrets qu’elle connait qui font aussi fonctionner la machine tout au long de la mini-série.

Quand Belgravia se concentre sur la relation entre Anne et la comtesse, alors c’est dans ce genre de moments qu’elle réussie le mieux. Tamsin Greig et Harriet Walter sont parfaites à l’écran et rendent constamment les dialogues de Julian Fellowes plus intéressants qu’ils ne pourraient en avoir l’air dans la bouche d’autres actrices (probablement). Le créateur insuffle alors avec ses deux actrices un côté potins amusants qui apporte un brin de modernité au récit. C’est dans ce genre de moments que Belgravia sort de Dickens (ou en tout cas du style) pour s’offrir quelque chose de différent mais de tout aussi intéressant. Le seul truc que je regrette c’est que Fellowes en fait souvent trop dans Belgravia. Avec trop de personnages (pour certains il n’y a pas grand chose à dire), cela rend parfois le tout un peu étrange et moins efficace que si la série ne se concentrait que sur ce qu’elle a de mieux.

La mise en scène a elle aussi parfois un peu du mal à trouver le ton juste. Peut-être car l’histoire n’est pas suffisamment large pour recouvrir six épisodes et c’est dans ce genre de moments que l’on sait que Fellowes est en train d’étirer des histoires plus qu’il ne fallait. Belgravia aurait peut-être été meilleure en film plutôt qu’en série… De plus, Julian Fellowes examine toujours les classes britanniques de la même façon ici que dans Downton Abbey ce qui ne permet pas forcément de nous offrir un point de vue novateur alors qu’il aurait été intéressant de creuser le sujet autrement. Pour autant, Belgravia n’est pas un raté total et a suffisamment d’éléments intéressants pour que les fans de Fellowes ou de Downton Abbey aient de quoi se rassasier (mais je dois avouer que malgré mon admiration pour le créateur, le repas n’était pas complet).

Note : 5/10. En bref, parfois un peu long, parfois plutôt fun, Belgravia oscille entre bonnes idées et gâchis. Belgravia reste tout de même du Julian Fellowes tout craché et c’est pour ça qu’elle mérite le coup d’oeil si vous aimez son style.


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