Réflexion trente-huit (20 juillet 2008)
Retour sur certains principes économiques ... ou de la nécessité d'une critique de certains préceptes de base en économie ...
Plus d'une année que je ne suis pas revenu à cette partie de mes réflexions sur l'économie de l'environnement au sens strict. Evidemment, entre temps, je me suis consacré à une partie annexe, à savoir les débats autour du réchauffement climatique et de ses conséquences, ainsi que sur les problèmes de raréfaction de certains combustibles fossiles, en tant que source anthropique du phénomène de réchauffement climatique ...
http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2007/12/10/rechauffement-climatique-donnees-1.html
Mais je n'ai pas véritablement fait le tour de la question de l'économie de l'environnement. Je vais donc tenter d'aborder ci-après quelques éléments de critiques de certains préceptes fondamentaux de l'économie générale, et de l'économie réelle.
Pourquoi se lancer dans une critique des principes fondamentaux de l'économie ? Sans remise en cause de grands préceptes de l'économie générale ou de l'économie réelle, il est en effet à craindre que l'humanité ne réussisse pas à modifier rapidement les concepts de développement économique, nos attentes ou espérances en matière de niveau de vie, ou plus simplement, notre rythme de consommation et la ponction qui en découle sur la biosphère et sur les ressources minérales et fossiles disponibles ...
Il doit en effet être noté que l'économie de l'environnement n'a pas réussi à réformer les principes de l'économie pure ni même de l'économie réelle. La nécessité notamment de la prise en compte en économie de la responsabilité inter-générationnelle qui doit nous être imputé, en tant que consommateur ou producteur, n'est ainsi toujours pas intégrée, que ce soit dans la théorie ou dans la réalité. Par responsabilité inter-générationnelle, il faut notamment entendre notre responsabilité envers les générations qui vont nous suivre, sur cette planète, qu'elles soient proches ou très lointaines, en matière de disponibilité des ressources minérales ou fossiles, de disponibilité des ressources de la biosphère (biodiversité), et d'accessibilité de ces ressources ...
Evidemment, certains diront que la biodiversité est une préoccupation forte des organisations et des gouvernements internationaux, même s'ils n'arrivent pas à se mettre d'accord sur ce sujet ou à dégager des ressources suffisantes ... Il faut également se rappeler que les efforts en faveur de la biodiversité sont aujourd'hui essentiellement demandés et consentis par les états en développement, où l'activité humaine a encore peu dénaturé la biodiversité du milieu naturel ... Les efforts des gouvernements portent ainsi sur une tentative de préservation de quelles poches importantes de biodiversité, en milieu tropical ou équatorial, plutôt qu'une prise en compte des contraintes de l'environnement en matière de développement et d'activité économique. Il s'agit essentiellement d'empêcher la généralisation d'un développement aussi anarchique et destructeur pour l'environnement dans certains pays en développement où se trouve une biodiversité importante, que par le passé dans les principaux pays industrialisés.
Tout en sachant que cette réflexion sur la biodiversité butte sur le problème du financement ... Les pays en développement ne voulant pas préserver cette biodiversité sans être aidés financièrement (ils refusent de sauvegarder gratuitement la biodiversité pour le bien futur de l'humanité), en arguant notamment que les multinationales occidentales puisent dans cette biodiversité sans indemniser les états et les peuples qui ont su préserver ce capital ... Les pays industrialisés voulant limiter au minimum leur participation individuelle au coût de protection de la biodiversité, même si ce sont leurs multinationales pharmaceutiques qui en seront les principales bénéficiaires ... Les multinationales contestant tout système d'imposition mondiale qui freinerait leur développement à l'échelon mondial ...
D'autres rappelleront peut-être que l'envolée récente du prix des matières premières minérales, fossiles et même alimentaires conduit en quelque sorte l'économie à prendre en compte cet aspect de responsabilité intergénérationnelle ... Mais l'envolée des prix de diverses matières premières (métaux, pétrole, céréales ...) ne s'explique pas par une modification des principes de formation des prix au niveau international ... Il s'explique essentiellement par l'effet de mouvements financiers spéculatifs, nés de la crise financière qui secoue le monde occidental depuis l'été 2007. La bulle spéculative apparue sur les marchés de matières premières se dégonflera obligatoirement un jour, peut-être même très prochainement, comme toutes les bulles spéculatives avant elle ont toujours éclaté ... Le seul effet positif de cette bulle spéculative a été la constitution de fonds souverains intergénérationnels dans la majeure partie des états qui ont bénéficié de cette envolée des cours, dont l'objectif est de préparer l'après-pétrole ...
Mais l'économie réelle ou théorique n'a toujours pas admis que le fait d'intégrer le respect de notre responsabilité intergénérationnelle dans les prix était indispensable à l'échelon de l'humanité, pour tous les biens que nous consommons ou que nous produisons. Et que cette intégration nécessitait une action non seulement internationale mais surtout mondiale ... Chaque bien, chaque matière première devant intégrer un aspect 'rareté' et 'disponibilité', que le marché a toujours été incapable d'assurer, et qu'il ne peut pas assurer. Comment expliquer sinon le prix du baril de pétrole à 10 dollars des décennies passées ?
La prise en compte d'une responsabilité intergénérationnelle de notre génération actuelle doit impliquer l'imposition d'un prix minimum pour les matières premières et la création d'un fonds de réserve financière mondial qui récupérerait cette fraction des prix au bénéfice des générations futures ... fonds qui à terme devra aider à compenser financièrement les surcoûts liés au réchauffement climatique, et qui actuellement pourrait oeuvrer financièrement en faveur d'un développement des pays en développement, équilibré, économe en énergie et en combustible fossile, et respectueux de leur environnement ...
Une chimère en somme ... La prochaine fois, je parlerais du principe économique de la formation des prix en fonction de la quantité (ou fonction décroissante) ...
Réflexion trente-sept (5 avril 2007)
De la production (2)
Quelques puissent en être les explications proposées, la construction d'une communauté d'état en Afrique, sur le modèle de l'ex Communauté européenne, semble actuellement difficilement atteignable. Il faudrait d'abord faire taire des années de rancoeurs entre états voisins. Par contre, la mise en commun de la production de certains Biens Publics Mondiaux est-elle plus facilement envisageable, comme par exemple dans le domaine de la santé ou de l'éducation ?
Pour répondre à cette interrogation, il faut d'abord évoquer un certain nombre de risques qui pourraient apparaître du fait d'une telle politique commune.
1. Le problème des tensions communautaires
Il s'agit du risque le plus important qui pourrait survenir dans le cadre d'une gestion commune de certains biens publics mondiaux. Dans le cadre de l'eau, BPM par excellence, il apparaît évident que la construction d'un réseau commun de distribution de ressources aquatiques pourrait créer des tensions communautaires extrêmement violentes en Afrique dès l'apparition de problèmes d'alimentation en eau ... Les populations qui ne seraient pas alimentées en eau accuseraient très vite leurs voisins immédiats de leur avoir volé leur eau, et risqueraient de se retourner contre leurs voisins d'une autre ethnie. La mise en place de tels réseaux communs impliquent soit, comme en Europe, une disponibilité parfaite de cette ressource, soit une plus grande capacité à vivre ensemble pacifiquement (et là l'Europe n'est peut-être pas forcément un exemple).
Autre BPM par excellence, le domaine de la santé risque d'être tout autant concerné par les tensions communautaires. La mise en commun de ce BPM risque en effet d'impliquer une mobilité des personnels soignants entre différents états. Dans ce cas, en présence d'épidémies, ces personnels étrangers risquent d'être considérés comme des empoisonneurs, un peu comme certains personnels soignants européens en Lybie, condamnés à mort pour y avoir soi-disant transmis le virus du sida à des malades sains.
Il existera également le même risque avec l'éducation, soit parce que les professeurs ou les élèves risquent d'être victimes de débordements, soit parce que les programmes scolaires étant l'un des principaux moyens connus de créer un sentiment d'appartenance nationale, personne n'acceptera de confier le contrôle notamment des programmes d'histoire à d'autres.
Les possibilités de tensions communautaires ne doivent donc pas être ignorées dans la mise en commun d'un certain nombre de Biens Publics Mondiaux. Evidemment, ce risque est moins présent, mais jamais totalement absent, pour un certain nombre d'autres BPM, tels notamment la recherche médicale en matière de lutte contre les maladies infectieuses ou la réglementation et la stabilisation des marchés financiers.
2. L'incidence du comportement des états
La mise en oeuvre d'une unification de la production des biens publics mondiaux au niveau d'un groupe de pays, tel le continent africain, risque également de rencontrer un autre type de difficultés liées à différentes formes de comportements qui peuvent être rencontrées face à des biens collectifs de ce genre.
Les biens publics peuvent être ainsi rangés dans un certain nombre de catégories. On distingue normalement :
- les biens publics dits 'à la portée du meilleur' (ou 'best shot goods'), qui ne peuvent être fournis que par les pays les plus performants (par exemple la mise au point de vaccins contre les grandes endémies ou la haute technologie). Ces biens publics peuvent assez facilement être mis à disposition au sein d'un groupe d'états sans difficulté particulière.
- les biens publics 'dépendant du maillon le plus faible' (ou 'weakest link goods'), dans lesquels, par exemple, le contrôle de risques épidémiques est menacé par l'état qui a la moins bonne politique sanitaire et sociale, et où des foyers de maladie risquent de subsister.
- les biens publics 'additifs' (ou 'summation goods'), qui résultent de la somme des efforts de tous les acteurs étatique, comme par exemple la réduction d'émission de gaz à effets de serre, qui n'est efficace que par addition des efforts de tous les pays.
Face à ces différentes formes de biens publics, il existe un certain nombre de comportements négatifs communs pouvant apparaître dans le cas d'une telle politique commune de production de BPM :
- la 'resquille' ou le 'passager clandestin' (ou 'free riding'). Ce comportement consistera pour certains états à tenter de profiter d'un BPM sans en payer le coût financier. Ce comportement répond à la question suivante : pourquoi faire des efforts pour mieux gérer un bien public s'il n'y a pas de sanction de ces efforts ?
- le 'dilemme du prisonnier', qui apparaît lorsque les partenaires d'un jeu ne se font pas suffisamment confiance, ou lorsqu'ils n'ont pas assez d'information sur la stratégie des autres joueurs. Dans le cas du 'dilemne du prisonnier', il y a un risque que les décisions prises individuellement soient globalement sous-optimales.
- le comportement 'moutonnier', qui apparaît lorsqu'aucun acteur ne souhaite prendre d'initiative pour résoudre les problèmes, chacun tentant de 'contourner' les difficultés.
Réflexion trente-six (1er avril 2007)
De la production (1)
L'une des réponses que je proposerais maintenant au problème de la production et de la mise à disposition des biens publics mondiaux se réfèrera au 'Manifeste de l'Europe des Biens Publics' publié par Jean Paul Fitoussi au nom de l'OFCE. Leur réflexion, parmi d'autres arguments, repose sur la nécessité pour les peuples européens de centraliser la production et la distribution d'un certain nombre de biens publics, appartenant pour la plupart à la liste des BPM affichée ci-dessous.
Si cette proposition peut se comprendre pour l'Europe, elle est encore plus irréfutablement nécessaire pour les pays en voie de développement ou sous-développés, tout particulièrement d'Afrique.
L'Afrique est un continent où de très nombreuses populations n'ont pas accès aux biens publics mondiaux les plus élémentaires, tels l'eau potable, la sécurité des personnes et des biens, les réseaux d'assainissement, les systèmes de soins, sans parler de l'électricité, des réseaux routiers, des réseaux de télécommunication, d'une administration non corrompue.
L'Afrique est un continent où les situations en matière d'accès aux biens publics mondiaux diffèrent énormément selon les pays concernés et selon les endroits ou les villes dans un même pays donné. Certains états peuvent ainsi offrir un certain nombre de BPM de base à tous leurs citoyens, et d'autres non. A l'inverse, certains états usent du certain nombre de BPM dans une optique électoraliste, ou pour favoriser ou récompenser certaines tribus ou populations sur lesquelles leur pouvoir s'appuie.
Au niveau de la santé, la situation de l'Afrique est tout particulièrement préoccupante, que ce soit en matière de progression des épidémies de sida, de traitement de maladies éradicables comme celles de la mouche tsé-tsé, du paludisme ou du chikungunya, ou en matière d'infrastructures médicales ou de personnels soignants. L'Afrique est très mal équipée et les grands laboratoires pharmaceutiques multinationaux se désintéressent des maladies qui touchent ce continent et ses habitants. L'Afrique ne dispose pratiquement pas d'industries pharmaceutiques, et même si elle en disposait d'un laboratoire africain, il y a fort à parier que celui-ci s'intéresserait plutôt aux grands marchés occidentaux plus rentables.
Le même constat peut être réalisé pour tous les autres biens publics mondiaux, comme la distribution d'eau par exemple, autre BPM de base. L'eau n'est pas accessible partout et pour tous en Afrique. Un certain nombre d'ONG intervienne ainsi pour creuser des puits sains dans un grand nombre de pays africains, notamment sur le pourtour du Sahel, et pour équiper ces points d'eau de pompes pour faciliter la disponibilité du précieux liquide. Mais il faut également noter que les grandes multinationales occidentales du secteur (Véolia ...) gèrent parfois dans le cadre de délégations de services publics ou de fermages un certain nombre de concessions, qu'ils gèrent non pas dans une optique de développement mais surtout de rentabilité financière.
Pourquoi donc aucune solution commune à toute l'Afrique n'a-t-elle jamais été véritablement tentée par l'ensemble des gouvernements africains ? Un certain nombre d'éléments d'explication peuvent être avancés :
1) La majeure partie de ces pays sont régulièrement en conflit avec leurs voisins immédiats, ce qui est plutôt génant pour mettre en place des structures communes et leur déléguer une partie de leurs prérogatives (cas du Congo, du Rwanda, de la Guinée Conakry, du Liberia, du Nigeria, de la Sierra Leone, de l’Erythrée, de l’Ethiopie, de la Somalie, du Soudan, de l’Ouganda, du Tchad,du Burundi, de l’Angola et du Zimbabwe) ou en guerre larvée (Mauritanie, Maroc, Sahara occidental, Lybie ...).
2) Par ailleurs, ces pays sont pratiquement tous incapables de mettre fin aux guerres civiles qui les secouent régulièrement, et il paraît difficilement imaginable qu'ils puissent construire une communauté d'états associés. Les pays exempts de guerre sont plutôt des exceptions (Egypte ...). Même des pays comme l'Afrique du Sud ou le Sénégal (sécession de la Casamance) ont connu des situations insurrectionnelles.
3) Une telle construction indépendante de l'influence de certains pays d'Europe ne serait peut-être pas acceptée par ces derniers, qui sont non seulement à l'origine des conflits actuels en raison du découpage sans raison des frontières entre états, sont non seulement les principaux fournisseurs d'armements aux diverses parties en présence, mais sont aussi certainement arrangés par ces conflits perpétuels qui maintiennent ces états sous leur contrôle.
4) Enfin, l'Europe et l'Occident n'accepteraient une telle construction communautaire que si celle-ci était sous son contrôle, dirigée par des administrateurs expatriés, contrôlée par ses organismes de développement bilatéral, et favorisant les industries multinationales européennes. L'Europe ne paierait pas pour toute autre construction.
Réflexion trente-cinq (13 mars 2007)
Introduction aux Biens Publics Mondiaux
De nombreuses études portent sur la question des biens publics mondiaux ainsi que sur les problèmes de pollution. De très nombreuses personnes et organisations ont réfléchi à ces problèmes, avec bien souvent des argumentations relativement proches de celles que j'ai évoqué précédemment. La production et la distribution des biens publics mondiaux ont notamment été étudiées par de très nombreux économistes, hommes politiques ou acteurs du développement. Et pourtant, il faut bien reconnaître qu'à ce jour, pratiquement aucune réponse n'a été apportée à ces problèmes dans notre réalité économique. Mises à part quelques réalisations en matière de contrôle de la pollution grâce à la mise en place de normes d'émission sur certains gaz dangereux pour la couche d'ozone ou de marchés de droits à polluer, les autres problèmes évoqués comme l'épuisement des ressources naturelles ou des matières premières, la pollution et le réchauffement climatique, ou la non mise à disposition des biens publics mondiaux, perdurent dans la majeure partie des états du globe, occidentaux ou en développement. C'est un peu comme si aucune solution n'avait pu être apportée, n'avait pu être appliquée.
Une question mérite ainsi d'être posée ; existe-t-il des solutions applicables ou réalisables aux problèmes environnementaux et d'environnement ?
Mais au fait, qu'entend-on par 'biens publics mondiaux' ? Il en existent de nombreuses définitions, qui s'opposent parfois. Mais il en est rarement présenté une liste. On parle souvent de l'eau, de l'éducation ou de la santé ? Mais plus précisément. Qu'est-ce qui rentre dans le champ des biens publics mondiaux ? Qu'est-ce qui en sort ? Un certain nombre d'économistes en ont proposé une énumération, pas toujours semblables. Un certain nombre de notions sont cependant souvent mentionnées :
1°) Le domaine de la connaissance
1.a. La création/production et le partage/diffusion des connaissances (notamment scientifiques, techniques ou culturelles)
1.b. La recherche fondamentale
2°) Le domaine de la santé
2.a. L'accès de toute l'humanité à un système de soins performants et peu onéreux
2.b. La lutte contre la propagation de maladies tel le SIDA ou le paludisme et le contrôle de certaines épizooties
3°) Le domaine de l'environnement
3.a. La réduction du réchauffement de la planète pour lutter contre le changement climatique
3.b. La préservation de la couche d'ozone
3.c. La préservation des milieux naturels et de la biodiversité
3.d. La dépollution de l'eau ou de l'air
4°) Le domaine des infrastructures
4.a. Les infrastructures de communication terrestres ou ferroviaires
4.b. Les réseaux d'eau, d'assainissement et de transport d'électricité
5°) Le domaine des droits et de la justice
5.a. La sécurité intérieure ou extérieure (la paix)
5.b. La justice
5.c. Les droits de l'homme
5.d. La liberté
6°) Les autres domaines
6.a. La lutte contre la pauvreté
6.b. La stabilité financière internationale
6.c. La diffusion la plus large possible des bénéfices de la mondialisation ou du libre-échange
6.d. Une administration intègre capable de faire respecter un certain nombre de règles et de lois
6.e. La vulgarisation des techniques agricoles
Cette énumération présente l'avantage mais aussi l'inconvénient d'être extrêmement large. Certains des biens cités ci-dessus ne sont pas assimilés par tous les théoriciens à des biens publics mondiaux, mais sont parfois uniquement appréhendés comme des biens collectifs nationaux. Le plus souvent, il y a peu de contestations pour les trois premiers domaines mentionnés (connaissance, santé, environnement). Par contre, les avis divergent pour les biens rattachés aux trois derniers domaines, parmi lesquels j'ai rajouté celui concernant une administration intègre.
Les différentes définitions qui sont données de cette notion de 'biens publics mondiaux' éclairent également d'une certaine façon le débat les concernant.
D'une première manière, je serais tenté de dire que les BPM sont des biens indispensables à la vie de l'homme en société. Toutefois, cette définition ne recouvre-t-elle véritablement que les seuls biens publics mondiaux. N'existe-t-il pas des biens indispensables à l'homme en société qui ne soient pas des BPM ?
Une seconde définition que l'on peut donner des BPM se réfère à la notion économique de défaillance des marchés des biens collectifs. Un bien est en effet dit collectif lorsque son usage par n'importe quel utilisateur ne remet pas en question sa disponibilité pour les autres et lorsque l'accès à ce bien ne peut être limité. Il suffit de transposer ce raisonnement du niveau national au niveau mondial et on mobilise ainsi le même appareillage analytique pour traiter de cette question. Les biens publics globaux sont donc des biens sans exclusion aux frontières ou de rivalités de consommation entre pays.
Une troisième définition opposée à la seconde analyse les mécanismes d'appropriation privée et publique de ces biens publics en termes d'économie politique et de patrimoine commun. Il existe des patrimoines communs dont la définition dépend des choix collectifs des citoyens. Mais les ressources communes de l'humanité sont largement appropriées par des pouvoirs privés et publics ce qui conduit à des exclusions. Une interrogation peut alors porter sur la légitimité des droits de propriété des agents privés ou des États sur ces biens considérés comme publics. Au nom de quoi des pouvoirs privés (par exemple des firmes multinationales) ou des pouvoirs publics ont-ils le droit de s'approprier ou de détruire ce patrimoine commun ?
Saucratès
Mes précédents écrits sur l'économie de l'environnement :
1. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2007/01/09/economie-de-l-environnement-un.html
2. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2007/01/14/economie-de-l-environnement-deux-les-principes.html
3. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2007/01/30/economie-de-l-environnement-trois-les-theories.html
4. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2007/02/10/economie-de-l-environnement-quatre-les-enjeux.html
5. http://saucrates.blogs.nouvelobs.com/archive/2007/02/25/economie-de-l-environnement-cinq-biens-collectifs.html