Mais, comme le dit son Directeur : « Rien de mieux que les chefs-d’œuvre pour soigner nos esprits et nos cœurs des plus vilaines attaques. » Gageons que les potions seront au rendez-vous pour nous faire oublier ce passage si frustrant et dramatique à la fois et remplir à nouveau nos yeux et nos oreilles d’images et sons définitifs. N’ayez crainte, chanter, jouer, danser tout cela est bientôt de retour sur la scène du spectacle vivant.
C’est ainsi que l’automne verra le début de saison irisé par la musique du jeune Georges Bizet avec son ouvrage Les Pêcheurs de perles. L’occasion de retrouver d’entrée de jeu, toutes les forces vives du Théâtre avec les musiciens de l’Orchestre du Capitole, et le Ballet du Capitole, et les Chœurs, mais encore tout le travail assuré par les Ateliers pour décors et costumes. C’est Emmanuel Plasson qui dirige cette nouvelle production et Thomas Lebrun qui signe là sa première mise en scène d’opéra après avoir enthousiasmé les scènes en tant que chorégraphe. En Leïla, on est heureux de voir revenir sur notre scène Anne-Catherine Gillet, éclatante Sophie dans un mémorable Chevalier à la Rose en 2008, et Suzanne, et autres prestations. Mathias Vidal, que nous n’avons pu, hélas, apprécier dans Platée, chante Nadir tandis qu’Alexandre Duhamel sera Zurga.
Une seule représentation, le 23 octobre, pour une œuvre rare, le poème lyrique de Gabriel Fauré, Pénélope, donné en version originale pour piano accompagné du Chœur du Capitole. La patiente épouse est chantée par notre Ariane de Strauss, Catherine Hunold tandis que son cher époux aura la voix du Pollione de Norma, Airam Hernàndez, les deux entourés de nombreux artistes présents maintenant et de plus en plus souvent sur la scène toulousaine. Anne Le Brozec est au piano et à la direction musicale.
Janvier verra une nouvelle production de l’Eugène Onéguine de Tchaïkovski, cet opéra que son auteur qualifia plutôt de Scènes lyriques en trois actes. Eugène, c’est Stéphane Degout, prise de rôle pour l’un de nos plus grands barytons français. On découvrira la mise en scène de Florent Siaud, l’un des jeunes talents parmi les plus enthousiasmants ainsi que Gábor Káli à la direction musicale. Tatiana c’est la jeune ukrainienne passée par le Théâtre du Bolchoï, Valentina Fedorova. Ce chef-d’œuvre bouleversant du compositeur attirera sûrement les foules. Pour ajouter à l’ambiance, on réclamerait presque une Place du Capitole enneigée.
Après l’opéra russe, retour à l’opéra français avec le drame lyrique de Claude Debussy, Pelléas et Mélisande, l’ouvrage parmi les plus adulés mais aussi les plus haïs. C’est une coproduction à têtes multiples où l’on retrouve à la direction Leo Hussain, que nous avons eu dans la fosse pour ce mémorable chef-d’œuvre de Korngold, Die Tote Stadt. À la mise en scène, Éric Ruf, directeur de la Comédie française qui s’occupe aussi des décors pendant que Christian Lacroix nous créé les costumes et que Bertrand Couderc règlera les lumières de cette tragédie, drame cruel au quotidien, qui déchire les protagonistes en l’occurrence Marc Mauillon, l’un des plus grands Pelléas actuels, la malheureuse Mélisande que chantera pour la première fois une révélation de l’art lyrique, la jeune française Victoire Bunel pendant qu’André Heyboer, père Germont de Traviata puis Albert du Werther ici même, sera Golaud.
Jordi Savall © Jacques Philippet
Auparavant, une version concert pour une SEULE représentation, un peu de baroque italien avec un ouvrage rare du prêtre roux, Antonio Vivaldi, Teuzzone, opéra en trois actes dirigé par Jordi Savall à la tête de son Concert des Nations. Le sujet ayant été puisé jusqu’en Chine, vous serez agréablement surpris par la présence de musiciens jouant sur des instruments traditionnels chinois. Ce projet est soutenu par le département de la Culture de la Generalitat de Catalunya et de l’Institut Ramon Lull. Un des airs parmi les plus connus est bien “Di trombe guerriere“, air martial, typique que je qualifierai d’infernal avec trompettes, timbales et hautbois et cordes. Fulgurance au rendez-vous. On aime.
Maxim Emelyanychev © Jean-Baptiste Millot
Mozart est de retour en avril avec Les Noces de Figaro. Cette coproduction avec l’Opéra de Lausanne aligne une distribution qui est une sorte de signature de la maison Capitole. À la direction musicale, c’est tout d’abord Maxim Emelyanychev, jeune chef étourdissant, aussi bien sur l’estrade que dans la fosse, que nous avons pu, déjà, apprécier à diverses occasions. Un tourbillon qui va être en osmose parfaite avec ce tourbillon que constitue l’un des chefs-d’œuvre opératiques buffa de Wolfgang. Mise en scène et décors de Marco Arturo Marelli permettront aux acteurs de ce monument de pure tendresse et de mélancolie, absolument exempt de tout mélange importun de majesté et de tragique, de s’ébrouer littéralement, avec bonheur.
Karine Deshayes © Aymeric Giraudel
C’est une prise de rôle pour Karine Deshayes que la Comtesse Almaviva, ex-Rosine. Vous ne serez pas surpris de retrouver Anaïs Constans dans Suzanne, ni Julien Véronèse dans Figaro, après Dulcamara, ainsi que Eléonore Pancrazi dans Cherubino après Orsini. Quant à Don Basilio, Emiliano Gonzalez Toro, il fut Orfeo il y a peu, dans son Orfeo. Le Comte plutôt volage, c’est pour Michael Nagy.
Anne Delbée © Cosimo Mirco Magliocca
Le Capitole n’oublie pas Benjamin Britten. Après Albert Herring, Owen Wingrave, The Turn of Screw, Albert Herring, voilà Le Viol de Lucrèce, opéra en deux actes, opéra de chambre qui, pour traiter d’un tel sujet, nécessite de faire appel à toute la sensibilité possible d’où une mise en scène confiée à Anne Delblée qui nous avait démontrés ici même avec Norma que la violence de certaines scènes peut se traiter sans aller chercher les films d’horreur. À la direction musicale, Marius Stieghorst, tandis que dans la distribution, on relève des noms qui nous sont familiers, Andreea Soare, Cyrille Dubois, Marie-Laure Garnier.
Theatre Du Capitole
Nouvelle production qui aura lieu au Théâtre Garonne et confiée à Silvia Costa qui va s’occuper de la mise en scène, des décors et costumes de deux ouvrages réunis ici, La Damoiselle élue de Claude Debussy et Journal d’un disparu de Leos Janáček. Le premier est un poème lyrique et le second, un cycle de mélodies. Le Théâtre du Capitole présente Silvia Costa comme une artiste de l’impalpable, performeuse, metteuse en scène, qui pour sa première intervention en France a choisi de nous présenter deux ouvrages lyriques hors champ de l’opéra traditionnel.
Catherine Hunold © Cyril Cosson
Mois de juin 2021 flamboyant avec deux œuvres choc. D’abord un monument en trois actes de l’opéra verdien, la tragédie intitulée La Force du destin, s’appuyant sur une partition épique dès l’Ouverture jusqu’à la dernière note. La production, convaincante, de retour après vingt ans, est signée Nicolas Joël. Décors et costumes sont les dernières maquettes réalisées par Hubert Monloup juste avant son décès. La direction musicale est confiée à Paolo Arrivabeni, qui fut dans la fosse pour la reprise de La Rondine. Leonora ne pouvait être que la voix de Catherine Hunold. L’affrontement de Don Alvaro et Don Carlo, c’est pour Amadi Lagha et Gezim Myshketa. Nicolas Courjal assurera le rôle bref du marquis de Calatrava puis celui, plus conséquent, de Padre Guardiano. Quant au personnage comme marginal de Preziosilla, c’est la mezzo Raehann Bryce-Davis.
Pour Elektra, certains parcourent le monde, ou parcouraient. Depuis mars 1975, la scène du Capitole a toujours été bien servie pour cet ouvrage de Richard Strauss pour lequel on se pose toujours la question : comment peut-on écrire un “truc“ pareil qui ne vous lâche pas une seconde sur cent minutes de musique ? Rien que les premières mesures : ta-ta tan………À la direction musicale, Frank Beermann. Après son Parsifal, ici même, nous voilà rassuré, et on brûle d’impatience. Vivement juin. Pour les yeux, Michel Fau à la mise en scène et Christian Lacroix aux costumes. Gageons que l’on pourra les laisser ouverts. Elektra, c’est Ricarda Mecbeth. Elle aura changé de costumes, sûrement, pour qui se souvient de l’artiste dans ce somptueux La Femme sans ombre, magnifique Impératrice et pour suivre, la toute belle au chant sensuel de la Comtesse dans Les Noces un peu plus tard. Nous découvrirons Johanna Rusanen en Chrysothémis tandis qu’on loue la performance de notre Directeur de faire arriver sur la scène capitoline Violeta Urmana en Clytemnestre, après une Agnès Baltsa. Quant à celui qui est sensé chanter Oreste, on se frotte les yeux mais, on a bien lu, Amfortas, oui, Matthias Goerne. Quel cadeau.
Matthias Goerne © Caroline de Bon
C’était pour les opéras. Ne cherchez pas les opérettes, c’est passé de mode mais par contre vous pouvez vous attarder sur les dates de Récitals en soirée, quatre magnifiques affiches à n’en pas douter. Sabine Devieilhe, Marina Rebeka, notre Norma.
Sabine Devieilhe
Sabine Devieilhe © Josep Molina
Matthias Goerne, Véronique Gens. Pareil pour les Midis du Capitole pour des artistes en devenir qu’assurément nous retrouverons en haut de l’affiche, incessamment. D’autres dates encore avec les Chœurs du Capitole, les Sacqueboutiers, les Soirées Événements consacrées à Gabriel Fauré, Déodat de Sévérac.
Kader Belarbi © David Herrero
Nous verrons la création mondiale de Kader Belarbi qui n’a pu avoir lieu, Toulouse-Lautrec sur un musique de Bruno Coulais, avec accordéon et piano, le Directeur étant responsable et créateur de la chorégraphie, de la mise en scène et du livret, s’appuyant sur une scénographie de Sylvie Olivé.
Suivra La Bayadère, ce monument incontournable du ballet classique que tout danseur classique rêve de danser, sur une chorégraphie de Thomas Edur, le livret toujours de Marius Petipa, la musique de Ludwig Minkus. L’Orchestre du Capitole sera dirigé par Garrett Keast.
Une entrée au répertoire avec Paysages intérieurs qui réunit deux chorégraphies de Carolyn Carlson s’intitulant If To Leave, Is To Remember sur une musique de Phil Glass puis Wind Women sur une musique originale de Nicolas De Zorzi. Et pour clore, Nocturnes, une création de nos amis du Malandain Ballet Biarritz sur une musique de Frédéric Chopin.
Pour clore la saison, Kader Belarbi investit une autre œuvre de ballet avec Les Saltimbanques, signant chorégraphie et mise en scène.
Voilà un aperçu de ce qui vous attend pour la prochaine saison sur laquelle vous pouvez vous jeter, étant sûrement tellement frustrés par la fin de la saison actuelle, une fin qu’il nous faut vite oublier en nous aidant des spectacles à venir, les affiches étant tellement succulentes.
- Date
- Du 20/04/2020 au 31/12/2020
- Site Web
- Plus d'infos sur https://www.theatreducapitole.fr/