Ce n'est pas une innovation originale que nous propose la jeune pousse britannique spécialiste de l'épargne retraite PensionBee à l'occasion de la crise sanitaire actuelle. Mais les réflexions que partage sa responsable du développement sur les opportunités qu'elle offre devraient trouver un écho chez plus d'un investisseur en herbe…
Même dans les pays, tels que les États-Unis ou, dans une moindre mesure, la Grande-Bretagne, où le système de retraite repose principalement sur un mécanisme de capitalisation dont le socle est l'investissement financier, la connaissance et la compétence des consommateurs en la matière restent extraordinairement déficientes. Or plusieurs facteurs convergent aujourd'hui pour remédier à cette situation et, peut-être, donner l'impulsion nécessaire aux épargnants afin qu'ils s'intéressent (enfin !) au sujet.
Le déclencheur initial d'un regain d'attention est, naturellement, la chute vertigineuse des marchés à partir de la fin du mois de février, dont la médiatisation a conduit le grand public à s'émouvoir de ses implications pour leurs portefeuilles et, en particulier, pour leurs futures pensions. Soudain, et vraisemblablement à une échelle inédite, en raison de l'évolution technologique que nous avons connue depuis la dernière crise importante et des outils qu'elle a contribué à démocratiser, les personnes concernées se mettent à suivre leurs actifs de près et à se poser des questions sérieuses sur leur situation.
En parallèle, un autre phénomène profite de la conjoncture pour prendre une ampleur imprévue. Il y a encore quelques mois, les préoccupations environnementales restaient marginales dans les stratégies d'investissement de monsieur- ou madame-tout-le-monde et dans leurs exigences vis-à-vis de leurs fournisseurs. Maintenant, avec l'évolution du cours du pétrole et son impact sévère sur les entreprises de son écosystème, une nouvelle conscience émerge en faveur d'un désengagement des énergies fossiles.
Naturellement, ces évolutions de comportement ne sont qu'une péripétie temporaire et il est parfaitement possible (voire probable) que, une fois le coronavirus oublié, les habitudes ainsi acquises suivent le même destin. À moins que les acteurs du secteur, startups comme groupes historiques, n'exploitent ce moment particulier que nous vivons pour encourager l'éducation financière et l'engagement de leurs clients dans le long terme, de manière à ce qu'ils acquièrent et, surtout, conservent les bons réflexes.
Dans le registre de l'investissement responsable, par exemple, les inquiétudes suscitées par le pétrole peuvent constituer un point d'appui idéal pour démontrer concrètement et durablement non seulement qu'une approche de l'épargne soucieuse de l'environnement est viable mais également qu'elle n'est pas nécessairement affectée par les défauts qu'on lui reproche fréquemment, notamment l'idée (généralement fausse, donc) que ces produits sont moins rentables que leurs équivalents classiques.
Le raisonnement consiste à capitaliser sur le changement d'attitude que génère un événement spécifique pour instiller une transformation plus profonde des comportements, en utilisant des incitations et des stimulants conçus expressément dans ce but (c'est-à-dire en ne se contentant pas de répondre à la demande instantanée). Plus que leurs concurrents historiques, les « robo-advisors », confrontés à leur premier retournement majeur de conjoncture, qui risque de refroidir les ardeurs de leurs utilisateurs, devraient s'emparer du conseil et accentuer de la sorte leur apport pédagogique.