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Navets, cannelés et polenta !

Publié le 26 avril 2020 par Desfraises


Dimanche. 14h et des poussières de pollen. C'est presque un jour comme un autre. Accoudé au balcon côté jardin, je poursuis l'observation paresseuse de mes voisins. Assise sur un coin de murette, une mère a posé une ribambelle de sacs, des bouteilles, un gros camion jaune en plastique et un tube de bulles de savon dans lequel elle puise de quoi émerveiller le plus petit de ses enfants. Sur l'immense terrasse en béton de l'immeuble d'à côté, une table de ping-pong résonne du silence des balles qui n'ont pas heurté sa surface depuis belle lurette.
En attendant la fin du confinement pour jouer avec ses invités éparpillés, la jeune locataire se dore la pilule sur une serviette de plage rose ornée de flamants jaunes.

41 jours de confinement, 4 romans dont 2 coups de poing (La Vraie Vie d'Adeline Dieudonné, Né d'aucune femme de Franck Bouysse), une multitude de films et de séries (Unorthodox, À Couteaux tirés, This is us, Deux moi, Tales from the Loop) et beaucoup de navets (Mon inconnue, Mon chien stupide, The Dead Don't Die duquel je sauve les apparitions de Iggy Pop " Café ! " ou de Carol Kane " Chardonnay ! "). 41 jours que j'ai regardés passer comme la vache regarde défiler les trains, stoïque. Je n'ai vu du pays que dans mes lectures et les films que j'ai vus. Je me suis souvent frappé le front d'effarement devant la pandémie de bêtise, qu'elle soit le fait de puissants ou de badauds. J'ai préféré me noyer dans l'admiration béate de mon homme qui agrémente ou invente des recettes, muffins salés de polenta aux olives et au thon ou cannelés à la feta. Qui replante les barbes de poireaux pour en faire de nouveaux. Qui bouture à foison. Qui dépanne en douze minutes et à distance une collègue quand une équipe de techniciens met deux heures pour échouer.

De mon côté, je fais les courses, je sors les poubelles, j'écris " entrez bonne compagnie " aux craies de couleur sur une ardoise, je jette Vavache à Kimberley et je baye aux corneilles.


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Le journal de bord dans sa continuité → Journal tendre d'un confiné


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