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« LA MARSEILLAISE OCCITANIE ». FISCALITÉ « Macron ménage les populations les plus aisées » Entretien réalisé par Laureen PIDDIU

Publié le 26 avril 2020 par Particommuniste34200

Dominique Plihon, membre du Conseil scientifique d’Attac France, décrypte la politique fiscale de Macron et réclame la mise en place d’un système juste.

La Marseillaise: Comment la fiscalité a-t-elle évolué depuis que Macron est au pouvoir?

Dominique Pilhon : C’est une politique d’injustice fiscale puisqu’il a baissé les impôts principalement sur les tranches de la population française les plus aisées, que ce soit la suppression de l’ISF qui frappe surtout les gros patrimoines, l’introduction du prélèvement forfaitaire unique de 30 % sur les revenus financiers qui n’est donc plus progressif, donc cela ménage encore une fois les populations les plus aisées. D’autre part, il a aussi une politique très favorable aux grandes entreprises, c’est pour cela qu’il a baissé à plusieurs reprises et qu’il a le projet de baisser l’impôt sur les sociétés, sur le profil des sociétés et les entreprises. Il a pérennisé le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), qui est une mesure extrêmement coûteuse, plusieurs dizaines de milliards chaque année et dont l’efficacité n’est pas prouvée. C’est ce que l’on peut appeler un cadeau fiscal.

Quid d’une réforme de la fiscalité, pour un système plus juste?

D.P. : C’est ce que nous défendons à Attac. La TVA est devenue le principal impôt en France et rapporte plus de la moitié des recettes fiscales de l’état. C’est un impôt profondément injuste puisqu’il est régressif : il frappe plus les populations qui ont un bas revenu que les autres. On propose de mettre à un taux zéro, ou très faible, la première tranche de la TVA, c’est-à-dire des biens de première nécessité, comme l’alimentation et d’augmenter la TVA sur les biens de luxe par exemple. Du côté des entreprises, on voudrait rétablir un impôt plus élevé sur les sociétés et boucher toutes les niches fiscales, qui rendent plus bas l’impôt effectif sur les entreprises. Il y a une très grande inégalité entre les grandes entreprises, comme celles du CAC40, qui payent en moyenne 6 % d’impôt sur les sociétés quand on prend en compte toutes les déductions, tandis que les PME payent davantage. En ce qui concerne l’impôt sur le revenu, il doit être progressif, on voudrait rajouter des tranches supérieures à 50 %, en montant jusqu’à 60 voire 70 % les revenus les plus élevés. On veut également réintroduire un impôt sur le capital des patrimoines, en réintroduisant un ISF rénové, avec une plus grande progressivité. Pour que ce ne soit pas un impôt à peu près commun à tout le monde, avec des tranches, comme pour l’impôt sur le revenu, de manière à frapper plus fortement les patrimoines les plus élevés. Aussi, que soit supprimé le prélèvement forfaitaire unique, une telle flat tax est injuste. Nous voulons que les revenus financiers soient taxés au même titre que les revenus du travail, de manière progressive.

Faut-il, comme le prônait le gouvernement, réduire la dépense publique?

D.P. : Cette crise, qui est globale, a des dimensions économiques, sociales, sanitaires, écologiques. Elle est appelée à durer ou au moins à se répéter, c’est ce que disent les spécialistes. Il faut remplacer ce principe actuel de réduction maximal des dépenses publiques, notamment dans la santé, par un principe de précaution. Il faut prendre des mesures pour protéger les populations et prévenir les maladies futures dont les pandémies. Il faut revoir la philosophie générale des dépenses publiques dans les domaines prioritaires. Par exemple, au niveau de l’alimentation : il faut développer de la souveraineté alimentaire, ce qui signifie qu’il faut que nous produisions nous-mêmes en France, ou en Europe, l’essentiel de notre alimentation et ne pas l’importer à l’autre bout du monde, que ce soit en Argentine pour les OGM, ou autre. Nous devons absolument être autonomes contre la pollution que suscitent les importations mais aussi car en cas de crise, nous avons besoin de marchandises.

Malgré les hypothèses, édouard Phillipe assure qu’il n’y aura pas de hausse d’impôt pour combler l’endettement.

D.P. : En 2017, nous avons rédigé un rapport « Rendez l’argent »* dans lequel on explique que l’on peut récupérer jusqu’à 200 milliards d’euros par an si l’on applique la dette d’Attac sur les transactions financières, si l’on supprime le prélèvement forfaitaire etc. C’est déjà de quoi combler le déficit public, qui était de moins de 100 milliards d’euros par an, les années précédentes. Avec 200 milliards d’euros, on stoppe le déficit public et donc l’accumulation de la dette et on finance des projets prioritaires. Il y a aussi le financement monétaire de la dette, c’est-à-dire que la Banque centrale européenne achète la dette publique des États membres de la Zone euro.

Nous proposons que cette dette soit achetée par la BCE et transformée en dette perpétuelle, non remboursable. En ce moment, les taux d’intérêt sur les dettes sont extrêmement bas, pour la France, on est proche de zéro, donc elle ne nous coûterait rien parce qu’elle serait non remboursable. Ce serait le deuxième moyen pour financer les dépenses publiques. Aujourd’hui on en a vraiment besoin avec la crise du Covid-19, mais dans le futur on aura besoin de cette forme de financement pour la transition écologique.

« LA MARSEILLAISE OCCITANIE ». FISCALITÉ  « Macron ménage les populations les plus aisées » Entretien réalisé par Laureen PIDDIU
26 avril 2020

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