Christophe Pruhomme est médecin au Samu 93.
Dès le début de l’épidémie, l’administration, pour se dédouaner, tente dans certains établissements de mettre la responsabilité de la contamination des patients sur le dos des soignants. Nous avons donc vu se multiplier les menaces et les sanctions.
Comme à Toulouse dans un Ehpad où deux infirmier·ères ont été mis à pied pour avoir osé réclamer des masques. Samedi, nous apprenions qu’à l’hôpital de Périgueux une enquête de l’ARS (Agence régionale de santé – NDLR) mettait en cause le personnel dans le développement d’un foyer épidémique dans l’établissement. Il est évoqué le « non-respect des mesures barrières ». Mais de qui se moque-t-on ? De par la loi, les ARS sont responsables du bon fonctionnement du système de santé, ce qui implique la mise à disposition des matériels nécessaires à cette mission, notamment les équipements de protection. Or, les ARS ont été plus que défaillantes à ce niveau. Ce sont donc leurs responsables qu’il faut sanctionner et non les lampistes sur le terrain, exposés sans protection au virus et dont certains en sont morts et vont encore en mourir. Nous en avons assez de cette administration sanitaire qui ne sert que de relais au gouvernement pour imposer restrictions budgétaires, restructurations et autres fermetures de lits. Dès leur mise en place, nous avons contesté ces agences dirigées par des directeurs généraux tout-puissants, véritables préfets sanitaires, nommés directement par le premier ministre. Leur caractéristique est le manque total de démocratie, et même un certain mépris pour les élus locaux et les représentants syndicaux. À cela s’ajoutent les statuts précaires de nombreux employés qui, ne bénéficiant plus du statut de fonctionnaire, sont soumis à des pressions constantes pour appliquer des mesures auxquelles, bien souvent, ils n’adhèrent pas. Face à cette situation, le limogeage du directeur général de l’ARS du Grand-Est ne suffit pas.
C’est l’ensemble de l’administration sanitaire qu’il faut réformer pour qu’elle soit soumise à un contrôle démocratique et que, surtout, elle retrouve sa mission première : veiller à ce que toute la population ait accès à un système de santé de proximité et de qualité.
27 avril 2020