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CULTURE. Cahier de crise… »Le souffle » par Pierre DHRRRÉVILLE

Publié le 27 avril 2020 par Particommuniste34200

Pierre Dharréville est député communiste des Bouches-du-Rhône

Le jour d’après, comment l’imaginer sans la culture ? C’est la culture qui rend l’avenir possible. Elle nous rassemble, elle met des mots, du son et des images sur nos désirs, elle transmet, elle ouvre… Nous sommes d’inlassables œuvriers, chacune et chacun à notre façon et c’est cela qui nous fait humains. Nous avons besoin de ce souffle, parce que la culture est une respiration. Non pas au sens d’un répit, d’une pause, d’une parenthèse… Au sens d’une nécessité vitale qui ne souffre pas d’être suspendue.

Dans le monde d’avant, la création était déjà fragilisée : nombre d’artistes et d’auteurs peinaient à vivre de leur art, nombre de techniciens se trouvaient à tirer le diable par la queue, nombre de compagnies étaient sur la corde raide. Nous étions sous l’empire de la marchandisation de la culture, propulsée par la logique du best-seller et du blockbuster qui inonde le marché et les esprits jusqu’à les uniformiser. Et comme l’ensemble de la société, le monde de la culture était placé devant l’exigence de se mobiliser face aux violences faites aux femmes.

Ces chantiers sont ouverts, mais comment le monde de la culture, des arts, de la création et de l’éducation populaire va-t-il traverser l’épreuve et ses répliques ? Tant de spectacles annulés, tant de projets suspendus, reportés, abandonnés, peut-être… Et l’incertitude de savoir comment nous allons nous retrouver, comment nous allons nous rassembler, comment nous allons danser et vibrer ? Quand allons-nous pouvoir recommencer ? Allons-nous pouvoir vraiment recommencer ? La culture du jour d’après, elle va se nourrir de nos ressources face à la crise. Et sans doute aussi de nos angoisses, de nos difficultés, de nos luttes.

Le jour d’après, comment l’imaginer sans culture scientifique ? Pendant des semaines, nous nous sommes toutes et tous évertués à comprendre ce qui nous arrivait, à cerner ce virus, à décrypter les controverses de la recherche. élever le niveau d’éducation sanitaire, le niveau de culture scientifique, voilà des enjeux longtemps délaissés. C’est pourtant décisif pour mieux affronter les fléaux, mais aussi pour mieux comprendre le réel. Et être en position d’agir. Ne sommes-nous pas amenés à faire des choix qui engagent l’avenir de la planète et de l’humanité ?

Le jour d’après, comment l’imaginer sans des médias libres ? L’information est une denrée précieuse pour les sociétaires de l’humanité que nous sommes. Savoir, appréhender le monde dans son mouvement, le comprendre dans toutes ses dimensions, décrypter ses contradictions… Nous avons besoin de médias qui nous prennent pour des humains et pas pour des vases à remplir. Nous avons besoin de médias qui ne sont pas prêts à vendre leur âme pour un clic ou un point d’audimat, mais qui nous aident à vivre, à comprendre et à rêver.

Rien de tout cela ne tombera du ciel. Mais nous devons prendre appui sur les forces disponibles et les dynamiques engagées. Il y aura besoin de la créativité, des énergies et des désirs. Il y aura besoin d’ouvrir les imaginaires et de provoquer la rencontre. Il y aura besoin de recréer du collectif quand nous avons été tellement séparés. La culture, nous ne sommes pas nés pour la consommer, nous sommes faits pour y prendre part.

version longue du texte sur pierredharreville.fr


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