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Couchers de soleil, de Marie-Claire Dewarrat

Publié le 27 avril 2020 par Francisrichard @francisrichard
Couchers de soleil, de Marie-Claire Dewarrat

Les Couchers de soleil sont les fins de vie d'aînés au grand âge. On parle beaucoup d'eux en ces jours de confinement, qui n'est qu'un isolement de plus infligé à leur existence en EMS.

Le livre de Marie-Claire Dewarrat est composé de trois récits, précédé chacun d'un épigraphe éloquent dû aux plumes de Mikhail Boulgakov, Dino Buzatti et Arthur C. Clarke.

Dans Ernest, quelquefois, ledit Ernest quitte sa petite maison dans sa quatre-vingt huitième année pour se rendre, en centre ville, dans la Boîte à Vieux sise avenue Guillaume Tell.

Il y a un avant et un après la Boîte à Vieux. Avant, c'est pépère et routinier. Il bénéficie d'assistances en tout genre auquel l'État pourvoie à condition de suivre son dédale technocratique:

Pour l'État, l'âge humain se définit en période d'allocations, subventions, compensations et autres indemnités variables, inversement proportionnelles aux bénéfices fiscaux rapportés par les entités contribuables que nous sommes.

L'après, c'est quand il se sent fin prêt, c'est-à-dire avant que les choses ne se gâtent vraiment, quand il se sent libre de finaliser son adhésion au concept innovant de la Boîte à Vieux.

Dans Maurice et moi, les aînés ont choisi de survivre en milieu carcéral protégé. Maurice et moi, Stanley, un couple non conventionnel, ont jeté leur dévolu sur le Three Cliffs Palace.

Ils ne s'y sont résolus que lorsqu'il fut évident que les forces de Stanley ne suffisaient plus à la maintenance des vols quotidiens d'Icare (Maurice), lit-fauteuil, fauteuil-lit, sans escale...

La vox populi est en train de se taire parce qu'ils ont été projetés hors de leur sphère discriminatoire particulière pour accéder à celle de la discrimination sans particularité du grand âge.

En arrivant ils n'ont pas échappé à la bureaucratie: L'entrevue, chaleureuse, tenait à la fois de la promotion locative de luxe et de l'achat sur plan de vacances personnalisées perpétuelles.

Dans Siegfried, on est projeté dans un futur proche. L'Institut de Protection de Macro-Sénescences abrite sous ses verrières les plantes en voie d'extinction que sont ses pensionnaires.

Ses gérontocrates se mettent à employer des androïdes de compagnie au lieu d'assistants de vie. Mais leurs Siegfried du programme SS (Sécurité -Sensibilité) sont insuffisamment empathiques.

En tout cas ils sont insupportables pour les pensionnaires de l'IMPS qui, d'ailleurs, ne les supportent pas, quels que soient les talents ajoutés à chaque nouveau modèle de Pear of Pear.

Dans ces trois récits, l'auteure observe avec acuité et verve que les technocrates, les bureaucrates, les gérontocrates favorisent la quantité au détriment de la qualité, autrement dit de l'humain.

Francis Richard

Couchers de soleil - Ernest, Maurice, Siegfried, de Marie-Claire Dewarrat, 204 pages, Éditions de l'Aire


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