L’IGPN a été saisie à la suite de vidéos montrant des agents tenir des propos racistes lors d’une arrestation à L’Île-Saint-Denis.
Alors que les tensions entre police et habitants se sont accentuées dans les quartiers populaires pendant le confinement, des vidéos choquantes, postées par les journalistes Nadir Dendoune et Taha Bouhafs, circulent depuis dimanche sur les réseaux sociaux. Des policiers en service y tiennent des propos racistes d’une rare violence et rient à gorge déployée pendant que, de leur fourgon, retentissent les cris d’un homme apeuré. Ils viennent de le repêcher et de l’interpeller. Il avait sauté dans la Seine « pour les fuir », précise le journaliste de Là-bas si j’y suis.
Les policiers ont été filmés, dimanche, peu avant 2 heures du matin, depuis le balcon d’un appartement situé sur L’Île Saint Denis (Seine-Saint-Denis). « Un bicot comme ça, ça nage pas », entend-on dans la bouche d’un des agents. « Ça coule, tu aurais dû lui accrocher un boulet au pied », répond un autre hilare. « Mais lui, il s’est jeté direct à la Seine, ce con », entend-on encore. Puis : « Il va passer un mauvais moment. » S’ensuivent des cris et des rires. « Des nostalgiques de l’époque où la police noyait des Algériens dans la Seine ! » n’hésite pas à écrire Taha Bouhafs en publiant sa vidéo.
Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, qui doit déjà faire avec les cinq morts lors de contrôles de police recensés entre le 8 et le 15 avril, a réagi, hier, sur Twitter. Indiquant que l’IGPN avait été saisie, il juge « l’indignation légitime » et ajoute que « le racisme n’a pas sa place dans la police républicaine ».
Le préfet de police de Paris a demandé la suspension de deux policiers mis en cause et selon le quotidien Le Parisien « le ministère de l’Intérieur réfléchit par ailleurs à suspendre le commissaire du district d’Asnières qui dirigeait ce soir-là l’intervention policière ».
Contacté par l’Humanité, Anthony Caillé, secrétaire national de la CGT police, assure pourtant que ce type de comportements est récurrent sur le terrain. « Ils sont le fait d’une minorité d’agents très agissants, indique le syndicaliste. Le plus inquiétant est que cela ne choque plus grand monde. » Et d’ajouter : « Rien n’est mis en place par les pouvoirs publics pour lutter contre ce phénomène. »
