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La fin des événements-bénéfices ?

Publié le 30 avril 2020 par Philanthropie

29 avril 2020 par martin goyette

La fin des événements-bénéfices ?

On l'entendait déjà avant la crise du COVID-19, et on l'entend encore plus maintenant : les événements-bénéfices ont de moins en moins leur place dans une bonne stratégie de financement d'OBNL. Les organismes caritatifs qui dépendent trop de quelques événements-bénéfices subissent d'ailleurs en ce moment un impact majeur sur leurs capacités à financer leur mission. Le conseil est clair : il faut diversifier les sources de revenus pour se protéger des facteurs incontrôlables comme une économie affaiblie ou une crise quelconque. Parmi les diverses sources de revenus, on affirme souvent dire que les événements-bénéfices sont les moins rentables quand on considère la dépense à engager pour générer un profit dont le pourcentage n'est pas toujours acceptable. Sans compter la quantité d'efforts que demande un événement réussi. Et pour ajouter aux défis de l'événementiel, les participants se disent sur-sollicités par les organismes. Effectivement, dans un marché qui n'est pas si grand, on voit souvent les gens d'affaires qui assistent à une soirée philanthropique par semaine quand ce n'est pas deux.

Plusieurs bonnes raisons pour tranquillement s'éloigner des événements-bénéfices, non ? C'était mon point de vue il y a cinq ans en arrivant à la Fondation Dr Clown. J'étais convaincu de l'urgence du développement des dons majeurs provenant des grandes fondations privées ou corporatives, des partenariats stratégiques avec des entreprises généreuses, des campagnes tierce-partie qui génèrent des dons individuels. C'est ce que nous avons fait en ajoutant même les revenus provenant de produits dérivés et de nouveaux services tels que les conférences ainsi que la formation grand public et artistique. Toute cette diversification a permis de générer beaucoup de nouveaux revenus et de doubler l'impact social de la fondation. Il y a cinq ans, l'objectif était de ne plus avoir besoin de la soirée bénéfice. J'étais pleinement en accord avec cet objectif en entreprenant les changements stratégiques nécessaires. Mais à ma grande surprise, je suis devenu le plus grand défenseur de cette activité et source de revenus.

Je vous explique ce qui m'a fait changer d'idée :

  1. J'ai réalisé qu'on mesure rarement le vrai retour sur investissement des événements-bénéfices. En effet, on soustrait les dépenses des revenus générés et on est heureux d'arriver à un taux de profit supérieur à 65%. Mais si on fait bien les choses, il y a de nombreux nouveaux engagements possibles dans la salle avec lesquels on peut faire un suivi ciblé. Par exemple, suite à notre dernière soirée-bénéfices, nous avons confirmé un donateur majeur pluri-annuel. Il faut toutefois avoir un bon plan de match et une liste de gens à ne pas manquer durant la soirée. Combien d'OBNL attribuent ce genre de nouveaux revenus à leur événement ?
  2. Une soirée-bénéfices est aussi une opportunité relationnelle unique. D'un côté, l'événement donne la chance de revoir et remercier des gens qui sont engagés dans la mission. Il serait très difficile de planifier des rencontres avec tous ces gens, de pouvoir au moins leur témoigner de la reconnaissance dans un contexte festif, c'est déjà important pour fidéliser le donateur. À la limite, c'est l'occasion pour se planifier une rencontre prochainement. Mais c'est aussi une chance de rencontrer de nouvelles personnes introduites pas des gens déjà engagés qui jouent le rôle d'ambassadeur. Oui, la salle est souvent remplie de tables achetées par les mêmes entreprises. Mais normalement à ces tables il y a de nouvelles entreprises et de potentiels nouveaux donateurs qu'il serait très difficile de rencontrer autrement.
  3. Un événement-bénéfices représente probablement une des meilleures occasion de communication de l'impact d'un organisme caritatif. Si la soirée est bien conçue, on peut sensibiliser 500 personnes de façon bien plus efficace que tous nos autres moyens de communication. Il peut y avoir une magie dans une soirée-bénéfices si on arrive à créer une expérience marquante. De plus, le fait de recevoir le message en groupe, avec des amis et collègues, le rend peut-être plus marquant.
  4. Pour certaines personnes/entreprises, c'est la seule activité philanthropique. Les participants à un événement-bénéfices sont majoritairement recrutés par un comité de vente de tables et billets. Normalement, les recruteurs de participants sollicitent leurs fournisseurs de services qui ressentent un peu de pression à répondre favorablement. Pour avoir parlé à certains de ces fournisseurs de services, je sais qu'acheter une table ou des billets suite à une sollicitation de leur client constitue en fait leur seule stratégie d'engagement social. Si vous ne faites pas de soirée-bénéfices, vous ne recevrez jamais ces revenus.
  5. L'organisation d'un événement-bénéfices, bien que très exigeant et stressant, est un excellent défi d'équipe. Les épreuves à surmonter pour " livrer la marchandise " peuvent définitivement servir à mesurer la coordination parmi les membres de l'équipe et, surtout, la capacité à trouver des solutions créatives.
  6. Encore ici, ce n'est pas toujours évident, mais la mobilisation des bénévoles dans le cadre d'un événement-bénéfices permet d'activer des gens engagés qui finissent toujours par nous surprendre par leur générosité.

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