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Chroniques d’un anthropologue au Japon (3)

Publié le 30 avril 2020 par Antropologia

Mounagué

Je pense connaître H. depuis assez longtemps pour tenter d’aborder avec elle la question de la censure des poils pubiens dans La dernière tentation du Christ.

Moi : Au fait H., mardi dernier, j’ai regardé un super film sur l’histoire du Christ. Mais j’ai été surpris de voir des mosaïques cacher son sexe.

  1. : (rire) Oui, c’est normal au Japon.

Le sujet est pris avec légèreté. H. est habituée à ce que je parle de choses étranges et un peu provocantes. Je pense que c’est la raison pour laquelle elle s’attache à moi, et continue d’étudier le français malgré son niveau suffisant. La perspective d’une discussion qui a des chances de dévier dangereusement. Une espèce d’attirance pour ce risque.

Moi : « En fait, j’ai entendu dire que ce serait surtout les poils ».

  1. : « Ah bon ? »

Moi : « Oui. Est-ce que c’est interdit au Japon ? On pense que c’est sale ? Ou bien c’est une sorte d’attirance sexuelle un peu taboue ? »

Je force un peu les choses. Je regrette soudainement, en disant cela, de chercher ce que j’avais déjà décidé d’obtenir. Et la discussion suit effectivement la direction que je lui impose.

J’apprends par contre un nouveau mot en japonais dédié exclusivement à la désignation des poils de poitrine, Munage (prononcez Mounagué) une contraction de Mune (Mouné – poitrine), et Ke ( – poil). La contraction sonne bien. La transformation du « k » en « g » et du « e » en « a » rend le mot très drôle à prononcer. J’apprends ensuite que son mari n’en a presque pas, que les Japonais en général auraient donc peu de poils, et que la censure découlerait de ce manque d’habitude. Le syllogisme douteux nous fait de nouveau rire, et nous passons à autre chose.

Rémi Brun


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