03/05/2020 – MONDE DU TRAVAIL. « Un 1er mai pour inventer le monde qui vient » Par Léo PURGUETTE

Dans une déclaration produite à l’occasion de la fête des travailleurs, 25 syndicats et associations dont la CGT, la FSU, Solidaires et le Syndicat des avocats de France lancent un « Plus jamais ça ! » collectif et tracent des perspectives pour une issue progressiste à la crise.

La pandémie qui se répand dans le monde entier révèle de manière tragique les dérèglements du capitalisme néolibéral et productiviste ainsi que les dysfonctionnements de l’actuelle gouvernance mondiale. La situation nécessite d’affronter ensemble les urgences écologiques, sociales et démocratiques», indiquent en préambule de leur déclaration les 25 organisations signataires.

Elles appellent à un 1er mai sous le signe de la solidarité « avec les travailleurs et travailleuses, en France et dans tous les pays, dont les activités continuent, souvent sans même le matériel de protection nécessaire». Une solidarité qu’elles souhaitent aussi voir s’exprimer en direction « des « invisibles » que la crise a pourtant révélés comme indispensables, ainsi qu’avec les précaires et les « sans », dont la situation s’est dramatiquement aggravée pendant la crise ».

Exigeant de manière très détaillée que «la santé de toutes et tous soit une priorité, maintenant et après le 11 mai, date annoncée de sortie du confinement», les 25 organisations signataires de la déclaration intitulée « Plus jamais ça!» brossent à grands traits ce que pour elle « le monde d’après» doit être.

1. Égalité professionnelle

Il doit en premier lieu « appliquer l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Ce sont souvent des femmes, dans l’ensemble du secteur de la santé et du social, dans les services publics, dans les commerces, dans l’agroalimentaire, qui ont sauvé des vies, ont permis de nous alimenter, ont assuré des missions de protection de la population et ont permis à notre pays de tenir alors qu’elles sont toujours bien moins payées que les hommes», rappelle le texte.

2. Droits démocratiques

« Le monde d’après ne doit pas non plus se solder par de nouvelles régressions des droits démocratiques. De ce point de vue, en France comme ailleurs conscient de la nécessité de respecter toutes les mesures de confinement nécessaires, nous ne sommes pas moins indignés des violences policières, des contrôles abusifs, des atteintes à la protection des données personnelles», souligne la déclaration en exigeant des garanties en la matière.

3. Plan de relocalisation solidaire et écologique

Très offensifs sur la question de la production, les syndicats et associations signataires demandent « un plan de relocalisation solidaire et écologique des activités de l’industrie, de l’agriculture et des services». Pour les signataires « plus jamais» les travailleurs ne doivent être mis en concurrence et appauvris.« Plus jamais» la dépendance aux marchés internationaux pour les biens élémentaires ne doit être tolérée. « Plus jamais» les produits que nous consommons ne doivent faire le tour de la planète engendrant pollutions et émissions de gaz à effet de serre. « Plus jamais» la captation des ressources naturelles du Sud au seul profit des transnationales des pays riches ne saurait être la règle de fonctionnement de l‘économie mondiale.

« Pour que le jour d’après ne soit plus comme le jour d’avant», tout soutien public aux entreprises devra être conditionné à une reconversion écologique et sociale. « Le gouvernement ne doit pas remettre en cause, sous l’influence des industries polluantes, les engagements et les objectifs environnementaux», prévient le texte avant d’ajouter : « Nous exigeons que la lutte contre le changement climatique et la protection de la biodiversité soient des priorités pour le plan de relance de l’économie, et qu’elles soient à la mesure de l’urgence climatique».

4. Développement de tous les services publics

Enfin, les organisations signataires revendiquent « un plan de développement de tous les services publics et une revalorisation des métiers d’utilité publique». « Plus jamais» les hôpitaux ne doivent pouvoir être débordés du fait des fermetures de lits et du manque de soignants. « Plus jamais» d’une recherche publique manquant de crédits. « Plus jamais» des services publics exsangues. « Plus jamais» des Ehpad délaissés. « Plus jamais» des personnes sans revenu et en précarité alimentaire. « Plus jamais» de fausses excuses quant au manque de budget public pour les financer, énumère encore le texte.

Pour conclure la déclaration appelle à se saisir du 1er mai pour se faire entendre. « Même confinés, manifestons toutes et tous depuis chez soi, avec des pancartes, banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux. Rendons visibles, exprimons ce que nous voulons en France comme ailleurs un changement de cap, pour un futur écologique, social, féministe et démocratique».

La course de vitesse avec tous ceux qui ont intérêt à ce que rien ne change est engagée. Comme après d’autres crises profondes qui ont secoué le pays, le pire reste possible mais une issue progressiste à la crise a pour la première fois depuis longtemps gagné en crédibilité.

03 mai 2020