La FCPE, le SAF, la FSU et Solidaires exigent que la loi garantisse le chômage partiel aux parents qui décideraient de ne pas renvoyer leurs enfants à l’école.
Édouard Philippe avait annoncé une réouverture des écoles progressive et « sur la base du volontariat ». Il n’en sera rien. Ainsi, les parents salariés qui feront le choix de ne pas renvoyer leurs enfants sur les bancs de l’école se retrouveront privés de chômage partiel.
« C’est zéro euro ou des jours de congé »
Pour Rodrigo Arenas, coprésident national de la FCPE, c’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Un nouveau coup qui s’ajoute à la perte de revenu (- 16 %) occasionnée par la bascule, depuis le 1er mai, des arrêts maladie pour garde d’enfants vers le chômage partiel. « Ça, c’était l’acte 1, estime Rodrigo Arenas. Acte 2, seuls les parents qui fourniront à leur employeur une attestation de l’école prouvant qu’elle n’est pas en mesure d’accueillir leur enfant seront éligibles au chômage partiel. » S’ils oublient ou s’ils font le choix de poursuivre l’école à la maison, « c’est zéro euro ou des jours de congé ».
Afin de « garantir l’effectivité du choix aux parents », c’est par voie parlementaire que la FCPE, associée au Syndicat des avocats de France (SAF), à la FSU et à Solidaires, a décidé de réagir. Une proposition d’amendement au projet de loi de prolongation de l’état d’urgence sanitaire – dont l’examen a commencé ce lundi 4 mai – a ainsi été envoyée à l’ensemble des groupes de l’Assemblée nationale et du Sénat. Il institue « un dispositif de protection des parents qui seront contraints de garder leurs enfants à leur domicile » pour qu’ils ne soient pas « exposés à des pertes de rémunération, voire des sanctions, de la part de leurs employeurs, qu’ils soient privés ou publics », détaille le SAF. Il prévoit également que les parents absents pour garde d’enfants ne puissent par « être exclus du bénéfice du dispositif (…) relatif au chômage partiel ».
« L’État invente le service public à la carte »
Selon un sondage réalisé auprès de 2 000 familles en Seine-Saint-Denis, 75 % refusent le retour de leurs enfants à l’école pour des raisons de santé, individuelle et collective, rapporte Rodrigo Arenas.
Alors, certes, conclut le coprésident de la FCPE, « il faut que les écoles rouvrent le plus vite possible. Mais certainement pas au prix d’un chantage financier aux parents et alors que l’État invente le service public à la carte au mépris de ses responsabilités républicaines et de l’accès égalitaire à l’éducation ».
05 mai 2020 (Jean-Claude Moschetti/REA)