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Nous ne sommes pas égaux devant le confinement

Publié le 06 mai 2020 par Batihouman @batihouman

Nous ne sommes pas égaux devant le confinement

Selon le neuropsychiatre Boris Cyrulnik le confinement est une forme d'agression psychologique, et neurologique. "On n'est pas fait pour vivre seul. On peut parfois s'isoler de la société, et se reposer quand on a été trop stimulé. Mais ce n'est pas le confinement."

Se confiner, c'est être enfermé, prisonnier... Or, quand on isole quelqu'un sensoriellement alors qu'il ne le souhaite pas, cela restreint la stimulation de son cerveau. Si cela dure longtemps cela provoque des angoisses et des décompensations psychologiques. Trop longtemps, le cerveau s'altère.

Le comportement est l'expression de nos émotions. Si on n'a pas appris à les contrôler petit, on explose. C'est ce qu'on voit actuellement avec l'augmentation des maltraitances familiales et conjugales.

Pourquoi nous ne sommes pas égaux devant le confinement ?

Avant le confinement, certains parmi nous avaient acquis des facteurs de protection : une famille stable, sécurisante, une bonne maîtrise du langage, un diplôme qui leur permettait d'avoir un métier correct, ce qui explique un appartement assez grand... Donc ceux-là souffrent peu. Et quand le confinement sera terminé, ils reprendront un bon développement. C'est la définition de la résilience.

Mais à l'opposé, ceux qui ont acquis des facteurs de vulnérabilité avant le confinement (famille maltraitante, maladies répétées, précarité sociale, absence de diplômes mauvais maniement de la parole, petits métiers instables donc de petits logements...), vont souffrir du confinement. Une fois qu'il sera levé, le traumatisme supplémentaire vécu fera qu'ils auront du mal à déclencher un processus de résilience.

Les enfants

Les enfants sont faciles à blesser, mais aussi faciles à 'réparer'. Le bouillonnement des neurones est intense à leur âge, et une blessure est vite sécurisée. Même si ce n'est pas toujours facile pour les parents, les enfants ont envie de vivre, ils bougent, et c'est bon signe. A cette occasion, les petits vont redécouvrir le plaisir d'aller à l'école, et de retrouver les copains. "

Les enfants qui auront des traces cérébrales seront ceux qui auront été maltraités pendant l'isolement ou qui auront été isolés trop longtemps.

Mais la mémoire, c'est autre chose. Les souvenirs conscients dépendent des souvenirs collectifs. Si on ne leur parle pas de cet évènement, beaucoup d'entre eux vont l'oublier. Mais si on leur en parle, ils mettront en mémoire ce qu'on leur aura dit du confinement : s'il leur a été présenté comme une angoisse terrifiante, ils garderont en mémoire cette terreur.

La seule solution, c'est de leur dire qu'il y a un danger, mais aussi qu'on sait comment faire pour le surmonter - le respect des gestes barrières. Si on donne un programme aux enfants, ils surmonteront l'épreuve.

Les personnes âgées

L'isolement est très agressif pour les personnes âgées. Elles peuvent se laisser mourir de solitude. On appelle cela le syndrome de glissement. On parle d'une mort naturelle alors qu'il s'agit d'une mort par carence affective.

Source : France Inter " Extrait de l'entretien avec le neuropsychiatre Boris Cyrulnik "

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