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A propos du confinement…

Publié le 12 mai 2020 par Jacquesmercier @JacquesMercier

Lundi matin, Sandrine Dans m’a interviewé (par téléphone, hélas) sur BelRTL pendant quelques minutes sur le confinement et la manière dont je le vivais. Je résume ci-dessous.

Si j’avais déjà vécu pareille situation dans ma vie professionnelle ? La seule période qui m’y a fait penser, mais uniquement par les rues désertes, ce furent les premiers vrais « dimanches sans voiture » pour quatre fois dès le 18 novembre 1973. Ce fut déjà le cas entre novembre 1956 et janvier 1957. Il s’agissait non pas, comme ce fut le cas plus tard, de mobilité mais d’économie en crise pétrolière. Aujourd’hui c’est une situation bien plus grave et mondiale et dans beaucoup de secteurs différents, qui nous touchent tous.

Quelles remarques à ce propos ? Déjà, puisque j’aime la langue, il y a le vocabulaire. Chaque crise apporte de nouveaux mots ou la remise à jour d’anciennes expressions, voire l’introduction d’anglicismes, puisque c’est universel. Ainsi « confinement et « déconfinement » qui faisaient partie d’un jargon scientifique, les « gestes barrières », « la distanciation sociale » ou « drastique », celui-ci directement venu de l’anglais. On a rapidement changé ce qui était « anxiogène » : les mots de la guerre, comme front, en première ligne, etc. Et un mot comme tracking, qui fait penser à traquer, remplacé par tracing, et finalement traçage, qui, lui, fait penser à tracer, bien moins terrifiant pour la liberté individuelle.

(C’est sans évoquer les expressions courantes dans les multiples interviews « dans la rue » comme « La boule au ventre », « le coup de gueule », « sortir de sa zone de confort », « le risque zéro », et…. La faute la plus courante demeure encore ce matin : le verbe rouvrir (pas ré-ouvrir !) alors que le substantif est réouverture !

Je me disais aussi que les nouvelles technologies étaient apparues à temps pour adoucir le confinement. Et le mot choisi pour la circonstance sera donc « vidéoconférence », plutôt que « viséoconférence ». Et même si les limites de cet outil apparaissent très vite, c’est mieux que rien. Je pense que la présence d’interlocuteurs en studio manque fort. Et parlons de l’importance des médias et de la culture : ces nouvelles qu’on suit (même si trop de chiffres tue les chiffres et rend anonymes ceux et celles qui existent derrière, travaillent, souffrent, meurent), ces chants, ces musiques, ces films.

Quel bonheur aussi de retrouver ses enfants et petits-enfants par Whatsapp ! Et les amis avec l’humour, par exemple, de Philippe Geluck et de Salvatore Adamo.

Il y a également le sentiment tangible d’appartenir à l’Humanité, de faire partie d’un tout (même si quelques présidents irresponsables devraient être rapidement jetés aux oubliettes de l’Histoire) et les applaudissements de 20 heures sont un signe de cette appartenance : nous témoignons de notre reconnaissance envers beaucoup de personnes, nous croisons le regard des voisins, nous entendons les cloches autant que les cuillers sur les casseroles des enfants…

Que restera-t-il de tout cela ? Parmi bien des conséquences, sans doute la sensation de fragilité face à la nature, et bien entendu face aux problèmes climatiques ; la présence plus évidente de la mort (des proches, des gens connus, du voisinage, d’artistes); l’importance de ce qu’on est plus que ce qu’on a, puisque tout est provisoire. On le disait mais on ne l’expérimentait pas toujours. (La chanson « Foule sentimentale » d’Alain Souchon le disait fort bien) Et ça change tout : le bonheur se cherche en nous et pas à l’extérieur !

Enfin, à la question de savoir ce que personnellement je fais : entre autres j’ai découvert le temps, celui de lire, celui de me faire des playlistes sur Spotify (j’ai retrouvé mes chansons d’ado et de jeunesse – inaudibles aujourd’hui comme « la révolte des joujoux » d’André Dassary ou « La samba brésilienne » d’Andrex, mais qui remettent soudain en lumière quelques instants lointains de notre vie.

Et, à ce propos, cela m’a permis de mettre la toute dernière main au livre de mes mémoires « Mes drôles de vies » qui sortira fin mai ou début juin chez Racine (on peut déjà le précommander, je pense, sur le site http://www.racine.be/fr/mes-drôles-de-vies)

Et enfin une évidence : l’amour (dit-on encore avec un grand A ?) est l’essence même de la vie et de notre survie.

A propos du confinement…


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