Vivement interpellé, le président de la République a promis vendredi de réorganiser et d’investir dans l’hôpital public. Il est, plus que jamais, attendu au tournant.
L’état « sera au rendez-vous», a assuré Emmanuel Macron vendredi à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Face à des soignants épuisés et très remontés, le président de la République a déclaré vouloir « mettre fin» à la « paupérisation» des personnels soignants et est revenu sur la réforme du système de santé engagée il y a deux ans. « On a sans doute fait une erreur dans la stratégie annoncée» car elle ne « portait pas assez de sens» et avait une « ampleur» et un rapport au temps « pas du tout suffisants compte tenu de l’état où était l’hôpital», a-t-il affirmé. « J’étais convaincu qu’on était en train de changer les choses» et « c’est très cruel pour moi-même», a-t-il ajouté, jugeant que « c’était une super stratégie mais à faire dix ans plus tôt».
«Oui, on va investir», mais « je n’ai pas envie non plus qu’on revienne à l’étape d’avant», a-t-il souligné, insistant sur l’importance de réorganiser l’hôpital public. Après sa visite le chef de l’état s’est entretenu avec les syndicats, au sujet d’un « travail express» de concertation sur l’hôpital public que le ministre de la Santé va mener dès la semaine prochaine. « Outre des revendications salariales portées par les professionnels, ce sont les fondations mêmes de la politique de ressources humaines à l’hôpital qui doivent être questionnées et modernisées», a expliqué vendredi dans un communiqué le ministère de la Santé, qui assure vouloir associer « les partenaires sociaux» à ces travaux.
Mobilisation « mi-juin »
Fin mars, c’est en chef de guerre que, de Mulhouse, le président avait annoncé un « plan d’investissement massif» pour l’hôpital, qui comprendrait une « revalorisation de l’ensemble des carrières» pour les personnels, une fois la crise passée. Il est désormais attendu au tournant. Le président de la République a affirmé que «le jour d’après ne serait pas un retour au jour d’avant» et promis de «tirer toutes les conséquences de la crise», rappellent dans un communiqué commun l’Association des médecins urgentistes de France (Amuf), la CGT, et les Collectifs Inter-hôpitaux (CIH) et Inter-urgences. Or, « pour l’instant, nous ne nous voyons rien venir dans ce sens ». « Au contraire, le déconfinement et la reprise d’activité dans les établissements se mènent sans tirer les premières leçons de la gestion de la crise sanitaire et sans entendre les revendications des professionnels», protestent-ils. Pire, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a annoncé une « médaille de l’engagement» pour les personnels mobilisés. Une proposition jugée indécente.
« Là on va attendre de voir si le gouvernement tient ses engagements, a averti Azzeidine Aissiou (CGT). Sinon la corde, qui est en train de craquer, elle va péter! Et dans la rue il n’y aura pas que des blouses blanches, mais tous ceux qui étaient sur les balcons», à applaudir le personnel tous les soirs à 20h. Syndicats et collectifs réfléchissent déjà à une journée de mobilisation nationale « mi-juin ».
17/05/2020