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Macron, la Présidence des nuls.

Publié le 17 mai 2020 par Juan

  Macron, la Présidence des nuls.

Pour cette première semaine de déconfinement, la Macronie enfonce la France dans un régime liberticide. A trois reprises, dont deux réussies, le clan abime la République encore un peu plus. 

Le jeune monarque croit bon pouvoir visiter un hôpital. Il se fait cueillir par la rage froide des soignants qui raillent sa promesse de médaille et le désarmement sanitaire qu'il a aggravé.

Son Nouveau Monde est obsolète, mais il s'accroche.


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Macron, la Présidence des nuls.
Vous avez de la fièvre, 39 degrés peut-être, vous toussez un peu trop. Et du coup vous le dites à votre voisin, qui en parle au comité de vigilance COVISAN. Et le comité a alerté le commissariat, lequel a informé la préfecture. Le préfet vous a ensuite ordonné de rester à la maison. Mais comme vous avez moqué les deux policiers venus vous livrer le courrier officiel, vous êtes en cellule - en garde à vue le temps qu'on trouve où vous séquestrer plus longuement. Puis le jugement est venu rapidement. Vous êtes en prison, pour "délit non-intentionnel"...
"Il y a également délit, lorsque la loi le prévoit, en cas de faute d'imprudence, de négligence ou de manquement à une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement, s'il est établi que l'auteur des faits n'a pas accompli les diligences normales compte tenu, le cas échéant, de la nature de ses missions ou de ses fonctions, de ses compétences ainsi que du pouvoir et des moyens dont il disposait." Loi du 11 mai 2020
Cette séquence est imaginaire, notre régime juridique s'en rapproche.
Pour la première semaine de "déconfinement", la Macronie a tenter trois sales coups pour les libertés publiques.
  • Primo, la ministre de la "Justice" a voulu faire voter l'extension automatique et de la détention provisoire - tollé jusque dans les rangs macronistes. Elle s'est fait retoquer, humiliée.
  • Secundo, la loi Avia, du nom de cette députée macroniste accusée de racisme, d'homophobie et de harcèlement professionnel par cinq proches collaborateurs. Cette loi d'interdiction des "propos haineux" sur internet est la porte ouverte à tous les abus, toutes les censures. 
  • Tertio, la prolongation de l'état d'urgence sanitaire qui garantit à l’État central beaucoup de moyens de privations de libertés.
La santé est un argument imparable. Qui peut s'opposer ? Qui ose résister ? L'argument est insurmontable, totalitaire. La protection sanitaire justifie toutes les privations de liberté. On ne débat plus, on doit se taire.  A la différence de l'Allemagne voisine, si souvent décriée, la France a décidé l'une des privations de liberté les plus totales en lieu et place de s'équiper correctement pour face à l'épidémie.
  • La loi du 11 mai 2020 prolonge l'état d'urgence sanitaire jusqu'à l'été, le 10 juillet 2020 inclus.
  • Elle précise le régime instauré par la loi du 10 juillet 2000, dite loi Fauchon, sur les délits non intentionnels
  • Il n'y a pas d'application de traçage, mais le gouvernement y travaille toujours et, surtout, la loi permet le déploiement d’outils informatiques. 
  • Les patients seront fichés par leur médecin.
  • Les mises en quarantaine ou à l’isolement ne peuvent concerner que les "personnes qui, ayant séjourné au cours du mois précédent dans une zone de circulation de l’infection, entrent sur le territoire national, arrivent en Corse ou dans l'un des territoires d'outre-mer"
  • Mais c'est le gouvernement qui décide, sans contradiction parlementaire ni politique, les zones dites "de circulation de l'infection", et les zones de quarantaine. 
  • La mise en quarantaine d'un(e) citoyen(ne) est décidée par ... un préfet sur "proposition du directeur général de l'agence régionale de santé". L'isolement décidé par le préfet peut être total. 
  • Il faudra se trouver un avocat pour déposer un recours contre cet emprisonnement. Le recours ne suspend pas la décision.
  • Le préfet peut également réglementer par décret les déplacements, l’accès et l’usage des transports et l’ouverture des établissements recevant du public (et non plus seulement limiter ou interdire). 
  • Sur demande du préfet, les entreprises de transports lui communiquent les données relatives aux passagers entrants.
  • Avec le prétexte sanitaire, les préfets interdisent aussi les manifestations sans autre motif. Dans des communes, les maires déclarent des couvre-feux.
La prolongation de l'état d'urgence sanitaire fonctionne sur la peur pour deux raisons: l’État n'a plus les moyens de gérer une pandémie qui réclame davantage de moyens que Macron ne veut en consacrer. Secundo, le clan Macron peut ainsi facilement réduire la visibilité des oppositions politiques et surtout sociales.
Pour cette première semaine, le pouvoir macroniste se sert de l'urgence sanitaire pour interdire sans débat les manifestations de Gilets Jaunes qui reprennent. Le même gouvernement précipite des milliers de Français dans les transports en commun pour de simples raisons économiques: il faut que les gens travaillent, qu'importent leur santé, qu'importe s'ils se tassent dans les métros...
"La liberté est un piège"
Olivier Véran, 12 mai 2020.
Il faut aussi que le tourisme se relève, donc Edouard Philippe promet que "les Français pourront partir en vacances en France en juillet et en août."  Là encore, c'est l'urgence économique, pas sanitaire, qui précipite la décision.
Deux poids, deux mesures
Macron, la Présidence des nuls.
Il y a deux poids, deux mesures. Au nom de la lutte contre le virus, on tait le débat social politique et parlementaire, on interdit les contestations et manifestations. Au nom de l'économie libérale, on refuse les augmentations de salaires, on rouvre les écoles et les commerces. Dans les hôpitaux, on attend la seconde vague.
Les mêmes arguments scientifiques qui justifient l'état d'urgence, la privation de liberté de bouger, de se déplacer, de manifester, sont oubliés, négligés, relégués quand une autre urgence, économique celle-là, prend le dessus. 
Les bonnes nouvelles du déconfinement se font de plus en plus rares: certes, la fin de la trêve hivernale pour les expulsions locatives est reportée elle-aussi au 10 juillet 2020. Mais pour le reste, la sécurité sanitaire s'arrête aux exigences du MEDEF. Il faut re-travailler, et vite. L'agence Fitch dégrade la note de la France, les comptes public sont "plombés" - le logiciel libéral, qui a tant contribué à cette catastrophe sanitaire, reprend ses droits.
La Présidence des Riches n'a pas changé. 
La prise en charge de 12 millions de chômeurs techniques cessera dans quelques semaines si les parents chômeurs ne sont pas en mesure de justifier la fermeture de l'école de leurs enfants.
La crise sanitaire a tué et abimé davantage parmi les ménages modestes - mais le gouvernement cache cette réalité.  Le 9 mai, le gouvernement dézingue ainsi un amendement qui aurait pu plafonner les frais bancaires des ménages fragiles - politique de classe... Il ignore évidemment les propositions de l'opposition, notamment de la France insoumise.
Quand on lui demande pourquoi l'ISF ne serait pas rétabli, Bruno Le Maire réplique que ce serait "pure démagogie". "Je souhaite que mon imposition soit accrue pendant une certaine période" lui rétorque Marie-Pierre de la Gontrie, avocate et sénatrice socialiste, "Nous avons été protégés par des gens qui ne gagnent rien et qui vont sombrer ou sombre déjà dans la pauvreté."
  • La suppression de l'ISF et le plafonnement de l'imposition de revenus financiers ("flat tax") coûtent 4 milliards d'euros par an au budget de l'Etat.
  • Les restrictions budgétaires décidées par Macron pour faire "tenir" les coûts de l'hôpital public sous la barre de leur augmentation naturelle à cause des maladies, de l'augmentation et du vieillissement de la population s'élèvent à 1 milliard chaque année.
Cherchez l'erreur...
Des députés macronistes proposent une loi pour que les Français donnent leurs congés aux soignants, n'est-ce pas démagogique ? Les soignants réclament un salaire décent et du matériel pour travailler correctement.
Le 14 mai, dans l'un des quartiers encore populaires de la capitale, le personnel soignant de l'hôpital Robert Debré sort pour protester, en tapant sur des casseroles - "hospitaliers, usagers, tous ensemble" - les banderoles sont simples, la colère est froide, Macron est sourd.
Le 15 mai, le jeune monarque visite l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, pour marquer son soutien aux soignants après le pic de la pandémie. Il arrive tout confiant, il a ses petits poings serrés et loue "la bonne énergie" du pays. La séquence de communication est ruinée en deux vidéo. La première le montre masqué comme il se doit face à des infirmières. Ses réponses sont creuses, politiciennes, parfois même méprisantes ("je dois filer"). Il ment ("Moi, je n'ai jamais fait de promesses"). Et il ne veut pas lâcher cette concession simple - une revalorisation des salaires des soignants.
- Monsieur Macron, il faut le COVID pour que vous réagissiez...
- Naaan, c'est pas vrai !
- Ah si monsieur Macron, ça fait 6 ans que je suis infirmière, on est en souffrance, on n'a pas de matériel.
- Je finis juste, parce que vraiment, je dois filer
- Nous aussi on doit filer, car on a des patients à s'occuper.

Macron a la trouille. il n'aurait pas du se déconfiner si vite. Le 16 mai, des dizaines de cars de policiers sont dépêchés en bas des Champs-Élysées à quelques pas du Palais de l'Elysée pour le premier samedi depuis le déconfinement.

Dimanche, la Macronie cède, le ministre Véran donne une interview en urgence au JDD: le coup de la médaille a échoué, le don de RTT aussi. Il faut céder quelque chose sinon les manifs vont reprendre. Véran promet donc un "Ségur de la Santé", un nouveau machin, un gadget, une formule pour cacher qu'on ne veut pas agir. Véran habille une conférence sur les conditions de l'hôpital: "Il faut travailler à une augmentation" des salaires, explique-t-il. Notez l'extrême prudence. Cette Présidence des Nuls est trop soucieuse de protéger coûte que coûte les conditions des foyers les plus aisés de ce pays. Faut-il une conférence pour décider d'augmenter les salaires? Non. On débloque un budget. Puis on négocie les modalités.



Un sans-faute dans l'erreur
La France est un État centralisé qui révèle jour après jour la puissance de sa centralisation des pouvoirs - et aussi l'incompétence de ceux qui nous dirigent. La polémique sur les diféfrents fiascos santitraires depuis décembre grossit, encore mais le clan Macron peut compter sur de fidèles soutiens, des "canaux de la propagande" bien installés.
Christophe Barbier  sévit sur BFM. Cette semaine, il décrit avec zèle le nouveau colifichet macroniste, cette "Médaille de l'engagement" créé après l'épidémie de choléra en 1884 et que le gouvernement "réactive" en fanfare pour honorer les soignants. Le personnel soignant demande des moyens et une revalorisation. Il les demandait avant la crise du COVID-19, et fut reçu par le silence de la ministre Buzyn et les matraques et les gaz lacrymogènes de son collègue Castaner. Il les demandait pendant la crise du COVID. Plus d'un millier sont morts faute de blouses et de masques en quantité suffisante. Il les demande après le premier pic de l'épidémie. Rien n'a changé, Macron est toujours là, volontairement incapable de se résoudre à répondre à ces doléances.
Patrick Cohen se colle régulièrement à l'exercice de commenter, et souvent défendre l'équipe au pourvoir, sur France 5. Quand il n'a pas l'argument pour démentir les critiques du pouvoir, il sait semer le doute. La fabrique du doute est la meilleure arme des lobbies. Mais sur le fiasco des masques, l'éditorialiste reconnaît les faits: un stock de 750 millions de masques en 2017 quand Macron prend les commandes, mais à renouveler et sans FFP2. Patrick Cohen nous explique qu'ils étaient périmés pour l'essentiel, et qu'Agnès Buzyn les a fait méthodiquement détruire ... sans les vérifier ni les remplacer. Grâce aux révélations de la presse, le ministère de la santé a reconnu que 85 millions d'exemplaires ont échappé de justesse à la destruction.
Le gouvernement Macron n'est pas le seul à avoir échoué à proposer des masques à temps à ses soignants et sa population - des pénuries ont été constatées dans d''autres pays. Mais l'équipe macroniste se distingue par son sans faute dans l'erreur, voilà l'exception française ! Une bande d'incapables a raté la gestion de la pandémie:
  • incapable sur les masques: une pénurie sidérante de masques chirurgicaux et FFP2, le recours à un cabinet privé pour comprendre trop tard, la destruction sans vérifier le recyclage éventuel - l'attitude du gouvernement Macron a été castatrophique. On découvre peu à peu le nombre de morts chez les personnels soignants mais aussi éboueurs, fonctionnaires de Pole Emploi ou des transports publics.
  • défaillante sur les respirateurs - où 8 500 modèles produits en urgence sont finalement inaptes.
  • pingre sur les lits et les blouses: Macron s'est félicité d'avoir rouvert des lits en catastrophe. Mais la crise passée, les plans de fermetures reprennent - ubuesque.
  • nulle sur les tests: la cellule investigation de  Radio France rajoute une pièce au dossier: un million de tests sont bloqués: "les livraisons d’écouvillons (ces longs cotons-tiges utilisés lors des prélèvements pour le dépistage du Covid-19) destinés aux robots chinois achetés par la France ont été temporairement suspendues." Pourquoi ? Parce que "les autorités françaises viennent de réaliser qu'une partie des stocks d’écouvillons destinés à ces machines chinoises ne sont pas les bons." Quand ça veut pas...
  • désarmée sur le vaccin - il sera peut être produit par le géant français Sanofi, mais ce dernier a prévenu qu'il le donnerait en priorité aux États-Unis en réponse à ses investissements. Alors Macron s'est "ému" de cette annonce - l'émotion présidentielle était sans doute bien réelle. La situation est cocasse quand on se rappelle que le PDG de Sanofi est l'un des mentors politiques de Macron... "On semble découvrir que Sanofi réserve ses produits au plus offrant" rappelle Pauline Londeix, de l’Observatoire pour la transparence dans les politiques du médicament. 'Mais la déclaration de Paul Hudson est bien une forme de chantage qui consiste à faire passer le message à l’Europe : “Si vous voulez des médicaments, il faut nous verser plus de financements publics.”' Le 22 mars, l’Inserm avait annoncé le lancement de "Discovery", un essai clinique européen pour tester des antiviraux - deux mois plus tard, le programme piétonne à cause des difficultés réglementaires.
  • imprudente sur le déconfinement, la France est rejoint par le Royaume Uni dans sa décision de réouvrir les écoles des plus jeunes enfants immédiatement. Plus d'une centaine d'enfants ont été diagnostiqués infectés par la maladie de Kawasaki en France à cause du Covid - "un état inflammatoire multisystémique nécessitant des soins intensifs." Un premier mort a été relevé le 15 mai.

***
Une démocratie, sixième puissance du monde, s'assurerait qu'elle ne perd pas son âme, sa raison d'être, cet ensemble de droits et devoirs qui la distingue de l'arbitraire des autocraties et de la violence des dictatures. Elle commanderait des tests en grand nombre pour isoler les malades et en même temps protéger les libertés publiques.
La Macronie n'est pas un projet démocratique, mais un fanclub d'amateurs incompétents, un projet pour riches incarnée par une Présidence des Nuls.
Pour sauvez des vies, virez Macron.

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