Accueilzarathoustra Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, la chronique surhumaine
Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, un manga adaptant un classique de la philosophie
Titre : Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra
Auteur : Studio VAriety Artwork (scénario et dessin), d'après le livre de Nietzsche
Editeur : Soleil Manga
Collection : Classiques
Année : 2016
Page : 192
Résumé d'une histoire éternelle:
"Dieu est mort", la religion est évoquée ainsi que son inutilité, le surhomme est mis en place, en tout cas, le surhumain. Puis s'ensuit une rapide présentation du monde du dix-neuvième siècle. Tout cela s'enchaîne avec un bébé abandonné qui pleure dans une poubelle, recueilli par une famille de pasteurs.
Scénario d'un récit mythique:
Ce manga est une adaptation de l'œuvre de Nietzsche "Ainsi parlait Zarathoustra". Bon, pour cela, vous n'aviez pas vraiment besoin de moi. Je fais partie de ces gens n'ayant pas lu l'œuvre mais la tentation de voir ce que pouvait donner un poème philosophique adaptée en BD m'a tenté.
Et effectivement, ce fut une heureuse surprise. Car dans ce récit fourmille la pensée de Nietzsche (ça, c'est plutôt rassurant) mais aussi plusieurs références à d'autres œuvres, des clins d'œil, bref, tout un entrelacement qui, certes, éloigne cette histoire loin de la narration du poème de base mais lui donne un souffle étrange et nouveau.
Bon, le livre de Nietzsche, enfin, sa première partie, fut publiée en 1883 et il fallut attendre presque dix ans, soit 1892,pour voir publier la totalité de cette œuvre en quatre parties. Notons que le manga ne présente que trois parties, sans qu'on sache si cela correspond aux trois parties du texte initial ou à un autre découpage. Diantre, déjà une différence. Mais il apparaît clairement que cette BD ne s'attache pas à la fidélité à l'œuvre mais plus à l'adaptation par trahison pour faire ressortir le message dans un autre contexte. Certains passages sont repris (pas textuellement), comme Zarathoustra sur sa montagne.
Des thèmes sont bien sûr présents, comme l'éternel retour, le lion, le surhumain et Zarathoustra (encore heureux). Mais le récit prend des directions et fait intervenir des personnages étrangers à l'œuvre principale - me semble-t-il, mais tout expert de Nietzsche qui voudrait se prononcer sur la question est le bienvenu -.
On découvre Zarathoustra et Alex, frères et fils de pasteurs, on retrouve Zarathoustra adulte avec un look et une attitude nihiliste qui fait clairement penser à Orange Mécanique. D'ailleurs, Alex, le prénom du second frère n'est-il pas un clin d'œil à celui du personnage principal d'Orange mécanique ?
Le manga introduit un personnage féminin important non par sa présence mais par cet éternel retour qu'elle évoque. Ce personnage s'appelle Salomé. Ne pourrait-on voir là un clin d'œil à Lou Andreas Salomé, femme de lettres et psychanalyste qui vécut une histoire d'amour forte avec Nietzsche ?
Voilà pour vous donner des pistes d'interprétation de cette adaptation qui reste très intrigante en soi mais offre une histoire originale et intéressante. Nietzsche l'aurait-il approuvé ? Ça, c'est une autre histoire.
Le dessin d'un univers sombre:
Œuvre du studio Variety Artwork, le dessin suit les règles classiques du manga. personnages caractéristiques de ce style, composition éclatée, emploi de trame sur un graphisme noir et blanc. La pensée sombre et visionnaire de Nietzsche ne trouve pas forcément là un écrin graphique original.
Ce récit est plus attirant par sa narration et le lien qu'on peut tenter de retisser avec la pensée de Nietzsche que par son trait, très classique pour tout amateur de manga.
Mais le dessin carré respecte les codes sans s'en éloigner et ne vous perd pas dans des fioritures inutiles.
Conclusion d'une adaptation surhumaine :
Si vous avez lu l'œuvre originale de Nietzsche et que vous aimez la BD, tentez l'expérience à l'occasion et lisez cette adaptation. Mais n'oubliez pas qu'adapter, c'est (parfois) trahir.
Zéda et Zara face à l'éternel retour.