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Le bling bling des quotas retoqué par la commission Mazeaud

Publié le 08 juillet 2008 par Hmoreigne

rtemagicc_timbre.1215502704.jpg« Plus encore qu’ailleurs, l’action patiente résolue et respectueuse de la complexité des choses doit être préférée aux remèdes spectaculaires mais illusoires. » En quelques mots, tout est dit. Connu pour son orthodoxie juridique Pierre Mazeaud tord le cou au miroir aux alouettes que constituent une politique des quotas. Désavoué au plan intérieur, Brice Hortefeux peut se consoler au plan extérieur avec l’adoption par le Conseil des ministres de l’Intérieur des 27 de son pacte européen sur l’immigration, même dans une version édulcorée.

Où va l’Europe ? Le tournant est préoccupant. Construite jusqu’alors sur la solidarité entre les hommes, l’interdépendance de leurs économies, l’Europe du 21 siècle va-t-elle se construire sur les peurs et les fantasmes des 27 ? Quelle que soit la réponse, le message adressé au reste du monde est à juste titre mal ressenti. La bunkerisation d’un espace témoigne avant tout de son inexorable déclin. Déclin démographique d’abord puis économique, obligatoirement. L’avertissement lancé par la commission Mazeaud dans son pré-rapport dépasse les petites affaires franco-françaises même s’il constitue un camouflet à l’égard de Nicolas Sarkozy. Depuis son élection à l’Elysée acquise en partie par des appels du pied répété à l’égard des électeurs de JM Le Pen, Nicolas Sarkozy a fait des quotas son cheval de bataille en affirmant en janvier dernier: « tout le monde sait que c’est la seule solution ». Si la recette n’est pas applicable à la France, elle ne peut l’être à l’échelon européen.

Comment en effet construire l’Europe de 2008 sans une analyse géostratégique poussée sur le demi-siècle à venir ? Face à la complexité des choses évoquée par Pierre Mazeaud, il serait illusoire de laisser croire que notre vieux continent pourra conserver son rang et son niveau de vie sans de profonds bouleversements et notamment sans un apport conséquent de sang neuf. A ce titre, le pacte, il porte bien son nom, « vendu » par l’âme damné de Nicolas Sarkozy constitue à la fois un emplâtre sur une jambe de bois mais aussi un énorme mensonge par omission à l’égard des peuples européens.

La désillusion n’en sera que plus grande. Sur la pente du déclin, l’Europe n’aime plus ni les enfants, ni les étrangers. Un comble pour des peuples qui ont essaimé sur toutes les terres, même les plus reculées, de la planète. Le débat qui agite l’Europe n’est pas d’ailleurs sans troubler une grande partie de l’Amérique latine qui considère l’UE comme sa deuxième patrie.

Notre continent à l’habitude malheureuse d’alterner le meilleur et le pire, de passer de la civilisation la plus fine à la barbarie la plus inexplicable. Il est encore temps de freiner cette lente descente aux enfers. La construction d’une identité européenne ne doit pas reposer sur la stigmatisation de celui accusé de tous les maux : l’étranger. Ce n’est pas par ce biais que nous défendrons notre oasis de paix et de prospérité.

En revanche,  il convient de relever l’encouragement de la commission Mazeaud aux « accords de gestion concertée de l’immigration », appelés selon elle à devenir selon elle “des outils tout à fait essentiels de la nouvelle politique migratoire de la France”. « Concertée », en un mot, tout est dit.

 


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