Un article signé Ignotus (pseudonyme pour Félix Platel) dans Le Figaro du 26 juillet 1882. Le baron Félix Platel, écrivain, journaliste et homme politique français (1832-1888), est surtout connu pour ses chroniques hebdomadaires du Figaro publiées sous le pseudonyme d’Ignotus, de 1875 à 1888. Avec ses portraits aux dimensions physiques et psychologiques, Platel put s’imposer comme un spécialiste du portrait de presse.
Cet article place son auteur dans le camp des antiwagnériens, et il contient quelques erreurs. Mais on y appréciera le trait de plume d'un grand portraitiste qui rend la figure de Wagner très vivante et croque avec humour l'allure et la silhouette du Maître. Platel place également avec un art certain quelques anecdotes, notamment vestimentaires, que les gourmets wagnériens parmi mes lecteurs sauront savourer. C'est pourquoi je l'ai publié, ne voulant pas jeter le bébé avec l'eau du bain ! Osons reconnaître qu'il y a des antiwagnériens talentueux ! Dans ce portait-charge de Wagner, la plume de Platel peut se comparer au crayon des meilleurs caricaturistes.
WAGNER-LE-GRAND
Quand la France fut tombée sous les fatalités, en 1870, M. Richard Wagner lui donna le coup de pied de l'âne (1). M. Richard Wagner n'est pourtant point un âne, car il a une science musicale incomparable. Il a plutôt le profil d'oiseau chanteur qu'on retrouve souvent dans la race des musiciens. Des grands compositeurs ont ce profil ornithologique. Mozart a une tête de rossignol. Quant à Beethoven, il n'a qu'une tête d'aigle. Tous les deux, Mozart et Beethoven donnent cependant l'idée d'énormes figures apocalyptiques.
M. Richard Wagner, a le profil pointu de l'oiseau-pic, à grosse tête, d'Amérique. Il ne donne point, lui, l'idée de grandeur apocalyptique. Il est moyen, très moyen sous toutes ses faces. Il est vulgaire. Il est bien de notre temps étriqué. Oui, profil ornithologique comme les grands mais oiseau très petit. à tenir sur le doigt.
Alors que tous les regards sont aujourd’hui vers l'Egypte, M. Richard Wagner en détourne tout à coup une bonne part vers Bayreuth, où les fidèles du Saint-Graal ont organisé une apothéose wagnérienne. J'ai donc eu raison d'appeler le musicien allemand, Wagner-le~Grand.
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M. Richard Wagner a passé son enfance dans les coulisses d'un petit théâtre de la ville de Leipsick où il est né en 1813. Le second mari de sa mère était acteur. Cela explique déjà le caractère particulier de ses roueries de parade. Shakespeare a dit avec raison " The world is a theater." L'univers est un théâtre.
Sa jeunesse ne fut pas révélatrice. Cet homme, qui a voulu être en musique un réformateur, comme Luther l'a été, en religion commença par copier les autres. Tout d'abord il imita Gluck ensuite Weber.
Bientôt il fut hanté par la vision lointaine de Paris. Il comprenait que Paris était la Mecque de l'art. Son âme clamait le cri des jeunes provinciaux de France : Paris! Paris !
Il débarqua, un jour, à Paris. Sa jeune femme, une actrice, l'accompagnait. Le couple jeune et pauvre se logea rue de la Tonnellerie, dans une chambre qui n'avait qu'un seul lit.
Là il connut tout le poème douloureux de la jeunesse obscure. Il allait être acculé par la misère, peut-être à quelque acte extrême de désespoir. A ce moment, la Providence lui fit rencontrer Meyerbeer qui lui sauva la vie. Wagner-le-Grand devait plus tard prouver sa reconnaissance aux deux à la Providence et à Meyerbeer en les attaquant avec la plus amère violence.
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Meyerbeer le plaça comme correcteur d'épreuves chez son éditeur de musique, Brandus. Alors Wagner parvint à faire jouer dans des concerts une symphonie qui n'eut aucun succès. Bientôt retiré à Meudon, il composa les paroles et la musique de son Tannhauser. Qui dirait que cette œuvre noire soit sortie de ces horizons si clairs de Meudon ? Une chouette envolée d'un nid de chardonnerets ! Le Rienzi fut représenté au Théâtre Lyrique, qui dut fermer pour cause de faillite. Alors l'Allemagne, en haine de la France, acclama Rienzi et son auteur.
Wagner revint à Paris en 1861. Il se logea rue Newton. Il était déjà prôné par un cénacle, en ce temps célèbre, qui avait pour chefs Champfleury et Courbet. Wagner était comme le musicien du réalisme.
L'autre jour, M. Champfleury, dont le remarquable esprit fouilleur a survécu à toutes ces histoires d'antan, me racontait sur son Wagner d'autrefois, la délicieuse anecdote suivante, qui n'a pas encore été dite :
Charles Baudelaire, plus grand poète que M. Wagner n'est grand musicien, avait demandé à M. Champfleury de lui faire connaître Wagner. Il se déclarait son enthousiaste admirateur. On va rue Newton. Baudelaire est présenté. Le Dieu encore inédit fait une gracieuse réception. Il était vêtu d'une épaisse robe de chambre bleue. Il se met au piano. Au bout d'un morceau que Champflleury et Baudelaire trouvent merveilleux, Wagner se lève, passe dans une chambre à côté et revient vêtu d'une robe de chambre jaune. Il joue pendant une bonne heure. Tout à coup, il disparaît encore et revient avec une robe de chambre verte.
Baudelaire était empoigné par cette « musique mythique ». Il dit au maître « C'est superbe! Mais permettez-moi de vous faire une question. J'ai bien vu que vous teniez à jouer les différents morceaux avec des robes de chambre de couleur différente... C'est sans doute pour indiquer les tonalités différentes ? » Wagner regarda en dessous Baudelaire, pour voir s'il riait. Baudelaire n'a jamais ri et plus sensible à l'outrance et inouïsme qu'aux vraies beautés de la musique, il parlait sérieusement.
Wagner fit: «Mais. non. J'ai changé de robe de chambre, parce que la première était une robe de chambre d'hiver, que la seconde m'est devenue encore trop chaude. parce qu'en jouant, je me couvre de sueur. » Baudelaire tomba du ciel !
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Je me souviens du bruit qu'a fait même dans la rue la chute du Tannhäuser. Ce fut un désastre inouï. Les panégyristes le Wagner ont tort d'attribuer une part de cette chute à l'effet produit par la chasse et les chiens. Wagner n'avait pas cru, sans eux, pouvoir produire des effets.Weber lui n'a pas eu besoin, dans sa merveilleuse chasse d'Euryanthe, de faire aboyer des meutes pour obtenir le plus grand succès.
II faut retenir dans ces représentations du Tannhäuser moins la chute effroyable que le bonheur si rare d'avoir obtenu d'emblée pour une œuvre lyrique la scène de l'Académie impériale de musique. Un Allemand avait un privilège que n'ont point, hélas, bien des jeunes musiciens français, doués du plus beau talent !
Paris avait donc reçu royalement son hôte allemand et ce n'est pas sa faute, si l'hôte a fait de la musique détestable.
Richard Wagner quitta pour la seconde fois Paris — mais bientôt il y revenait. Paris tourmentait cet artiste, en Allemagne — comme, en France, Jérusalem tourmente un prêtre.
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Alors Wagner donna des concerts aux Italiens. Il conduisit l'orchestre. Il est chef d'orchestre presque aussi remarquable que l'était Berlioz. Admirablement, il souligne et il nuance, avec l'archet. Quand il se tourne vers un côté de l'orchestre pour indiquer une rentrée il a une mimique vive et même d'ardentes apostrophes verbales.
Le même homme qui, l'autre an, s'est moqué de nos instrumentistes français, avait écrit jadis dans une de ses lettres, d'avant la colère : " je n'ai bien compris la neuvième symphonie qu'après l'avoir entendu interpréter par l'orchestre du Conservatoire de Paris. "
La vie de Wagner-le-Grand est pleine de ces contradictions.
On se souvient encore de ce qu'on appelait alors le « coup de la fourrure. » Après les grands endroits des partitions exécutées par l'orchestré, sous sa direction, Wagner semblait s'affaisser, comme éreinté par la Muse et son magnifique paletot de fourrure glissait lentement de ses épaules. Il posait en Ecce homo de la musique.
Un de me amis qui a suivi toutes ces répétitions, me dit qu'on enfermait les instrumentistes sous clef jusqu'à cinq heures, on donnait, vers trois heures et demie, aux malheureux artistes, du jambon et de la bière.
Après cinq heures, le régisseur disait « messieurs, ne partez pas, il faut répéter maintenant le Mariage secret, de Cimarosa », alors tous ces pauvres artistes .respiraient. C'était comme des bouffées d'air venues du grand large Océanien !
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Richard Wagner a toujours été le favori des femmes allemandes, s'entend. Il est arrivé par elles, la princesse de Metternich, à Paris, et la comtesse de Schleinitz, à Berlin
On sait qu'après la mort de sa première femme, il a épousé, non pas la veuve, mais la femme de M. Hans de Bulow. Le maëstro est devenu gendre de Liszt ce qui lui a plus profité que d'être l'auteur de toutes les tétralogies. Je l'ai vu souvent, sans jamais lui avoir parlé, et il y a déjà de cela quelques ans. C'était en pleine rue, pendant l'hiver. Wagner portait son ample paletot de fourrures. Sa tête était couverte du fameux béret mou. Tout l'homme et tout le musicien sont là occupés à raccrocher la foule par de violents appels. La foule est partout un grand bébé que les pantins amusent.
Je l'ai vu dans un concert. Son regard est étrange il est convergent, sans que les yeux louchent. C'est le regard des oiseaux nocturnes pendant la nuit. Aussi bien, avec son béret, Richard Wagner finit par ressembler moins au pic qu'à un faucon encapuchonné.
Or, le faucon est un oiseau de race. Il y a en effet, des qualités géniales dans Wagner, ces qualités qui deviennent de plus en plus rares en ce siècle.
On voit bien, par cet aveu, que mon étude n'est pas un éreintement et qu'elle est un portrait.
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La puissance de sonorité est une de ses qualités géniales. Grâce à une science orchestrale consommée il a introduit dans l'harmonie vocale et instrumentale, des éléments nouveaux et puissants. Recherchant surtout les surprises de l'oreille, il a trouvé des effets que ne connaissaient point les maîtres d'autrefois. Il a certes, au point de vue du métier, étendu le champ de la musique.
On sait qu'il invente des instruments nouveaux — par exemple, ce contrebasson qui a une note profonde, inconnue jusqu'ici dans les orchestres. Malheureusement, cette note est d'une justesse impossible.
Les superbes morceaux que nous admirons, dans l'oeuvre de Wagner sont précisément ceux qui ne sont pas dans le système wagnérien. Ils se rapprochent des traditions. Leur succès condamne le système et prouve aussi qu'il n'y a pas, chez nous, cabale contre Richard Wagner
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M. Richard Wagner est à la fois, poète, philosophe et homme politique. On sait que son œuvre philosophique est athée, et que son œuvre politique est révolutionnaire-ultra. Cependant, l'Insurgé de Dresde a été ramassé, après son malheur, par un roi, un peu roi de féeries. Cet athée ne reconnaît plus les dieux Mozart, Beethoven, etc., quoiqu'il les ait beaucoup volés. Jamais homme n'a eu plus grand talent d'assimilation. Malheureusement, l'inspiration lui a manqué. Il n'a jamais pu gravir les sommets sublimes, où l'art ne peut monter qu'à genoux, comme l'ont fait les grands croyants. les pères de la musique. Son œuvre est un cygne tombé dans la boue d'un lac, et faisant avec ses ailes un bruit du diable.
Je n'exagère point. L'œuvre de Wagner supprime l'idéal. C'est un art purement matériel et partant un art inférieur. Cette musique ne peut que remuer les sens les plus bas. C'est son objectif exclusif. « II y a dans chaque homme un cochon». Il y a aussi un ange. Bossuet n'a-t-il pas dit qu'avec l'ange aux contemplations sublimes, chacun porte en soi la bête aux grognements lascifs. La musique de Richard Wagner réveille le cochon plutôt que l'ange. Hélas! je dis pire — elle assourdit les deux...
M. Richard Wagner a écrit la condamnation de sa propre musique dans une de ses lettres à Berlioz. Il a dit : « le criterium de la bonne Musique est qu'elle doit être comprise aussitôt par la foule. » J'accepte la définition axiomatique. Elle est excellente.
Or, vendredi dernier, je suis allé, à cause de ce portrait, dans le jardin du Palais-Royal entendre des fragments de Wagner, exécutés par la musique de la garde républicaine.
La foule fut attentive.
On eût dit qu'un bègue chantait dans cette partition.
Tout était entrecoupé, incomplet, obscur. L'esprit reste inquiet avec Wagner — et jamais satisfait.
C'est de la musique d'eunuque affolé. Le manque de rhythme étonne les auditeurs. Les têtes de la foule habituées aux ondes sonores de la musique, cherchaient inutilement le rhythme, elles étaient cahotées comme sur un bateau traversant un lac tempétueux, à lames courtes et inégales. Un silence glacial suivit.
Immédiatement après, le sous-chef (M. Sellenick était absent), fit jouer la bénédiction des poignards de Meyerbeer.
La foule poussa une sorte de hourrah, comme au théâtre encore dans une demi obscurité. quand on ouvre soudainement le gaz !
M. Richard Wagner a dit: « Je fais de la musique utile », je ne comprends pas. Il vient de répondre à ceux qui parlent de lui élever déjà une statue : « Ma statue n'est pas encore utile ». Je ne comprends pas davantage. Il y a des statues utiles — comme le Manneken-Pis de Bruxelles !
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Après le désastre du Tannhäuser, M. Richard Wagner avait quitté pour toujours Paris emportant la piqûre inguérissable du « moineau parisien ». Les fidèles restèrent. M. Pasdeloup fit jouer au Cirque les quelques fragments superbes de l'œuvre wagnérienne : les deux Marches; le Chœur des fiançailles, le Chœur des Pèlerins ; la romance de l'Etoile, etc., court et beau bagage de ce musicien que Liszt couronna à Bayreuth avec des lauriers dorés — sans prononcer d'autre nom que ceux de Dante et de Shakespeare.
La musique wagnérienne a été suffisamment jugée par Rossini et Berlioz — ces deux extrêmes de la bonne musique contemporaine. Berlioz a dit que c'était du « vitriol ». Un jour, Rossini, le magnifique gouailleur, attendant la visite de Wagner, se mit au piano et joua la partition du Lohengrin, mise à l'envers comme par mégarde. « Ah ! cher maître, fait Wagner qui vient d'entrer avec la démarche glissante qu'on lui connaît, ma partition est à l'envers ? »
— Tiens ! tiens ! dit le malin Rossini, je trouvais, en effet, que ça allait mieux comme ça !
« Cela fut dit en riant » nous a raconté Mme Rossini, le témoin de l'anecdote. Mais Wagner n'a pas plus pardonné à Rossini qu'à Paris. Il hait d'une même haineces deux grands !
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Wagner disait à Berlioz, avec la forte voix déclamatoire qui le caractérise. « Il faut que je retourne en Allemagne, parce que je serai bientôt le seul Allemand qui n'ait pas entendu tous mes opéras. » Hélas ! fit le pauvre Berlioz, certes plus grand que Wagner-le-Grand, moi, au contraire, je puis dire que je suis le seul Français qui ait entendu mes opéras ! » Je donne cette anecdote qui, elle, n'est pas inédite pour montrer au lecteur la fatuité formidable du compositeur tudesque.
Malheureusement des musiciens français ont été comme éblouis par cet Erostrate. L'Infini de Mozart allait, semblait-il, être remplacé par le Vide de Wagner. Le système wagnéren devenait une contagion. Il ne s'agit pas ici de la musique allemande, estimée avec raison. Par exemple, Schumann est dans certaines miniatures musicales, un vrai petit divin. Donc, l'âme musicale française ne réfléchissait plus les idées des grands divins — comme l'eau troublée d'un lac ne réfléchit plus les oiseaux aux longues ailes blanches qui passent en haut !...
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C'est que des musiciens français étaient possédés de l'Inconnu. Ils cherchaient une musique nouvelle renonçant à faire aussi grand que les vrais ancêtres. Ils ne voulaient pas être comme ceux qui se contentent de chanter ce que chantaient leurs pères. Enfin, ils ont été séduits par cette fausse étiquette « La Musique de l'avenir».
Je ne reviendrai pas sur ce que j'ai dit de la musique d'aujourd'hui dans mes portraits de Verdi, Liszt, Ambroise Thomas, Gounod. « La jeune école » se trompait. La source des grandes mélodies est inépuisable comme la mer.
Ces musiciens français ont eu le tort de ne pas croire en eux-mêmes. Plus qu'eux, je crois en la génération nouvelle. Elle est savante et elle est digne d'être inspirée Elle retiendra seulement de l'œuvre wagnérienne — le côté général, manouvrier. Déjà, j'ai crié aux « jeunes » ; « Notre vieux pays est affolé ; calmez-le avec vos harpes ; il est Saul — vous êtes David ! »
Aussi bien, cette génération a reçu une étonnante leçon. Le public français a réagi. Les œuvres nouvelles entachées du virus wagnérien n'ont eu aucun succès. La France est revenue brusquement aux œuvres d'autrefois. Voyez ce qui se passe à l'Opéra-Comique et ailleurs. pour Gluck, Mozart, Mehul.
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Nos musiciens vont céder facilement à l'évolution publique. Je supplie la foule, dont je fais partie, de suivre son instinct.
Dans les salons, aucune œuvre de Richard Wagner n'a pu remplacer les œuvres magistrales, qui, parfois, jouées sur le piano, dans la chambre close, entre homme et femme servent d'aveux d'amour et même de baisers! Vous souvenez-vous ? Remember ?
La grande âme commune proteste contre M. Richard Wagner — de même que chaque âme particulière... sur la place où il y a le grand public, comme dans la chambre où il n'y a que deux êtres!
M. Richard Wagner avait, en 1871, par une sorte da vaudeville, attaqué la France vaincue. Dans une lettre, il vient d'essayer encore de l'insulter. Votre cœur s'est-il senti blessé par sa plume ? Non ! Non ! Bien moins que votre oreille par sa musique !...
Chacun comprend que Wagner le grand veut brûler Paris, seulement parce qu'il y a dedans le sifflet (2) parisien de 1861 !...
Ignotus.
(1) Une capitulation
(2) Allusion aux " sifflets Wagner " utilisés par les membres du Jockey Club pour saborder les représentations du Tannhäuser en 1861.