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Femmes artistes de la caraïbe et photographie ( part. i)

Publié le 22 mai 2020 par Aicasc @aica_sc

Et pourquoi ne pas se pencher cette fois sur les pratiques photographiques des femmes artistes de la Caraïbe inventoriées dans l’annuaire A to Z of Caribbean art ? Chacune d’entre elles dévoile une facette de l’identité caribéenne que ce soit à travers une photographie documentaire, une photographie post- moderne, une photographie conceptuelle. Elles s’inscrivent le plus souvent dans une interdisciplinarité résolue à l’exception de deux d’entre elles qui se consacrent uniquement à la photographie : Abigail Hadeed et Nadia Huggins.

Réalisatrice et photographe, Abigail Hadeed (Trinidad) a produit au cours des trois dernières décennies d’importantes archives  photographiques sur la culture de la Caraïbe : le carnaval traditionnel de Trinidad, les Afro-caribéens de l’Amérique centrale,  les Rupununi du Guyana. Elle revient sur les thèmes de la marginalisation, de l’appartenance et de la migration. Hadeed a représenté Trinidad à la Biennale 1998 de São Paulo, au Brésil et à la Biennale 2006 de La Havane, à Cuba.

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Nadia Huggins Nadia Huggins Abigail Hadeed Abigail Hadeed Abigail Hadeed Abigail Hadeed Abigail Hadeed Abigail Hadeed Abigail Hadeed Abigail Hadeed Abigail Hadeed Abigail Hadeed Nadia Huggins Nadia Huggins Nadia Huggins Nadia Huggins Nadia Huggins Nadia Huggins Nadia Huggins Nadia Huggins Nadia Huggins Nadia Huggins

Nadia Huggins (Saint – Vincent )  est une photographe autodidacte de Saint-Vincent, Grenadines. Ses photographies explorent la culture et l’identité des Caraïbes à travers les portraits,  les autoportraits et le paysage. Elle veut donner une image positive de l’homme caribéen, une vision caribéenne du monde caribéen, loin de l’imagerie commerciale, publicitaire et touristique. Nadia Huggins photographie l’interaction du corps et du milieu marin, tantôt son propre corps, tantôt ceux de jeunes adolescents en train de s’amuser et de plonger. Le sujet, humain ou animal marin, est au centre de la composition, capté de très près, isolé dans le grand bleu du ciel et de la mer mêlés, tantôt totalement immergé, tantôt tout juste émergeant, dans une série documentaire Circa no future ou dans une  série plus conceptuelle, Fighting the currents .

https://aica-sc.net/2019/09/24/__trashed-3/

https://aica-sc.net/2016/09/09/nadia-huggins-fighting-the-currents/

La dizaine d’autres femmes plasticiennes répertoriées dans l’annuaire A to Z of Caribbean art se concentrent sur des thématiques récurrentes : la quête identitaire au sein d’une société post – coloniale, la lutte contre le manque de  visibilité des artistes de la Caraïbe, la redéfinition de la position de la femme soit par l’appropriation d’images d’archives soit  par la mise en scène de leur propre image.

Pour mieux se réapproprier leur histoire Roshini Kampadoo (Trinidad), Holly Bynoe (Saint Vincent), La Vaughn Belle (Trinidad), re-contextualisent  d’ anciennes photos familiales et des documents photographiques anciens.

Roshini  Kempadoo, artiste multi –media, activiste et éducateur, aborde  la photographie sous l’angle du féminisme et du post- colonialisme. La série des autoportraits avait pour objectif a mise en lumière de l ‘identité noire britannique. Elle  questionne aussi dans d’autres séries le passé et la véracité des archives en les ré- interprétant ou en re-créant des fictions à partir de documents oubliés.

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Roshini Kampadoo
Roshini Kampadoo
Roshini Kampadoo Ghosting 2004
Roshini Kampadoo Identity in production
Roshini Kampadoo Identity in production
Roshini Kampadooat The end of the frame
Roshini Kampadoo
Holly Bynoe On deck 2009
Holly Bynoe Turn of the tide
Holly Bynoe Crossbreed 2009 collage digital
Holly Bynoe O captain my captan 2010
Holly Bynoe
La Vaughn Belle
La Vaughn Belle
Karyn Olivier Serie double vision Twin cities 2009 Pittsburg Rio
Karyn Olivier Serie chandelier 2013
Karyn Olivier Jouvert Manaus 2014
Olivia Mc Gilchrist The meyrics bed
Olivia McGilchrist-Red_Dress_3
Olivia McGilchrist-Red_Dress_3
Olivia McGilchrist
Olivia McGilchrist

Les photomontages de La Vaughn Belle stigmatise l’amnésie coloniale danoise en explorant les archives des Antilles danoises et en les juxtaposant avec  des images  personnelles de ses albums de famille, le plus souvent dans des installations qui associent documents du passé et artefacts caribéens. Elle critique les hiérarchies coloniales et l’invisibilité qu’elle entraîne au moyen de la photographie, de la vidéo, d’installations, d’oeuvres dans l’espace public.

Pour Holly Bynoe le vécu du petit nombre d’habitants de la minuscule île de Saint – Vincent fonctionnerait comme une synecdoque de l’histoire de l’ensemble de la Caraïbe.  Elle crée des images composites à partir de photographies extraites de ses archives familiales, numérisées puis  superposées auxquelles elle donne l’aspect vieilli des archives anciennes au moyen de manipulations numériques en modifiant leur texture par l’ajout d’images de matières naturelles.

Elles pratiquent toutes  la superposition ou les appareillages photographiques à partir de clichés qu’elles n’ont pas toujours saisis elles – mêmes. Et comment ne pas noter l’importance du texte, particulièrement pour Holly Bynoe et Roshini Kempadoo ? Les créations de Kempadoo sont largement accompagnées de légendes imprimées hors du cadre de la photo. Ma pratique photographique commence par l’écriture dit Holly Bynoe qui associe à  ses créations de poèmes ou superpose  texte et image.

Olivia Mc Gilchrist ( Jamaïque) , en  quête de son identité post- coloniale de femme blanche ( son père est jamaïcain et sa mère française) a remis  en question, dans la série Whitey,  le rôle de la catégorisation, de la classification et de la discrimination raciales, sociales et basées sur le genre dans l’espace caribéen contemporain. Ses clichés  juxtaposaient  des réalités parallèles en se photographiant  dans des paysages tropicaux pittoresques et marqués par l’histoire, souvent avec un masque blanc, en référence à  ‘Koo koo or Actor Boy’. C’est  une gravure du XIX ième siècle d’Isaac Mendes Belisario,  qui représente une homme noir dans son costume de carnaval populaire ‘Jonkonnu’ (ou John Canoe)Le masque souligne que  l’expression du visage n’a pas d’importance, que c’est l’émotion transmise par le corps qui compte le plus. Olivia Mc Gilchrist développe  non seulement des performances, des installations vidéo et explore depuis fin 2014 les possibilités offertes par la réalité virtuelle.

https://aica-sc.net/2016/10/07/olivia-mc-gilchrist-ou-le-tableau-photographique/

Olivia Mc Gilchrist ausculte le passé parfois au moyen de photomontages   mais met en scène également sa propre image comme d’autres plasticiennes de la Caraïbe comme Stacey Tyrell  ou Kelly Sinnapah Mary 

A suivre …


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