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Conditions premières d'un travail non servile de Simon Weil

Par Rambalh @Rambalh
Lors de ma dernière visite à Paris j’ai pu découvrir la librairie de la Halle Saint Pierre, superbe endroit à la sélection beaucoup trop tentante. J’ai craqué pour une sélection d’essais dont Conditions premières d’un travail non servile de Simone Weil.
Conditions premières d'un travail non servile de Simon Weil

Quatrième de Couverture
« L'arbitraire humain contraint l'âme, sans qu'elle puisse s'en défendre, à craindre et à espérer. Il faut donc qu'il soit exclu du travail autant qu'il est possible. L'autorité ne doit y être présente que là où il est tout à fait impossible qu'elle soit absente. Ainsi la petite propriété paysanne vaut mieux que la grande. Dès lors, partout où la petite est possible, la grande est un mal. De même la fabrication de pièces usinées dans un petit atelier d'artisan vaut mieux que celle qui se fait sous les ordres d'un contremaitre. Job loue la mort de ce que l'esclave n'y entend plus la voix de son maitre. Toutes les fois que la voix qui commande se fait entendre alors qu'un arrangement praticable pourrait y substituer le silence, c'est un mal. »
Mon avis
Dans cet essai écrit en 1942, Simone Weil décortique le travail dans le monde ouvrier et apporte un éclairage sur les mécanismes qui peuvent le rendre insupportable. De la nécessité d’une motivation spirituelle (enfin, elle parle de Dieu toutes les trois phrases donc c’est pour les croyants uniquement visiblement) au besoin de repenser la façon de donner des ordres de la hiérarchie en passant par la disparition fatale de la connaissance de l’appart de la tâche réalisée dans l’image globale, la philosophe nous propose une explication à la souffrance des ouvriers ainsi que des pistes d’amélioration.
Dans un second texte, Expérience la vie d’usine, Simon Weil passe par le concret pour analyser le travail en usine : elle se sert de sa propre expérience. Cette partie a eu plus de savoir à mes yeux, moins abstraite, elle m’a paru plus sincère et palpable. J’en retiens que le principal mal du travail de nos jours est de ne pas permettre aux personnes de capter la vision globale dans laquelle elles sont supposées s’insérer. On nous demande de faire partie d’un rouage sans nous permettre réellement dans connaître les fonctionnements et la finalité et c’est tout là le problème : perdre de vue notre valeur dans un système nous rend servile et transforme le travail en une nécessité insupportable. Travailler dans le seul but de gagner de l’argent pour ensuite le réinjecter dans la machine économie est le mal du siècle de Simone Weil, mal qui continue à perdurer dans le nôtre…
Les essais philosophiques sont généralement trop tortueux pour moi mais j’ai bien aimé me plonger dans cette réflexion malgré le rappel quasi constant à la religion qui m’a empêchée d’adhérer à l’ensemble du propos.
« Il n’est pas bon, ni que le chômage soit comme un cauchemar sans issue, ni que le travail soit récompensé par un flot de faux luxe à bon marché qui excite les désirs sans satisfaire les besoins. »
Expérience de la vie d'usine, p67
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