«Les peuples en ont eu raison, mais il ne faut pas chanter victoire, il est encore trop tôt : le ventre est encore fécond, d’où a surgi la bête immonde », écrit Bertolt Brecht dans l’épilogue de la Résistible Ascension d’Arturo Ui.
Le dimanche 17 mai, malgré l’interdiction de la préfecture, la Ligue du Midi ou encore l’Action Française ont pu se rassembler avec l’aval des forces de l’ordre. Après lui avoir volé son portable, Ysis Perq, ancienne plume de « La Marseillaise », s’est fait « dégager » par les militants fascistes.
Sur les réseaux sociaux, certains commentaires fustigent les «matraques pour les Gilets jaunes» contre «la tolérance pour l’extrême droite» à Montpellier après le week-end dernier. Journaliste indépendante pour l’AFP couvrant la manifestation, Ysis Perq, a dépeint sur Twitter la scène surréaliste vécue au pied de la statue de Jeanne d’Arc dans le quartier des Beaux-Arts.
«T’as 5 minutes Richard, pas plus». Voici la phrase suggérée par la police aux identitaires. Richard ? Richard Roudier, président de la Ligue du Midi, plusieurs fois condamné et connu des tribunaux dernièrement pour avoir saccagé en 2017 en compagnie de son fils un local du Réseau accueil insertion Hérault (Raih). Association qui vient en aide aux mineurs isolés pour le Département.
Au final, les militants d’extrême droite auraient eu 20 minutes pour faire leur affaire selon la police. Cette dernière s’est défendue d’avoir couvert le rassemblement estimant que la présence «d’une trentaine de personnes» n’en constituait pas vraiment un. Avant d’évoquer le «bon contact avec les organisateurs». La préfecture assure avoir verbalisé les organisateurs de la manifestation.
« C’est privé ici, Madame, dégagez »
Ysis Perq explique également avoir été empêchée de couvrir la manifestation en violation directe du droit : « C’est privé ici, Madame, dégagez » lui a proféré Richard Roudier. La journaliste a justement répondu que «Non, c’est une rue ici, Monsieur. Ce n’est pas privé ».
À la suite d’intimidations pour lui faire quitter les lieux, un membre de la Ligue du Midi lui a volé son téléphone et en a profité pour effacer en partie son contenu. Y. Perq a dû récupérer son téléphone après avoir porté plainte au commissariat.
Le Club de la presse a apporté son soutien à la journaliste. Les réactions politiques se sont multipliées avec notamment la députée LFI de l’Hérault Muriel Ressiguier qui réclamait déjà en 2017 la dissolution de ces groupuscules.
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