L'ombre de Staline // De Agnieszka Holland. Avec James Norton, Vanessa Kirby et Peter Sarsgaard.
J'ai comme l'impression que l'on a encore des années de films sur la sombre période du Stalisme et du nazisme en Europe. L'ombre de Staline décide de nous raconter l'histoire d'un journaliste débutant qui va aller enquêter et découvrir les revers du stalisme mais également de l'Union Soviétique qui est loin d'être le rêve qu'il croyait. Agnieska Holland (House of Cards, Rosemary's Baby) applique alors ce filtre dépressif sur son film afin de tenter de lui donner un air de l'époque et bien que cela ne fonctionne pas toujours, cela permet de ressentir la froideur du communisme et la preuve que ce monde que Gareth Jones découvre est loin de ce qu'il avait imaginé. La photographie est alors soignée, parfois trop polie, afin de démontrer le côté ultra clinique de l'hiver quitte par moment à devenir sacrément déprimant. Car en ces temps, je dois avouer que L'ombre de Staline n'est clairement pas fait pour nous remonter le moral.
Pour un journaliste débutant, Gareth Jones ne manque pas de culot. Après avoir décroché une interview d’Hitler qui vient tout juste d’accéder au pouvoir, il débarque en 1933 à Moscou, afin d'interviewer Staline sur le fameux miracle soviétique. A son arrivée, il déchante : anesthésiés par la propagande, ses contacts occidentaux se dérobent, il se retrouve surveillé jour et nuit, et son principal intermédiaire disparaît. Une source le convainc alors de s'intéresser à l'Ukraine. Parvenant à fuir, il saute dans un train, en route vers une vérité inimaginable...
Le film est alors suffisamment intelligent pour nous plonger dans les travers de cette époque et de ce que cela a changé dans l'Europe. Ce thriller politique est suffisamment bien construit pour ne pas s'ennuyer même si par moment j'aurais aimé qu'il y ait quelque chose d'un peu plus optimiste dans le récit. Car le film a parfois du mal à sortir de ses retranchements même si le message qu'il veut faire passer est là et concret. Certaines intrigues ne fonctionnent pas forcément non plus comme cette sous intrigue où George Orwell écrit La ferme des animaux mais au delà de ça, c'est sur les épaules solides de James Norton qu'une grande partie de L'ombre de Staline se repose. Ce dernier vu dans Grantchester ou encore Guerre et Paix prouve qu'il a suffisamment de charisme pour rendre son personnage attachant et intéressant du début à la fin. Mais le film n'arrive pas à intriguer suffisamment malgré tout ce qu'il met en oeuvre pour que l'aventure soit aussi palpitante. Le thriller journalistique est un genre qui a su faire pas mal de bons films (Spotlight, The Post, etc.) mais l'angle choisi ici a pour mérite d'être un brin plus original.
Si L'ombre de Staline reste donc un film mineur sur cette sombre période de l'Histoire, il permet aussi d'avoir un point de vue plus original que ceux que l'on a pour habitude de voir. Surtout que le stalisme n'est pas forcément ce qu'il y a de plus souvent mis en avant à l'écran et que cela a été un calvaire pour de nombreux soviétiques pendant des années.
Note : 6/10. En bref, un thriller politique et journalistique qui ne tombe pas toujours juste mais qui reste une aventure efficace qui mérite d'être vu.
Prochainement en VOD en France. Le film devait sortir le 18 mars. Sa sortie a été annulée suite au covid 19.