A partir du moment où la liberté de mouvement est mise en cause et où le simple fait de franchir sa porte se trouve soumis à autorisation administrative, les oppositions entre le libéralisme et le républicanisme perdent de leur tranchant.
chacun se retrouve confronté au sandale du corps entravé. On peut bien sur considérer que la liberté est d'abord celle de l'imaginaire, qu'elle est une expérience intérieure indifférente aux conditions sociales. C'est ce qu'on a pu lire dans certaine apologies romantiques de la vie confinée.
il me semble au contraire que la liberté apparaît pour ce qu'elle est, c'est à dire une réalité avant tout politique, lorsque le pouvoir, même pour d'excellentes raisons, la met en suspens dans sa dimension corporelle.
Il faut distinguer la vigilance de la prudence. La prudence est une vertu politique qui consiste à élaborer des choix dans un contexte marqué par l'incertitude. De ce point de vue, l'imprudence que l'on reproche si souvent aux citoyens qui, après deux mois de confinement se précipitent sur les bord de la Seine pour profiter du soleil devrait au moins être comparée à celle des politiques néolibérales qui ont soumis l'hôpital public à des normes managériales aberrantes. La vigilance est à la prudence ce que la témérité est au courage: une passion excessive et antipolitique. il s'agit d'un régime de l'attention permanente qui, au cours des dernières semaines, s'est focalisé sur la lecture quotidienne de courbes de mortalité.Une sorte d'interprétation de toute chose sous l'hypothèse du pire. On commence à mesurer les effets psychiques de cette attention épuisante dans un contexte où, phénomène auquel je ne connais pas de précédent, la pandémie a été le seul objet de commentaire politico-médiatique.
Que peut-on souhaiter dans un monde défini comme universellement malade sinon que rien n'arrive?
Michaël Foessel-Extraits de l'entretien accordé à Philippe Petit pour l'OBS "l'impératif de survie ne fait pas une politique"-n°1211 page 48
Humanité végétale une exposition de Mario del Curto au
Lieu Unique
du 9 juin au 30 août -entrée libre-
Parmi les lieux visités, l'immense forêt de pommiers originels du Kazakhstan menacée de disparition, les jardins urbains de plusieurs mégalopoles, l'excentrique Parc aux monstres de Bomarzo et des jardins singuliers ou modestes du monde entier.
"L'exposition Humanité végétale est le récit en images d'un périple de 10 ans, réalisé par Mario Del Curto à travers le monde. Le photographe nous invite à réfléchir à ce qui se joue dans nos rapports avec la nature et à réagir au développement d'une " humanité hors sol ".
Les végétaux capturés par ces photos n'étaient censés se croiser ; jamais certains itinéraires ne devaient même être contés. Mario Del Curto interroge : Qu'est-ce qui relie tout cela ? Qu'est-ce qui nous relie à cela ?
Sauvage ou façonné, le jardin évoque toujours une culture, des personnalités ou des savoirs transmis. En chemin, le photographe rencontre des spécialistes de botanique et des citoyens ordinaires. En images fortes et symboliques, le jardin s'expose dans toutes ses dimensions - alimentaire, scientifique, ornementale, artistique et politique."
14-18. 39-45. 2020. À chaque fois : " plus jamais ça ". À chaque fois : " après ne sera pas comme avant " " on a pris la mesure des mesures à prendre "... Faut-il se résigner à ce cycle naturel du capitalisme qui semble nécessiter de grosses crises pour se régénérer et le retour successif de ses troupes et de ses consommateurs ? La singularité de l'édition 2020 est pourtant qu'il pourrait s'agir de la der des der, avant l'entrée dans des phases plus convulsives du capitalocène. C'est peut-être ce qui agite confusément une partie des mondes actuels à préparer fébrilement l'après pendant la crise-même, pour que surtout rien ne change, pour que surtout tout reprenne de plus belle, pour que surtout les quelques réfractaires, les vivants sans et autres GJ ne se mettent à s'organiser. Une sorte de bouquet final. Ainsi les promesses abondent du côté des puissances et des consommateurs intégristes : transition écologique, moins d'avions dans le ciel, plus de service publique, gouvernance, participation... Tout sera réformé à fond, il faudra ralentir. Mais ne soyons pas dupes, ils disent " il faudra ". Pour ne pas déprimer, ne pas se laisser endormir par l'aérosol soporifique des médias, les quelques villages gaulois, ZAD, GJ... devront préférer les gaz lacrymogènes. Le 10 juin à Rodez seront jugés 4 opposant.es, prélevé.es parmi une centaine, lors d'une manifestation (12 octobre 2019) contre le projet de méga transformateur de Saint-Victor et Melvieu dans le sud Aveyron. Le hameau de l'Amassada qui depuis 5 ans occupaient le futur site venait d'être expulsé et rasé, le 8 octobre. Force était resté à la loi selon le commentaire de la préfète. Il se trouve que cette loi est celle de l'empire industriel de l'énergie qui sous couvert de transition écologique perpétue le massacre... Lors de la première audience, le 11 mars, nous avions fait une demande en nullité pour de nombreux vices de procédure d'enquête et de convocation (grosso modo, les gendarmes plaignants se sont auditionnés entre eux). Le tribunal a souhaité réfléchir et a refusé toutes ces demandes le 22 avril alors que courait déjà la pandémie et reporté la séance " sur le fond " au 10 juin. Ils n'auront même pas profité de l'occasion pour désengorger la cour. Elle se rengorge. La séquence en cours (Covid) a rendu aveuglant le diagnostic de la mise à sac du monde et de la marchandisation de l'humain. Gestion des flux partout, chez Amazone comme en Amazonie, dans l'agroalimentaire comme à l'hôpital, dans la 5G comme à l'Ehpad, chez spaceX comme chez Renault... Évaluation et contrôle partout, Big Brother bienveille la servitude volontaire. L'Amassada considère que son existence-même et ses actions s'inscrivent dans un état de nécessité. Nécessité de dénoncer la mascarade de la transition écologique comme elle est imaginée par les seuls intérêts financiers et industriels. Nécessité de dénoncer leurs troupes policières, administratives et politiques. Nécessité de s'interposer quand les machines de destruction se mettent en marche... Le 10 juin, nous ferons encore valoir la nécessité d'agir pour que l'" après " ne soit pas le redémarrage sans vergogne du même système mortifère. Le 10 juin nous appelons aux soutien des camarades inculpé.es. Ce jour la, ce ne sera pas de nos ami.es, de notre famille ou de nos collègues qu'il faudra se protéger, c'est aux instances gouvernementales qu'il faudra appliquer les gestes barrières. Sortir soutenir, décrocher des écrans, ne plus commenter. SORTIR, ENSEMBLE. Ces derniers mois ont été très durs, notamment socialement, d'ailleurs qu'on ne s'y trompe pas, le gouvernement ne parle pas de " distanciation physique " pour nous protéger, mais bien de " distanciation sociale ". Et c'est cela, aussi, en nous retrouvant que nous voulons dénoncer et combattre. Nous soutiendrons nos ami.es en rigolant, en jouant, en chantant, en dansant, et à leur sortie du tribunal nous les embarquerons dans la plus belle des farandole... On vous donne donc rendez vous à RODEZ le 10 juin, à 13h30 devant tribunal. L'idée est de constituer des groupes de 10 personnes maximum en arrivant devant le tribunal. A chaque groupe sera distribué un kit " barrières " composé d'une carte du centre ville, d'un chansonnier, et d'un rouleau de scotch. Il y aura quatre points de rencontres dans la ville. A chaque points des questions sur l'histoire de l'Amassada vous seront posées (ainsi que des défis si vous les acceptez!). A chaque bonne réponse, en plus de votre rouleau de scotch fourni au départ, des récompenses vous permettrons de constituer petit à petit votre barrière afin d'avoir le bon geste. Reste a savoir quelle équipe connaîtra l'histoire de l'Amassada sur le bout des doigts, et surtout, où toutes ces barrières se retrouveront ! Nous vous invitons aussi à ramener vos banderoles et pancartes. Soyons visibles. D'ici là faisons au mieux Pas Res Nos Arresta L'Amassada
"Entre la télé et le rouquin, en d'autres temps entre l'absinthe et
entre la poire et la Vache-qui-rit, entre terre et ciel, entre chien et loup,
entrez, je vous en prie, enlevez le journal et le tablier et prenez place
Brigitte Fontaine extrait de: entre le bon peuple du sang" Editions Flammarion