Confiné, ce n’était pas des congés. Mon patron, il m’a dit : « Tes fériés, tu pourras pas les prendre cette année, on a du taf à rattraper. » Dans mon secteur, on m’a dit : « C’est pas le moment de faire le pont, après tout ce qu’on a perdu, va falloir bosser tous les dimanches. » Un autre : « Les congés cette année, ce sera exceptionnel, rien en juillet, c’est sûr. En août, on va voir. »
Voilà Pénicaud qui se dit émue qu’on puisse « échanger des congés », les « donner en cadeaux » aux hospitaliers qui ont trop travaillé. Comme une charité, à la place d’une légitime hausse de salaire de 300 euros.
Il existe ce fameux compte épargne-temps (CET) où vous pouvez mettre vos congés en réserve dans un compte et les prendre plus tard… si vous n’êtes pas mort avant. Dans la fonction publique, en cas de décès, les héritiers pourront toucher les salaires restants accumulés dans le CET.
Désormais, avec la loi « d’urgence sanitaire », les employeurs peuvent fixer ou différer la prise de congés de leurs salariés pour des périodes ne pouvant excéder six jours ouvrables. Selon le gouvernement, ça doit « permettre aux entreprises et aux salariés d’adapter les conditions de travail pour faciliter la continuité de l’activité ». Oui, mais pas la continuité de la vie sociale. Ça ne va pas aider l’harmonie des familles, ni des réservations à l’avance. Car les employeurs ne sont plus tenus de respecter le délai de prévenance fixé à un mois. Maintenant il suffit d’un délai « d’au moins un jour franc » pour prévenir les salariés. À noter que les ordonnances issues de l’état d’urgence sanitaire prévoient que ça court jusqu’au 31 décembre 2020 !
La vérité, c’est que les congés sont obligatoires, d’ordre public. Il faut les défendre comme on se défend contre le Covid. Les jours de congés ne sont pas monnayables, ni interchangeables, c’est pour toutes et tous un droit inaliénable.
S’il faut travailler plus, que les patrons augmentent le nombre d’emplois, surtout pas le nombre d’heures de ceux qui ont déjà un emploi.
01/06/2020