Christophe Prudhomme est médecin au Samu 93.
A l’hôpital le respect des règles d’hygiène est une nécessité pour éviter notamment les infections nosocomiales.
Pendant une épidémie, les gestes barrières ne se limitent pas au port du masque et d’une surblouse, mais la désinfection des surfaces est aussi essentielle. Pour des raisons d’économie, ces tâches assurées autrefois par des agents des services hospitaliers ont été sous-traitées à des entreprises dites spécialisées. Aujourd’hui dans la plupart des services, les femmes de ménage ne sont pas intégrées dans les équipes mais dépendent d’un chef qui minute leurs passages et elles passent ainsi souvent de service en service au fil de la journée.
Ce mode d’organisation ne permet pas une intervention ponctuelle au cours de la journée en cas de besoin, ce qui est souvent nécessaire. Ces employées font partie du bas de l’échelle des « premiers de corvée ». Il s’agit le plus souvent de femmes d’origine immigrée, sous-payées, habitant souvent très loin de leur lieu de travail et soumises à des horaires décalés. Lorsque les entreprises ne changent pas trop souvent au gré des appels d’offre des liens se nouent avec le personnel hospitalier. Des discussions s’ouvrent dans la salle de repos autour d’un café et on apprend ainsi qu’elles seront les seules à ne pas toucher de bonifications pour le travail effectué lors de la crise du coronavirus. Un véritable scandale, car elles ont été particulièrement exposées dans de très nombreux services. Pa railleurs, nombre d’entre elles ne travaillent pas toujours à temps complet et ont des rémunérations inférieures au SMIC.
Alors des collègues ont proposé des cagnottes dans certains services pour leur verser une petite somme en compensation et ont demandé à la direction de l’hôpital d’intervenir auprès de leurs employeurs pour qu’elles bénéficient elles aussi d’une prime. Ce geste de solidarité est généreux mais il ne suffit pas.
Depuis des années, les syndicats demandent la fin de cette sous-traitance et l’embauche d’agents hospitaliers intégrés dans les équipes pour effectuer ces tâches, mais pas que. Car aujourd’hui renforcer les équipes avec de type d’emplois qui ne nécessitent pas de formation initiale particulière permettrait de soulager les aides-soignant.e.s et les infirmier.ère.s dans les équipes.
Nous seulement, il ne manque pas de chômeurs qui pourraient être candidats mais, même si les grilles de salaires ne sont pas très élevées à l’hôpital, bénéficier du statut et de ses avantages, notamment en termes de formation professionnelle constitue un avantage non négligeable.
01/06/2020