04/06/2020 – UNE et ÉDITO de L’HUMANITÉ et LA MARSEILLAISE…(Cliquer pour voir la suite)

Éditorial. « Ça déborde » Par Cédric CLÉRIN

Cela commence à devenir embêtant pour la classe si attachée à ses privilèges fiscaux. Le retour de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) est dans toutes les têtes, toutes les bouches.

C’était encore tenable quand la revendication d’une juste répartition des richesses en taxant davantage les privilégiés restait cantonnée aux dirigeants de gauche (pas tous…), ou encore dans nos colonnes. Mais désormais, ça déborde. Thomas Piketty, qui exerce magistère et fascination jusque dans l’élite, plaide pour son rétablissement depuis un moment. Il faut se souvenir de son passage sur une radio publique, un matin, et le vent de panique qu’il avait provoqué avec des propositions ambitieuses sans être révolutionnaires.

Un cran a été passé avec Esther Duflo. La première Française prix Nobel d’économie a rejoint le concert qui casse tant les oreilles de nos gouvernants. Difficile de la renvoyer à une lubie gauchiste. « L’impôt sur la richesse est un impôt raisonnable, pas du tout extrême ou radical », dit-elle d’ailleurs. La crise est passée par là, ses inégalités accrues et son chômage menaçant.

Il devient injustifiable pour le gouvernement de ne pas aller chercher l’argent là où il est. Le rétablissement de l’ISF serait pourtant « pure démagogie », selon Bruno Le Maire, puisqu’ « on l’a fait pendant des années (et) ça n’a pas enrichi la France ». On pourrait rétorquer que, depuis 1982 et le premier impôt sur la fortune, le PIB a quadruplé en France. Mais le ministre d’Emmanuel Macron a raison. Les 10 % les plus riches captent aujourd’hui 23 % de la richesse nationale, contre 17 % en 1980. Il faut donc aller beaucoup plus loin et inventer un nouveau système fiscal.

On comprend cependant que certains s’y refusent, puisque la suppression de l’ISF et le plafonnement de la taxation du capital ont rapporté en moyenne 1,2 million d’euros aux cent plus grandes fortunes. Même le Sénat dit, dans un doux euphémisme, que « l’efficacité économique de la réforme reste aujourd’hui difficile à établir ».

Son injustice, elle, est établie depuis longtemps. Sauf les cent citées plus haut et leur ami Bruno, tout le monde le dit : il faut (au moins) rétablir l’ISF.

Éditorial. « Lame de fond » Par Léo PURGUETTE

Le meurtre de George Floyd a déclenché une lame de fond d’une puissance jamais égalée.

Une lame de fond dans les rues américaines qui ont crié leur ras-le-bol des violences policières touchant prioritairement les noirs. Un mouvement de contestation qui ébranle jusqu’au sommet du pouvoir fédéral puisque le secrétaire à la Défense, Mark Esper, s’est dit défavorable à envoyer l’armée contre des citoyens américains comme le demande le président Trump.

Une lame de fond qui a traversé l’Atlantique pour atteindre l’Europe. Les rues françaises aussi et singulièrement la rue marseillaise ont crié leur refus du racisme et des violences policières.

Ce sont les morts impunies qui délégitiment la police

Une lame de fond dans les consciences à travers les pays et leurs histoires différentes. Oui, la haine raciste est prégnante dans nos sociétés. Oui, elle s’exprime notamment dans la police. Non, le dire ne délégitime pas toute une institution, ce sont les actes de violences et les morts impunies qui la délégitiment.

Parler de cas isolés, n’est plus audible quand ils interviennent avec récurrence. Les voix qui s’élèvent pour dire stop doivent être entendues.

Avec cette lame de fond qui réclame justice pour retrouver confiance et dignité, une nouvelle génération est en train de se lever.

Puisse-t-elle emporter sur son passage tous les racismes qui nous minent. Partout où la haine recule, c’est l’humanité qui avance.