05/06/2020 – UNE et ÉDITO de L’HUMANITÉ…(Cliquer pour voir la suite)

Éditorial. « L’effet Floyd » Par Laurent MOULOUD

Montréal, Berlin, Dublin, Paris, Londres, Rio… l’onde de choc suscitée par la mort de George Floyd, ce Noir américain de 46 ans asphyxié par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis, ne connaît plus de frontières.

Après avoir enflammé la plupart des grandes villes américaines, les manifestations solidaires dénonçant les discriminations et le racisme se propagent à travers le monde. Une colère universelle et inédite. Comme un nouveau #MeToo dont le mot d’ordre « I can’t breathe ! » (« Je ne peux pas respirer ! »), dernières paroles du malheureux Floyd, est brandi partout, symbolisant dramatiquement la révolte de populations qui ne veulent plus étouffer sous les violences policières et les haines ancestrales.

À l’évidence, un vent nouveau souffle sur la lutte antiraciste. Un « effet Floyd » dont on pressent la dimension historique. En France, plus de 20 000 personnes se sont rassemblées mardi, à Paris, à l’appel du comité Adama, jeune homme noir de 24 ans mort en 2016 après son interpellation. Du jamais-vu. Une démonstration de force qui oblige le gouvernement, longtemps soutien aveugle des exactions de certains policiers, à tempérer son discours, tout en dressant des digues avec la situation outre-Atlantique. « Notre modèle républicain est fort heureusement très éloigné du passé ségrégationniste américain », se rassure un député macroniste. Certes, les histoires diffèrent. Mais les mécanismes de domination sont tout proches. De nombreux militants, tout comme le Défenseur des droits, n’hésitent pas à parler de « racisme systémique » dans certains commissariats français. Et rappellent que près de 50 % des membres des forces de sécurité assument voter à l’extrême droite.

Si les manifestations autour de l’affaire Floyd fédèrent autant aujourd’hui, c’est qu’elles dénoncent des pratiques policières xénophobes courantes dans de nombreux pays. Mais aussi le système dans lequel elles s’inscrivent : celui d’une économie libérale autoritaire, qui perpétue les inégalités sociales depuis des décennies au détriment des mêmes populations – immigrées le plus souvent –, circonscrites par les matraques des policiers chargés du « maintien de l’ordre ». Cet ordre, l’effet Floyd le bouscule partout dans le monde.

05/06/2020