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On étouffe - que fait la police ? #racisme #violences

Publié le 07 juin 2020 par Juan

  On étouffe - que fait la police ? #racisme #violences

Black Lives Matter ... le slogan d'un ralliement, d'un ras-le-bol qui dépasse l'Amérique et devient un cri contre les violences policières. 

En France, des manifestants bravent les interdits et les chantages sanitaires , et c'est l'effroi officiel. 

Macron se tait et glose sur la campagne municipale.

Pouvoir, médias, éditocrates craignent la convergence des rages.



Embrasement ?
On voit des policiers, blancs, marcher d'un pas calme et déterminé, à Buffalop, puis l'un d'eux repousse brutalement un homme de 75 ans qui lui parlait sans crier. L'homme tombe, la tête heurte le trottoir, il reste immobile, sonné, au sol. Une flaque de sang se répand derrière sa nuque. Mais les flics casqués continuent leur marche, impassibles.
On voit une voiture de la police de New York City à l'arrêt, des manifestants criant devant elle. Puis une autre se range à ses côtés. Et les deux accélèrent en roulant sur la foule.
On voit trois policiers tenir au sol un Noir qui se débat. L'un des flics place de force un manche en bois dans la main de l'homme immobilisé, puis le frappe, et le frappe, et le frappe encore.
On voit des véhicules renversés par des manifestants, quelques scènes de pillage, un commissariat incendié, des policiers bousculés et frappés, et d'autres applaudis quand ils rejoignent les protesteurs.
On voit Donald Trump multiplié les provocations. Il clive et divise pour solidifier sa base électorale autour de lui. Il menace de faire intervenir l'armée, mais l'armée le récuse. Son ancien ministre de la défense à la retraite, fustige sa dérive. Quatre anciens présidents américains - Obama, Carter, Clinton et même Bush junior - dénoncent l'attitude irresponsable de Donald Trump.
Fort heureusement, on voit aussi des policiers, genoux à terre, un peu partout dans le pays. Et cela suffit à calmer les manifestants, à soulever la joie et déclencher des applaudissements. On voit aussi des soldats de la Garde Nationale danser la macarena avec des manifestants à Atlanta.
Ces images filmées et diffusées sur les réseaux sociaux pendant les 10 jours qui ont suivi la mort de George Floyd aux Etats-Unis sont quelques exemples de la rage qui embrase l'Amérique.
Le racisme nous étouffe, comme le dit Edwy Plenel.
L'actualité nous étouffe. Des semaines de confinement à écouter nos dirigeants raconter n'importe quoi, se débattre impuissants avec les conséquences de leurs propres erreurs, de leur propre incurie. On étouffe en silence, enfermés durant des semaines à cause de l'état d'urgence sanitaire. Et quand un meurtre de plus, un meurtre de trop est filmé pendant 8 minutes et 46 secondes, on suffoque davantage encore.
« On a besoin de policiers républicains, et en effet il y a des policiers républicains et heureusement pour nous tous. Il y en a plein à la police, mais ceux-là ils souffrent »Jean-Luc Mélenchon.

On étouffe d'entendre Eric Zemmour minimiser la mort de George Floyd et des autres, ou Pascal Praud hausser le ton de sa fausse voix contre cette manifestation surprise contre les violences racistes. On étouffe à l'idée que les forces de l'ordre votent désormais ultra-majoritairement à l'extrême droite (alors que ce n'était pas le cas il y a 30 ans !). On suffoque quand on apprend que la mort de Mohammed Gabsi à Toulouse en plein confinement a elle aussi été provoquée par cette même violence policière qui mois après mois devient mortelle aussi en France. On suffoque de ces images d'une interpellation en plein Paris, policier blanc un genou sur le coup d'un jeune homme noir, comme pour George Floyd. 
Il y aura sans doute quelques ordures pour dire que le jeune homme l'avait bien cherché, que la violence policière est légitime en toute circonstances.
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Les silences de Macron
Macron ne se prive habituellement pas de commenter l'actualité de pays étrangers ... quand cela sert ses intérêts nationaux ou ne dérange pas le monde des affaires. On se rappelle des cris d'orfraie et autres communiqués publics à propos des violences et de la répression au Vénézuela, l'un de ces États sans grand intérêt pour la diplomatie macroniste. On se rappelle les jours et semaines de silence après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi dans les locaux de l'ambassade de son pays. Alors que l'Amérique s'embrase depuis 10 jours, Macron se tait. Pas une phrase, pas un commentaire, pas un mot de soutien aux opposants au racisme dans la police américaine.
De nombreux chefs d'Etat étrangers se sont exprimés. Justin Trudeau (Canada), Angela Merkel (Allemagne), le président de la Commission de l’Union africaine, Boris Johnson (Royaume Uni), le pape François, ou le premier ministre espagnol. Mais Macron s'est tu. Pas une phrase, pas un commentaire. Il était pourtant là, à tweeter sur l'ambition écologique de la France, ou sa récente décision de demander conseil à des experts et au Parlement pour travailler sur le "monde d'après".
Ce silence de Macron est assourdissant. Jupiter laisse son ministre de l'intérieur de se refaire une virginité. Le "ministre éborgneur", adepte des boites de nuit parisienne, a couvert ses flics de toute enquête et de tout procès après les dizaines de centaines de blessés civils depuis trois ans de Macronisme autoritaire. Il a lâché les fauves, les a équipé de grenades qui mutiles, couvert leurs tirs à vue. Il a décoré de la légion d'honneur des policiers filmés frappant des manifestants.
Trois jours avant que George Floyd ne soit tué par un policier de Minneapolis, la chanteuse Camelia Jordana avait dénoncé le délit de faciès - "Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic. Et j'en fais partie. Aujourd'hui j'ai les cheveux défrisés. Quand j'ai les cheveux frisés, je ne me sens pas en sécurité face à un flic en France." Et plutôt que de lui tendre la main et prêter écoute, Castaner s'est précipité devant les caméras pour l'accuser de mensonges.
Quel sens de l'Histoire.
Castaner incarne à lui seul la dégradation de la police républicaine. C'est pourtant lui que Macron laisse en première ligne pour s'exprimer au nom de la France.
"Le racisme n’a pas sa place dans la police républicaine expliquait Castaner en avril 2020. Il a raison. Mais il ne fait rien , ou pas grand chose. StreetPress dévoile un groupe privé Facebook où des flics lâchent leurs commentaires racistes. La semaine passée, Mediapart et Arte rappelle comment un policier noir de Rouen a découvert l'existence d'un groupe Whatsapp de flics suprémacistes blancs. On étouffe de savoir que Castaner n'a rien fait quand ces dérapages - punissables au regard de la loi - ont été portés à la connaissance de la hiérarchie policière il y a 6 mois.
Mardi 2 juin, la déflagration anti-raciste atteint la France.Le ras-le-bol attire plus de 20 000 personnes en bordure de Paris jusqu'au nouveau siège Police/Justice au Nord Ouest de Paris, malgré trois de confinement, malgré l'état d'urgence sanitaire, malgré les menaces de répression, malgré les interdictions de rassemblement à plus de 10, malgré les injonctions liberticides et contradictoires de ce gouvernement incapable de prévoir mais coupable de 30 000 morts par suite de son incompétence.
Malgré ce contexte de peur, le plus répressif que la France ait connu sous cette République, ces gens ont défilé le poing levé contre une injustice, le meurtre d'Adama Traoré il y a 4 ans. La France officielle - gouvernement, macronistes officiels et officieux, éditocrates des "grands médias" -  a peur.  Sur le plateau de LCI, le député macroniste Bruno Bonnell et le neo-fasciste Sébastien Chenu appuient leur convergence, ils détestent tous deux cette manifestation incroyable. Collusion et soutien - les deux font la paire, une paire qui ne surprend pas quand on se souvient avec quelle gourmandise Marine Le Penet, Louis Aliot et le même Chenu intervenaient à l'Assemblée nationale en mars 2018 pour applaudir les quelques articles de la loi Asile et Immigration qui réduisent les droits des demandeurs d'asile. Belle collusion ce mercredi 3 juin, Bonnel et Chenut récusent l'existence de racisme, de violences policières. Un éditocrate de la chaîne voisine CNEWS accuse les manifestants de racisme. Un autre éructe contre les "indigénistes". Un troisième, sur BFM, clame "Justice pour les policiers". L'essayiste Céline Pina dénonce l'instrumentalisation "pour entretenir le communautarisme", elle ne voit pas les violences, elle ne voit pas le racisme. Elle qui sans doute n'a jamais, de toute sa vie, été contrôlée par hasard dans la rue par des policiers. Céline Pina nage dans le déni.
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 La convergence des rages
Cette manifestation a fait peur.

Pourtant, cette manifestation n'est pas grand chose à l'échelle du pays. Elle n'a pas l'ampleur des mouvements en cours aux Etats-Unis. Là-bas, Donald Trump vit désormais barricadé à la Maison Blanche. Il a fait ériger un mur métallique de protection autour. La maire (démocrate) de Washington a autorisé le dessin d'un gigantesque BLACK LIVES MATTER sur la 16th Street qui mène à l'office présidentiel.
En France, les jeunes noirs et arabes ont 20 fois plus de chances d'être contrôlé par la police que les jeunes blancs, disait le Défenseur des droits en janvier 2017. En mai 2020, le même dénonce la discrimination systémique pratiquée par la police dans un quartier XIIe arrondissement de Paris. Que faut-il de plus à celles et ceux qui ne voient rien ?
Macron ne veut pas parler du racisme au sein de la police, ou des brutalités policières. La manif du 2 juin lui fait peur, lui qui a tant cherché à faire peur. "Nos gouvernants usent des mesures sécuritaires comme d’un anxiolytique pour le peuple et comme d’un bouclier pour eux-mêmes" résume la sénatrice Esther Benbassa. "Ils n’ont qu’une hantise: se mettre eux-mêmes à l’abri."
Il craint la convergence des rages:
  • Le ras-le-bol antiraciste a un prolongement naturel, la dénonciation des violences policières. Samedi 6 juin, des manifestations interdites se déroulent quand même à Paris. Le bouclage de la place de la Concorde et des environs de l'ambassade américaine ne suffit pas à décourager près de 25 000 manifestants.
  • Avec le déconfinement, le spectre de la commission d'enquête parlementaire sur les ratés de la gestion du COVID, qui va bientôt débuter ses travaux, effraye le pouvoir macroniste. Agnès Buzyn se dénie sur le COVID. Elle reprend sa campagne municipale, catastrophique, en expliquant que le risque pandémique n'existait pas quand elle a quitté le ministère de la santé début mars... A-t-elle conscience du nombre de plaintes contre elle ? La commission parlementaire s'intéressera aussi aux cabinets de conseil en restructuration qui ont abimé et désorganisé l'hôpital public depuis des années.
  • Le personnel soignant attend toujours sa revalorisation salariales. Mais les restructurations d’hôpitaux, avec leur cortège de fermetures de lits, se poursuivent.
  • Macron veut reprendre la réforme des retraites "pour partie". Cette réforme allongeait la durée de cotisation de tous, y compris du personnel soignant et de ces gens "qui ne sont rien" qui ont tout fait pendant le couvre-feu sanitaire. 
  • Le confinement a provoqué comme ailleurs, plus fortement qu'ailleurs, une crise hallucinante - on nous promet une récession de 11% cette année (le double de celle prévue en Allemagne). Macron a mis sous cloche l'intégralité de l'économie pendant 10 semaines à cause de son impréparation, de son incompétence et de son retard à prendre la mesure de la pandémie. Il a évité une révolution en lâchant les vannes de la finance publique.
  • La Macronie s'interroge sur son remaniement ministériel (mais qu'est-ce qu'on en a à fiche ?!?), mais n'a pas le temps de compter les morts parmi le personnel soignant à cause du manque du matériel de protection pendant la pandémie: "les soignants sont en première ligne dans la lutte contre le Covid-19, bien souvent sans protection. Combien l’ont payé de leur vie ?" résume Mediapart. "Nul n’est aujourd’hui en mesure de le dire. Nul ne sait combien de médecins, infirmiers, aides-soignants sont morts depuis le début de l’épidémie, que ce soit en libéral, en hôpital ou en Ehpad."
  • La Macronie refuse de remettre en cause sa réforme fiscale injuste de 2017/2018 qui a ruiné les comptes publics. La Présidence des Riches n'a pas changé.
  • Les premiers signes post-COVID laissent penser que ce "tournant social" est provisoire car la Macronie reste sensible aux lobbies les plus puissants. Cette semaine, les députés macronistes ont ainsi refusé de plafonner les frais bancaires sur incidents.
  • L'entrée en vigueur de la réforme de l'assurance chômage, qui va réduire l'indemnisation et l'accès au chômage de près de 2 millions de personnes, n'a pas été annulée, mais repoussée. 
  • Macron gaspille l'argent public (chômage partiel, prêts garantis, allègements d'impôts, ou subventions, montée au capital) en soutenant des multinationales (Total, Vivendi, etc) qui n'ont pas annulé le versement de dividendes ou pratiquent l'évasion fiscale; et sans exiger de contreparties en matière d'emploi (Renault, Air France, Vallourec ).
  • La ministre du Travail Muriel Penicaud recommande "des aménagements de temps de travail à la baisse, avec une rémunération réduite, pour les secteurs en crise, au nom de la sauvegarde de l’emploi." Grâce aux Ordonnances Travail de 2017, les employeurs peuvent recourir aux "Accords de Performance Collective" pour réduire les rémunérations, moduler le temps de travail, .

Pour se mettre à l'abri, Macron lance quelques diversions: après le Ségur de la Santé, voici la création d'une commission de 26 économistes libéraux pour "conseiller le président" sur le monde d'après.
On croyait qu'il avait un programme ...
On croyait qu'il avait compris.



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