Dans son texte, Catherine Doré décrit une autre des conséquences de la soviétisation du système de santé québécois.
Les services payés par l’ensemble des contribuables et fournis par un monopole d’État, quel que soit le régime politique, ont tous les mêmes caractéristiques : les coûts sont élevés; la qualité est médiocre; les priorités sont aux mauvais endroits; la demande excède l’offre; etc.
Cela découle du fait que la relation « prix-service » est occultée. Dans un marché où plusieurs fournisseurs doivent rivaliser pour attirer les clients la relation « prix-service » est le dénominateur commun qui guide les gestionnaires dans leurs décisions. Dans un monopole public il n’y a pas de dénominateur commun, objectif et permanent, pour guider les gestionnaires. Ils sont donc à la merci des priorités des groupes d’intérêt et des politiciens. Un tel système est incapable de s’ajuster aux changements d’une société en évolution et glisse invariablement dans ce qui est convenu d’appeler la soviétisation des services.
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Le Mardi 15 Juillet 2008, 11h04
Comme des bêtes
Catherine Doré, Le Quotidien
6h - RéveilQu’est-ce qui m’a pris de vouloir me lever si tôt…M’semble que j’avais quelque chose…
6h10 - Réveil (prise 2)JGFdhjhlostyhlkhj…. Ah oui, c’est vrai! Il faut que j’aille prendre un rendez-vous sans rendez-vous chez le médecin. Bah…encore cinq minutes…
6h15 - Enweye, réveille!Sur mon bureau, mon cellulaire sonne: j’ai activé l’alarme hier soir. Brillant. Il est beaucoup trop loin pour que je puisse le faire taire et il se met à sonner de plus en plus fort. Bon, ça va, je me lève… Ce que je me hais parfois!
6h50 - Départ
7h - Arrivée(Bon, il n’y avait rien d’intéressant entre les deux, mais je voulais faire une petite pointe à mes amis montréalais…)
Entre 7h et 8h, qu’est-ce que je fais? Je m’écrase devant la porte de la clinique, adossée contre le mur de béton rugueux, et j’attends. Il fait beau, c’est au moins ça. Il y a déjà une dame, comme moi, qui est arrivée plus tôt. Bientôt, soit vers 7h15, nous sommes six à attendre devant cette même porte. Les habitués ont pensé à s’amener un livre.
Une feuille collée dans la porte de verre nous informe que seulement sept personnes auront droit à un rendez-vous à la clinique sans rendez-vous aujourd’hui. Des fois c’est plus, d’autres fois c’est moins… C’est pour cela qu’il faut se lever si tôt. Encore là, vous devez déjà posséder un dossier à cette clinique, sinon, vous ne pouvez pas avoir accès au sans rendez-vous. Too bad.
Ma mère a son médecin de famille, mais pas moi. On pourrait croire naïvement que “de famille” signifie que j’aurais droit au même médecin que ma mère. Ben non.
Même si je n’ai besoin d’y aller qu’une seule fois par an?Oui, parce que si tu viens en avoir besoin, elle ne sera peut-être pas disponible.Ok. Donc, si j’ai besoin d’un médecin un jour, c’est mieux que je n’en aie pas. Ça se tient.
Revenons à mon attente.
Nous sommes maintenant neuf personnes, à dix minutes de l’ouverture des portes. Tout le monde est debout et on surveille les deux intrus. D’instinct, on se place en une seule ligne, par ordre d’arrivée. Les deux en ’surplus’ sont un peu à l’écart. On scrute le moindre mouvement, au cas où l’un d’entre eux serait tenté de doubler les autres. Comme des animaux, on se prépare à l’attaque.
Et puis la porte ouvre.Et puis, j’obtiens finalement un rendez-vous.
JOIE!
Il ne me reste plus que 365 jours avant de recommencer le même manège…Remarquez, c’est partout ainsi, du moins, en région.
À chacun ses avantages!