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Le Roi Louis II de Bavière dans la poésie francaise - Fragments homoérotiques

Publié le 08 juin 2020 par Luc-Henri Roger @munichandco

Le Roi Louis II de Bavière dans la poésie francaise - Fragments homoérotiques

Le Roi Louis II de Bavière dans la poésie française, BoD, 2020
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Les inclinations homoérotiques du Roi Louis II de Bavière furent souvent, autrefois stigmatisées comme une perversion innommable qui avait contribué à son isolement et à sa folie. Mais dès la mort du souverain bavarois, elles recevront droit de cité chez les poètes français et belges qui les mentionneront dans leurs textes.
Ainsi chez Paul Verlaine qui évoque ce « roi vierge au grand cœur pour l’homme seul battant », chez Robert de Montesquiou qui en fait un « despote féminin, monstrueusement vierge et chastement obscène, hermaphrodite beau, Narcisse légendaire ». Il est « le roi sans reine » d’Apollinaire, qui couche « de fausses femmes » dans son lit, « ni fille ni garçon » pour Robert Goffin, avec « des yeux échappés au cloisonnement humain, des mains étanches faites pour caresser les chairs mitoyennes ». Il inspire des sentiments de sororité à Nicole Louvier, chanteuse lesbienne affirmée. Plus récemment Georges Zouba a évoqué le narcissisme du roi prenant la pose devant ses miroirs et la « démesure de ses désirs d’homme ».
Papiers collés en hommage au Roi
Voici un collage poétique homoérotique réalisé selon la technique des papiers collés que Georges Braque et Pablo Picasso  avait mise au point en 1912, à partir de fragments provenant pour la plupart des poésies et de textes du recueil Le Roi Louis II de Bavière dans la poésie française : il s'agit, dans l'ordre, de fragments de textes d'Albert Wolff, d'Edmond Jaloux qui cite Édouard Schuré, de Paul Verlaine, de Gabriele d'Annunzio, de Jacques Bainville, de Robert de Montesquiou, d'un poème du Décadent faussement attribué à Louis II, d'Anatole France, de Louis Le Cardonnel, de Noel Richard, de Guillaume Apollinaire, de Robert Goffin, de Nicole Louvier, de Georges Zouba et de Karl Heinrich Ulrichs.
À Louis II de Bavière - Papiers collés
Ce jeune garçon sur la tête de qui on a posé une couronne,  Cet enfant qui ne sait rien de la vie,  S’ennuie dans le vaste château de ses pères,  Et la nuit, quand ses courtisans dorment,  Il demande un cheval et erre  Dans la campagne silencieuse et déserte,  À la recherche de l’imprévu,  Comme un gendarme  À la recherche d’un malfaiteur. 
Roi, le seul vrai roi de ce siècle, salut, sire Éblouissant Lohengrin des premières années Géant angélique aux traits purs et aux yeux d'un bleu magnifique  Des yeux couleur de mer et de mélancolie Qui semblaient regarder dans l'invisible.  Ses cheveux épais, ondulés et sombres,  Son nez droit et sa bouche Parfaitement dessinée Il avait l'air à la fois d'un jeune homme et d'une jeune fille.  L’Europe embourgeoisée et féminine tant  Néanmoins admira ce Louis de Bavière 
Et les femmes de Munich lui sourient Et les jeunes archiduchesses croient savoir ce que c'est l'amour,  Et les princesses des légendes romantiques d'alentour  Ajustent leur altière beauté pour mieux envoûter son charme !
Un roi passe indifférent dans son carrosse au long de l'Isar
Roi, le seul vrai roi de ce siècle, salut, sire Roi vierge au grand cœur pour l’homme seul battant.
Malédiction de venir au monde pour devoir le remettre en ligne  Malédiction de ces corps perdus au loin qui te font signe !  Ni fille ni garçon, des yeux échappés au cloisonnement humain,  Des mains étanches faites pour caresser les chairs mitoyennes 
Maintenant toutes les femmes ont été chassées de ma vie Mon cœur est brûlé depuis longtemps par d'ineffables amours
Pénétrer l'intimité de cette âme qui jamais ne livra son secret.  Roi de lui-même et de son rêve. Roi vierge et martyr Que nulle union féminine n'accouple
Puis viennent les amours qu'escortent les misères  Que déjà l'on allègue, ou dont on parle bas, 
Grâce auxquelles le Dieu ne se mariait pas !
Ces grelottantes étoiles de fausses femmes dans vos lits
Décor de luxe et de fête  Débauches d'une imagination meurtrie Que fait à ces yeux réprouvés comme un puits  L'équivoque printemps des peaux trop de fois vues ? Débauche mentale et rêve physique
De suavités et de cruauté.
Tous les raffinements les plus alambiqués
Sont, aux grossièretés sans bornes, mélangées ;
Les naturelles lois sont toutes dérangées ;
Le contingent mignon des chanteurs, et des Kainz,
Cède aux chevau-légers, aux valets, aux coquins, Bref, un Capri contemporain
Tyran délicieux, despote féminin ;
Monstrueusement vierge et chastement obscène.
Statue énigmatique aux attraits mi-voilés
D'extase et de folie, et d'amour étoilés.
Hermaphrodite beau, Narcisse légendaire La folie de commettre un péché, démesure  De ses désirs d'hommes
Lire dans son regard les extravagances de sa pensée. Esthète dément,  Qui dormit sa vie dans un rêve d'art,  Sublime et coupable. Solitaire somptueux, Son corps grand et lourd n'a plus l'allure d'éphèbe  De ses jeunes années
Il se réveille de la vie,  La tête  Hors des eaux dormantes  Qui vont le recouvrir Nageur mort Tragique sabbat où la Nuit et les Mânes lui ont ravi le coeur
Près d'un château sans châtelaine  La barque aux barcarols chantants  Voguait cygne mourant sirène  Un jour le roi dans l'eau d'argent  Se noya puis la bouche ouverte  Il s'en revint en surnageant  Sur la rive dormir inerte  Face tournée au ciel changeant
Caerula linter ad libertatem sic fuit unda tibi Les flots t'ont servi de vaisseau vers la liberté
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