Héritage et chirurgie esthétique

Le capital génétique et charmant de Miss Bonnie transmit à la petite dernière.
La technologie, qui faisait défaut et rendait le quotidien difficile avec l'irréductible, est bien présente sous l'aspect vintage de sa descendante. 
Allumage électronique, programmeur de vitesse, antipatinage, contrôle de traction, ABS, poignées chauffantes, niveau sonore et propreté au standard automobile, ordinateur de bord planqué dans des compteurs analogiques et surtout une selle monoplace façon canapé Chesterfield qui marque son intention de rester monogame et célibataire avec la mémoire dans les sacoches histoire de faire suivre le casse dalle.
Game over

Résumé: 

...Miss Bonnie ne consentait à s’animer que selon un protocole aussi précis que la température de l’eau pour le thé et la durée de l'infusion.  A conducteurs virils, sémantique masculine !  Il fallait la titiller en préliminaire et lui donner un bon coup de kick pour achever le cérémonial. Le titillage consistait à pomper l’essence jusqu’à faire déborder le carburateur et la pédale de kick était le pendant de la manivelle des automobiles dont la plupart avaient le coup d’avance technologique du démarreur électrique. Il fallait donner deux rotations à vide avec la poignée des gaz, ensuite trouver le point mort haut à l’aide du kick afin de comprimer le mélange détonnant au rapport stœchiométrique idéal de 1 gr d’essence pour 15 grs d’air.  Le point mort haut trouvé, il restait à se hisser sur la pédale du dit kick et lui donner un coup de mollet généreux pour « l’amener en bas ». Si vous n’aviez pas oublié de donner au câble des gaz l’assistance du starter, il restait à obtenir le consentement de miss Bonnie pour  trouver le Graal, ce point G de la première explosion. Les plus vigoureux y arrivait parfois du premier coup. Ceux qui ne s’étaient pas rompu le tibia dans l’exercice pouvaient retenter leur chance sans s’énerver car entre l’effort et le réconfort, il pouvait advenir que les bougies se noient d’un apport en essence excessif.  Attendre et recommencer, pas étonnant que l’un s’amourache à bon escient et l’autre avec parcimonie. Les ingénieurs anglais avait fait de ce bicylindre refroidi par air une sculpture grecque dotée d’une voix de diva puis le job accompli ne s’était plus occupé de rien d’autre. Amortisseurs en bois, freins à tambour commandés par câble comme les mobylettes,  en deux options : face je m’arrête, pile je meurs, circuit électrique prompt au court circuit et aux coupures sans préavis, éclairage chochotte sensible aux vibrations de la machine. Pour le voyage de nuit, il fallait emporter dans les poches des ampoules de rechange, personne n’ayant de statistiques fiables sur l’espérance de vie des filaments. Les pneus adhérant comme une savonnette dans une baignoire, miss Bonnie tenait la route, toute la route !
A l’arrêt, la belle bête abandonnait avec désinvolture une tache d’huile comme une star dédaignait ses paparazzi sur le trottoir...