Lymphome diffus à grandes cellules B
Source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Diffuse_large_B_cell_lymphoma_-_cytology_low_mag.jpg
Les patients atteints de lymphome diffus à grandes cellules B récidivant ou réfractaire, non-éligibles pour une transplantation de cellules souches autologues, n’ont qu’une faible probabilité de guérison du fait qu’ils n’ont que très peu d’autres options de traitement. Le tafasitamab (MOR208) est un anticorps monoclonal anti-CD19 (…) qui a montré une activité une activité préclinique lorsqu’administré en monothérapie chez des patients atteints de malignités à cellules B récidivantes ou réfractaires. Des données précliniques ont suggéré que le tafasitamab pourrait agir en synergie avec le lenalidomide. Notre but était d’évaluer l’activité antitumorale et l’innocuité de l’administration de [tafasitamab + lenalidomide] chez des patients atteints de lymphome diffus à grandes cellules B récidivant ou réfractaires qui sont non éligibles pour une transplantation autologue de cellules souches.
Dans cette étude de phase 2 multicentrique, ouverte, à simple bras (L-MIND), des patients âgés de plus de 18 ans atteints d’un lymphome diffus à grandes cellules B diffus confirmé, qui avaient récidivé ou dont la maladie était réfractaire après plusieurs traitements systémiques (comprenant au moins un médicament anti-CD20), qui n’étaient pas candidats à une chimiothérapie à haute dose avec transplantation autologue de cellules souches subséquente, présentant un statut de rendement ECOG (Eastern Cooperative Oncology Group) de 0-2 et dont la pathologie était quantifiable à la ligne de base, ont été recrutés dans 35 hôpitaux universitaires et communautaires situés dans dix pays. Les patients ont reçu en co-administration tafasitamab (12 mg/kg) par voie intraveineuse et lenalidomide (25 mg / jour) per os sur une durée de 12 cycles au plus (de 28 jours chacun) suivi par l’administration de tafasitamab en monothérapie (chez les patients dont la pathologie était stabilisée ou qui présentaient une amélioration de leur état) jusqu’à progression de leur maladie. Le critère principal était la proportion de patients présentant une réponse objective (évaluée par mesure centralisée), définie par une réponse complète ou partielle au traitement selon les critères du Groupe de Travail International sur le lymphome malin. Les analyses d’activité antitumorale globale étaient basées sur les résultats obtenus chez les patients qui avaient reçu au moins une dose de la combinaison tafasitamab-lealidomide ; les analyses d’innocuité au moins une dose de chacun des médicaments à l’étude. Le recrutement de cet essai est aujourd’hui terminé, et l’essai est en phase de suivi à l’heure actuelle. (…).
Entre le 18 juin 2016 et le 15 novembre 2017, 156 patients ont été examinés pour sélection, 81 ont été recrutés et 80 ont reçu au moins une dose de tafasitamab et une dose de lenalidomide. La durée médiane de suivi était de 13.2 mois (Intervalle Interquartile [IQR] 7.3 – 20.4) à partir de la date de fermeture de la base de données au 30 novembre 2018. 48 (60% ; Intervalle de Confiance [IC 95% 48-71) patients sur 80 qui recevaient [tafasitumab+lenalidomide] ont présenté une réponse objective : 34 (43% ; 32-54) ont présenté une réponse complète et 14 (18% ; 10-28) ont présenté une réponse partielle. Les évènements indésirables de grade 3 ou plus apparus sous traitement les plus communément rencontrés étaient neutropénie (39 [48%] patients sur 81), thrombocytopénie (14 [17%]), et neutropénie fébrile (dix [12%]). Des évènements indésirables graves sont survenus chez 41 (51%) patients sur 81. Les évènements indésirables graves les plus fréquemment rapportés étaient pneumonie (cinq [6%]), neutropénie fébrile (cinq [6%]), embolisme pulmonaire (trois [4%]), bronchite (deux [2%]), fibrillation auriculaire (deux [2%]), et insuffisance cardiaque congestive (deux [2%]).
Le tafasitamab, en combinaison avec le lenalidomide était bien toléré et a eu pour résultat en une plus grande proportion de patients atteints de lymphome diffus à grandes cellules B et non-éligibles pour une transplantation autologue de cellules souches à obtenir une réponse complète ; cette combinaison pourrait donc représenter une option thérapeutique nouvelle dans ce contexte. Prof Gilles Salles, MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 5 juin 2020
Financement : MorphoSys
Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ