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Un Conseil de déontologie tant attendu que contesté

Publié le 14 juin 2020 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Selon le sondage Kantar réalisé pour La Croix en janvier 2020, la méfiance envers la presse atteint son paroxysme depuis 1987. La presse écrite ne recueille que 44% de crédibilité.
Plusieurs facteurs expliquent cette crise. Les couvertures contestées d’événements (Timisoara, referendum européen, les gilets jaunes), la multiplication des sources d’information parfois sujettes à caution, les accusations de manipulation de la part des personnalités dans l’actualité (Ségolène Royal encore récemment), les fameux fakes news, la récente séquence de l’arrestation de Dupont de Ligonnès ; tout ceci a distendu le lien précieux entre la population et sa presse.

Même s’ils malmènent parfois la presse, les pouvoirs politiques ont pleinement conscience de l’aspect fondamental pour la démocratie de la bonne santé de la presse et de l’information de la population. Edouard Philippe a ainsi commandé un rapport à Emmanuel Hoog, ancien président de l’AFP, sur la création d’un organisme de régulation et de médiation de l’information.
Ce rapport, remis en août 2019, reprend une idée loin d’être nouvelle. Une partie de la profession appelait de ses vœux la mise en place d’une telle instance d’ailleurs l’Association de Préfiguration d’un Conseil de Presse (depuis 2006) et l’Observatoire de Déontologie de l’Information (depuis 2012) ont été les précurseurs du nouveau conseil. La création du CDJM en décembre 2019 fait de la France le 19ème pays européen à se doter d’un organisme de régulation. L’indifférence du public à son égard contraste avec les remous créés dans la presse elle-même.
Les débats entre pro et anti agitent toujours l’univers de la presse, mais le CDJM est en place depuis janvier 2020. Le site internet, sobre et clair, propose pour l’instant des articles sur lui-même et explique sa mission et sa composition.
Les saisines du Conseil (en auto-saisine ou par le public, à la manière du CSA) donnera lieu à une série d’ateliers qui aboutiront ou non à l’émission d’un avis non contraignant.

La composition du Conseil marque par les grands noms qui le constituent (syndicats et association de presse y côtoient des professeurs et des journalistes tous répartis entre trois collèges de travail), mais aussi par les noms qui en sont absents. Plusieurs médias (AFP, France inter, L’Obs…) ont annoncé leur refus d’y participer. Leur refus est motivé par des soupçons de tutelle de la part de l’Etat. En effet, celui-ci pourvoira presque 50% du budget du Conseil ; cette subvention fait craindre une participation aux décisions du Conseil. Par cette création intervient après plusieurs incursions de l’Etat dans les alcôves sacrées du journalisme : loi sur les fakes news et la protection du secret industriel, perquisition de Mediapart pendant l’affaire Benalla. S’y rajoutent une hostilité inédite entre politiques et journaux et le fait que la structure du Conseil correspond point par point aux préconisations du rapport gouvernemental…

Pourtant, le président du Conseil Patrick Eveno (à l’origine de la création de l’ODI) garantit que les saisines ne pourront pas se faire sur la partie éditoriale, mais uniquement sur la pratique des règles de l’art du journalisme. Les premiers avis donnés par le Conseil seront à coup sûr scrutés par l’ensemble de la profession, et pourront peut-être réconcilier l’ensemble de la profession… pour ou contre lui.
  Si chacun peut établir ses propres règles de conduite, la presse a depuis longtemps posé un certain nombre de principes énoncés dans des textes qui font référence.
La Charte de Munich adoptée en 1971 a été adoptée par des importants syndicats nationaux européens et des organisations internationales de journalisme. Plusieurs nouveaux media se revendiquent de cette Charte. Elle définit 15 règles (droits et devoirs du journaliste).
L’UNESCO a, en 1983, approuvé un code qui consiste en une énumération des pratiques éthiques là encore sans mesure de contrainte, mais qui a servi de base à l’élaboration de codes nationaux.
En France, le Syndicat National des Journalistes (SNJ) a élaboré un code de déontologie en 1918 modifié en 1938 et 2011. Le code de déontologie a vocation à être intégré aux conventions collectives et ainsi s’imposer par la loi ; aujourd’hui le principe de l’auto-régulation constitue une faible garantie du respect de la déontologie. "L’honnêteté et la sincérité font gagner la confiance de l’interlocuteur"

Adams Kwateh, directeur du CPM (Club Presse Martinique) et ancien journaliste…, nous explique son rapport à la déontologie et ses implications dans son métier de journaliste.

Podcast Journal : Au nom de l’information, le journaliste peut-il tout dire ?

Adams Kwateh : "Non, il y a d’abord le cadre juridique qui règle la question de la liberté d’expression. Sans la liberté d’expression le journalisme ne pourrait pas exister, mais sans la déontologie comment pourrait-il informer ?"

Podcast Journal : Quelle place occupe la déontologie ?

Adams Kwateh : "La déontologie est primordiale, son application une nécessité. Les journalistes ne sont pas des enfants de chœur mais il y a des règles qui encadrent leur travail :
-le respect de l’autre : informer sans entacher sa dignité ni le blesser, le respecter dans son intégrité.
-la vérification l’information pour ne pas tomber dans la diffamation ou l’invention, ce qui discréditerait le journaliste et entraînerait une perte de la confiance des lecteurs".
"La vérité et rien que la vérité
".

Podcast Journal : A quoi servent les balises de la déontologie ?

Adams Kwateh : "C’est une sorte de cadre et de règles indispensables pour mieux informer. L’honnêteté et la sincérité font gagner la confiance de l’interlocuteur, les balises nous éviteront les dérapages et les extrapolations. Le principe étant de ne pas s’écarter du but de dire la vérité. Cette quête de la vérité doit se faire dans un cadre indépendant.
La déontologie impose le respect des opinions et de la diversité, sans mélanger les intérêts publics et les intérêts privés. Elle implique la proximité avec ses sources et leur vérification au quotidien. La massification de l’information et la densification des sources rendent la pratique du métier difficile. La déontologie permet d’éviter les écarts et de conserver le crédit dont nous bénéficions de la part de nos lecteurs.
Le récent dérapage du métier à l’occasion de la fausse découverte de Xavier Dupont de Ligonnès a rappelé à tous à quel point l’application de ces règles ne doit pas connaître d’exception. La normalisation des rapports entre la presse et son public ne se fera pas sans une nécessaire exigence à ce niveau".
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