L'école Jules ferry va connaître des changements. ©JCH
La fermeture de cinq classes (maternelles et primaires) dans différentes écoles de Louviers est évidemment une bien mauvaise nouvelle. L’Inspection académique, fondant ses décisions sur des statistiques, ne prend pas forcément en compte la nature des quartiers et les structures socioprofessionnelles des parents et par conséquent leur situation sociale. Un élément essentiel pour favoriser l’éducation des enfants dits défavorisés. Il faut tout d’abord convenir que les deux mois de confinement ont porté atteinte à un enseignement digne et respectueux de générations d’élèves pour lesquelles l’école est non seulement un lieu d’apprentissage, de développement des savoirs mais aussi un puissant facteur de lien social. La nation apprenante, à la télévision, n’a touché qu’une minorité d’enfants et les torts causés seront irrattrapables. Depuis une minorité d’élèves a retrouvé la classe, l’enseignant(e) le jeu. Certes, la pandémie n’est pas la faute du gouvernement. Mais lorsqu’on décide, en haut lieu, de fermer une classe, on se fonde actuellement sur un seul critère : le nombre d’élèves projetés lors de la rentrée prochaine. C’est pourquoi on attend des élus locaux qu’ils se battent bec et ongles contre les fermetures de classe, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Education ayant exclu toute fermeture dans les communes de moins de 5000 habitants sans l’accord des maires.Ainsi à Louviers plusieurs écoles vont voir fermer des classes par défaut. Où sont passées les familles ? Où sont les jeunes couples avec enfants ? Ne paie-t-on pas une accumulation de retards et d’infortunes diverse qui ne datent pas d’hier ? Je sais bien que le maire n’accepte pas ce point de vue. Il se fonde lui aussi sur des bases chiffrées et ne voit pas comment contester le raisonnement de l’Inspection académique. Il a raison sur un point : la situation scolaire d’une ville se prépare sur plusieurs années et il n’a accompli qu’un mandat. Là où il est, après ce premier mandat majoritairement entériné par les citoyens lovériens, il considère que la politique qu’il conduit est la bonne. Et qu’elle portera des fruits. Mais quand ?
La situation scolaire d’une ville est une photographie de son état de santé. Que les classes aient du mal à atteindre les seuils fatidiques est éminemment regrettable. Heureusement les parents d’élèves montent régulièrement au créneau pour amener l’Etat à plus de souplesse et d’adaptation. Peut-on considérer l’école Salengro ou celle des Acacias comme des écoles privilégiées ? Sûrement pas. Le devoir de tout élu est de faire de l’éducation sa priorité. Le dédoublement des CP est favorable à un enseignement adapté. C’est dans ce sens qu’il faut poursuivre l’action : moins d’élèves et plus d’enseignants.
François-Xavier Priollaud conteste les positions de son opposition municipale de gauche, la seule à s’être exprimée publiquement. Philippe Brun, notamment, a publié sur un réseau social, le plan de fermetures de l’académie. Il déplore ces cinq fermetures car Louviers est la ville qui, dans l’Eure, est la plus touchée. Pour le maire, ne doivent être menés que des combats qu’il considère comme justes et légitimes. Les calculs de l’académie (en avril) justifient selon lui, qu’on ferme ces cinq classes puisque, ajoute-t-il, « on va avoir trois ouvertures. » Cinq moins trois font deux. Le solde est négatif. Il sera toujours temps de compter les têtes blondes, brunes, rousses ou châtain à la rentrée prochaine. La crainte du maire est que les enseignants absents pendant l’année scolaire ne soient pas remplacés. C’est malheureusement souvent arrivé. Là-dessus il ne peut avoir aucune certitude. A la rigueur quelques promesses…
Le maire reproche par ailleurs à son opposition municipale de ne pas faire preuve de responsabilité. Mais l’opposition est dans son rôle. Comme elle ne pèse rien dans l’exécutif, elle utilise les moyens mis à sa disposition pour exister et rappeler ses priorités : la pétition, les réseaux sociaux, les relais associatifs, les parents d’élèves bien au fait des véritables besoins scolaires. J’avais dit à Philippe Brun qu’il aurait bien des difficultés pour gagner l’élection municipale. Après un mandat, il est rarissime qu’un maire sortant ne se succède pas à lui-même. Le second mandat est une autre paire de manches. Il reste que sur des points essentiels, des identités de vue peuvent être trouvées. L’état des écoles et l’accueil des enfants devraient faire consensus. Car il est un fait évident pour la majorité comme pour l’opposition : c’est à l’école que se construisent les futurs citoyens. Et on n’est jamais trop pour accomplir ce devoir fondamental.
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