OPINION : ce qui a existé un jour, les faits qui se sont produits hier, ne peuvent pas, par pur révisionnisme, devenir autre chose aujourd’hui.
Par Olivier Maurice.
« Le réel, c’est ce qui ne disparaît pas quand on arrête d’y croire. » On pourrait étendre cette définition de la réalité
que l’on attribue à Stephen King à la notion de vérité : la
vérité, c’est ce qui ne change pas avec le temps.
Ce qui a existé un jour, les faits qui se sont produits hier, ne peuvent pas, par pur révisionnisme,
devenir autre chose aujourd’hui. Si on peut nommer les choses d’aujourd’hui avec les mots d’hier, on ne peut pas prétendre que l’on aurait pu nommer les choses d’hier avec des mots qui n’existaient pas alors. Les faits ne changent pas, les mots qui n’existaient pas alors ne peuvent apparaître par magie ou par décret dans le passé des années plus tard.
ÉPIDÉMIE DE REGARDS SUR LE PASSÉ
Or il semble bien qu’il y ait en ce moment un bon nombre de personnes, par ailleurs apparemment instruites et reconnues comme savantes, pour qui ces notions pourtant très simples soient totalement étrangères. Il semble bien que cette
psychopathie (détourner ou ne pas comprendre ces concepts élémentaires implique de graves difficultés à vivre en société) soit non seulement de plus en plus répandue, mais également de plus en plus admise, de plus en plus tolérée, pour ne pas dire glorifiée.
Il semble bien que la vérité d’aujourd’hui ne soit plus pour certaines personnes, la vérité d’hier et qu’il faille ainsi, selon eux, tout mettre en œuvre pour qu’elle ne soit pas celle de demain.
Selon ces personnes, il aurait donc existé plusieurs fausses vérités, en fonction du moment, et ces mêmes personnes seraient en charge de la mission divine et éminemment morale de « rétablir la vérité » (la vraie, la bonne) par tous les moyens, y compris la violence. Il existerait des fautes morales dans le passé, que seule
la repentance et la désignation de coupables dans le présent permettrait d’expier.
Il existerait
des films qui, le jour où ils ont été tournés, contaient une histoire et qui aujourd’hui font l’apologie du racisme. Il existerait
des statues qui, le jour où elles ont été érigées, remémoraient des événements et des personnalités, et qui aujourd’hui symbolisent l’esclavage et la colonisation.
Il existerait un
racisme systémique découvert récemment, mais qui aurait toujours existé, même si avant (et d’ailleurs toujours maintenant pour bon nombre de personnes), on n’avait absolument aucune idée de ce que ce concept pouvait bien vouloir dire.
C’EST LA FAUTE AU SYSTÈME
Selon cette explication,
Scarlett O’Hara est raciste,
Rhett Butler est raciste,
Autant en emporte le vent est un film raciste.
Christophe Colomb est raciste, colonialiste et esclavagiste et il faut donc rétablir la vérité : contextualiser ce racisme avant de diffuser le film et détruire les statues de Christophe Colomb.
On retrouve bien dans cette revendication toutes les caractéristiques de la psychopathie profonde :
- le narcissisme exacerbé qui pousse à affirmer être le détenteur de la vérité ;
- le non-conformisme agressif et violent ;
- le parfait sang-froid glaçant et implacable.
Par gentillesse, nous avons pris l’habitude de relativiser ces comportements, les qualifiant d’extrémisme, parfois de gauchisme ou d’intellectualisme,
de les excuser : « si on ne fait pas la révolution à 20 ans, quand la ferons-nous ? »
Il est temps de rétablir la vérité, mais à l’inverse du processus intellectuel dont se revendiquent ces individus, c’est-à-dire en la nommant avec les mots qui conviennent et n’auraient pas été inventés pour la circonstance.
Ce comportement inacceptable, c’est tout bonnement du
totalitarisme.
LA BÊTE IMMONDE
Il ne faut rien voir d’autre dans ces mouvements actuels que l’expression de la même pensée criminelle qui a agité toute la fin du XXe siècle : stalinisme, nazisme, fascisme, maoïsme, trotskisme et toutes les autres horreurs en
isme. On y retrouve exactement les mêmes mécanismes intellectuels :
- le positivisme radical : l’explication du monde par l’unique prisme de lois universelles qui définiraient une vérité absolue et incontestable ;
- l’ardent désir de révolution et le manque total de pudeur quand il s’agit d’expliquer la nécessité du recours à la violence pour parvenir à ses fins ;
- l’optimisme inconditionnel quant à la splendeur du résultat final lorsque celui-ci sera atteint.
Tous les psychopathes, tous les totalitaristes sont persuadés de la nécessité de leurs pulsions, de la libération qu’ils obtiendront à les assouvir, de la justification des moyens à employer et de la justesse de leurs allégations. Tous les psychopathes, tous les totalitaristes sont persuadés que la fin justifie les moyens.
Tous les totalitarismes débouchent sur des océans de sang.
Il est temps de revenir sur la douce bienveillance dont il a été fait preuve trop longtemps envers ces individus : ce qu’ils revendiquent, les pensées qu’ils ont ne sont pas utopiques, immatures, intellectuelles ou angéliques.
Le totalitarisme n’est pas une opinion : c’est un crime.