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Le Tour de Rien : Jusqu’à la mer

Publié le 19 juin 2020 par Nicolas Esse @nicolasesse

Partir à vélo.
Jusqu’au coin de la rue ou jusqu’à la mer.
Partir léger, deux gourdes remplies d’eau. Dans les poches un peu d’argent, un téléphone portable et un imperméable.

Une chambre à air, joli nom de chambre.
Une pompe accrochée au porte-bidon.

Tracer dans sa tête un itinéraire qui longe le lac, visite les bords d’une rivière et suit la course du vent. S’asseoir sur la margelle d’une fontaine. Tracer sur la carte une ligne imaginaire qui franchit les montagnes et descend jusqu’à la mer. Rêver de lacets, de pavés, d’un point de fuite flou au bout d’une ligne droite. Rêver de champs de blé, de l’odeur de l’été.

À hauteur de selle, voir le monde défiler. Entendre midi sonner, douze coups dans le village assoupi, douze coups métalliques et cuivrés, venus du plus loin de l’enfance.
Douze coups.
S’arrêter sous les platanes. Se redresser. S’ébrouer. Secouer la poussière de ses souliers. Boire une gorgée d’eau tiède. S’asseoir sur une terrasse. Commander une boisson fraîche, dans un grand verre s’il vous plait. Prendre dans ses mains les bulles et la buée. Boire à longs traits glacés.
Boire les kilomètres.
Boire l’été.

Soif. Faim. Le monde simplifié.

Ensuite, on remplit les bidons. On s’étire. On se remet en selle et on démarre, sans forcer. Devant le guidon, une route nouvelle, un paysage jamais traversé. Au bout de ce long faux-plat se dresse une colline. On y va en sifflant et même s’il faudra monter, on est impatient de découvrir ce qu’il y a de l’autre côté.
Une autre colline.
D’autres champs de blé.
Et au bout d’une plaine immense un point bleu brillant, là où le reflux du fleuve fait frissonner la mer.


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