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Les cocus de la Macronie

Publié le 28 juin 2020 par Juan

Les cocus de la Macronie

Il a soutenu les violences policières, mais aujourd'hui, les éléments les plus extrêmes manifestent en armes.

Il a fait mine d'être écolo - "J'ai changé", expliquait-il fin août. Mais les alliances locales LREM avec la droite contre la vague verte tant promise pour ce second tour des élections municipales se multiplient.

Qui est cocu ?

Les cocus de la Macronie


Depuis deux semaines, dans la capitale, des policiers armés, et en uniforme, encerclent des lieux connus du public - Arc de Triomphe, Bataclan, esplanade du Trocadéro et même le ministère de l'intérieur. Ils sont quelques dizaines à peine, ils sont silencieux et menaçants. Leur simple présence est une menace pour la République, pour les citoyens. Parce qu'ils protestent contre la"tolérance zéro" de leur ministre qui a voulu leur interdire l'étranglement des suspects et punir plus durement (sic!) les manifestations explicites de racisme dans la police. C'est comme cela que le mouvement a commencé. Le préfet Lallement explique qu'il n'a pas pu identifier les leaders de ces manifestations illégales.

Castaner a couvert les mutilations de Gilets Jaunes et l'incroyable envolée de violences policières depuis que Macron est au pouvoir. Mais ces deux mesures, annulées depuis, ont été la"goutte d'eau" de syndicats dépassés, y compris CFDT et FO. Cela en dit long sur l'état anti-républicain de certains flics.
Ces flics sombres, armés et silencieux, protestent contre une interdiction de la méthode d'étranglement, mesure que Castaner a fini par annuler...

Il faut l'écrire et le lire à voix haute pour le croire.

Il n'est pas de République sans police républicaine. Cette faction-là qui manifeste armée pour la méthode de l'étranglement et pour le contrôle au faciès ou les blagues racistes dans des groupes Facebook à 8000 personnes, cette faction-là qui veut continuer de harceler les noirs et les arabes, de frapper sans sanction, d'étouffer s'il le faut même si le civil est un simple livreur qui crie qu'il étouffe, cette faction-là qui manifeste à Strasbourg quand l'un des leurs est (enfin) condamné par la justice pour avoir frappé à terre un Gilet Jaune sexagénaire, cette faction-là fait peur.

Cette faction-là n'a peu à voir, si ce n'est l'uniforme, avec ces CRS qui applaudissent les infirmières qui manifestent.

D'autres policiers se désolidarisent. Ils ne sont pas invités sur les plateaux de télévision, et pas même par la commission d'enquête parlementaire. Ils sont moins visibles qu'aux États-Unis où des équipes entièress démissionnent pour signifier leur honte quand quelques-uns de leur collègues brutalisent. Le syndicat France Police met en garde ses collègues: "Collègues ! La Macronie vous a utilisé pour écraser les Gilets jaunes et maintenant, ce sont les policiers qui vont payer l'addition des mutilations et des maintiens de l'ordre musclés !"

Castaner et Macron sont les cocus de l'histoire. Ils avaient tout couvert, tout assumé, tout excusé. Ils ont envoyé la police réprimer avec des milliers de grenades et de bombes lacrymogènes des mouvements sociaux en tous genres. Ils ont encouragé la police à frapper, à tirer, à faire peur. L'IGPN n'a sanctionné qu'une poignée de cas de violences malgré les dizaines de centaines de videos attestant de bavures. Au plus fort des jets de grenades à l'horizontale, des arrachages de mains, des têtes éborgnées, Macron lui-même a contesté l'existence de violences policières. Quand la chanteuse Camilia Jordana s'indigne des contrôles de police au faciès, Castaner monte au front pour la menacer. Bref, la Macronie a défendu la police, et même les éléments les plus violents et hors-la-loi des forces de l'ordre. Quand il s'est exprimé le 14 juin à la télévision, et qu'il a haussé le ton la voix tremblotante pour prévenir "qu'on ne déboulonnerait aucune statue", pas même celles des négriers français, Macron a soutenu la police contre les manifestants.

Ces policiers devraient être reconnaissants. Ils ne le sont pas. Quelques responsables syndicaux, agités par deux décennies de dérive politique sécuritaire, veulent avoir les mains libres et sales.

Ils pourraient réclamer qu'on leur paye les heures sup, ils pourraient manifester contre la difficulté de leur travail, la faiblesse de leur moyens. Ils préfèrent s'indigner et menacer quand on touche au sujet des violences policières et du racisme. Ils s'affranchissent de tout devoir de réserve: un syndicat de commissaires accuse la famille Traoré d'être un " gang".

Ces syndicats de police se livrent une guerre interne assez intense, et violente. Ce qui doit explique la surenchère actuelle: Quand le syndicat Unité SGP Police FO menace le Conseil Régional de la Région Ile-de-France qui a subventionné un documentaire du journaliste David Dufresne, son rival Alternative Police Nationale l'accuse d'être "affilié à une confédération bien connue pour ses positions antiflics" Le même réclame la démission d'une ministre.En avril, UNSA affichait son soutien aux soignants - en juin, l'un de ses représentants ne trouve pas que l'interpellation de Farida l'infirmière ait été violente.

Pour bien se faire voir, Castaner promet une loi pour restreindre le droit de filmer les violences policières. Et il reste passif face aux manifs policières.

Ne changez rien.

Les cocus de la Macronie


Patrick Balkany, condamné à la prison pour les (trop) nombreuses malversations qu'il a commise, avait été libéré pour raisons de santé en février. Ce dimanche 21 juin, le voici qui danse dans les rues en pull rose. Puis il se pavane sur la chaîne d'information CNEWS.

La Justice est cocue.

Mdiapart révèle comment Emmanuel Macron lui-même a fait pression pour clore l'enquête sur le "trafic d'influence", "conflit d'intérêts", et "non-respect des codes déontologiques" qui vise son secretaire général de l'Elysée, le proche Alexis Kohler. L'affaire est simple: avant de rejoindre l'Elysée, Kohler fut nommé par Macron, alors ministre, au conseil d'administration de STX France pour représenter l'Etat actionnaire, une entreprise dont le reste du capital était détenu par MSC, un autre groupe dont les propriétaires sont des cousins de Kohler et qu'il a déjà aidé entre 2008 et 2014 quand il était à Bercy: "au mépris de la séparation des pouvoirs, le président de la République est intervenu directement dans une procédure judiciaire individuelle" écrit la journaliste Orange. " Une entrave à la justice visant à protéger son collaborateur le plus proche, Alexis Kohler, et à couvrir un mensonge d'État. " Le parquet avait classé l'affaire sans suite en août 2019, après avoir reçu le courrier de Macron le 1er juillet, où ce dernier exonérait son loyal serviteur.

Pendant une décennie, on a laissé Kohler travailler sur le dossier des Chantiers navals de l'Atlantique, alors que ses cousins détiennent l'un des principaux protagonistes.

Voilà l'affaire.

La Justice est cocue, une fois de plus.

"Quand on est cocu, on ne paie pas la chambre" On rapporte que l'actuel jeune monarque a lâché cette énième vulgarité méprisante à ... un président de région qui refusait le chantage proposé. Macron veut reporter les élections régionales après le scrutin présidentiel de 2022. Il s'attend à une nouvelle déroute, après celle des municipales.

"C'est argent contre engagement". Macron monnaye une aide financière de l'État aux régions contre un soutien au report du scrutin. C'est un trafic d'influence - subventions d'État contre soutien politique. Du pur clientélisme à l'échelle d'une nation.

"Le trafic d'influence désigne le fait pour une personne de recevoir - ou de solliciter - des dons dans le but d'abuser de son influence, réelle ou supposée, sur un tiers afin qu'il prenne une décision favorable." Transparency International

La plupart des alliances politiques - politiciennes devrait-on dire - pour le second tour des élections municipales dans les villes grandes et moyennes sont entre la droite et la Macronie, avec des affiches parfois teintées de vert pour tenter de faire illusion. A Lyon, l'ancien fidèle de la première heure Gérard Collomb s'est allié à la droite pour contrer les écologistes. A Paris, la campagne macroniste est devenue si ridicule depuis le sacrifice de Benjamin Griveaux et ses photos de zizi. Dans l'un des arrondissements, une liste unique LR/LREM fait face aux socialistes.

A Paris, Macron avait rassemblé 35% des suffrages au premier tour, près du double de sa moyenne nationale. Et 90% au second. Trois ans plus tard, dans ces fiefs les plus bobos, les plus enthousiastes et supporteurs du " Nouveau Monde" en mai 2017, c'est la déroute.
Dans une tribune publiée par quotidien libéral, une députée macroniste revendique haut et fort une "écologie libérale", " une écologie émancipatrice qui mise sur la capacité des individus et des territoires à s'organiser et agir librement pour la sauvegarde de notre planète, la préservation de la biodiversité et le développement durable de nos sociétés," "une écologie qui refuse une approche étatisée et planificatrice, qui infantilise et dépossède les acteurs citoyens, économiques et associatifs de leur pouvoir et qui préfère miser sur leur empowerment et leur capacité à imaginer et faire ensemble."

La tribune fleure bon la novlangue macroniste habituelle. Elle abuse d'oxymores - "écologie libérale" ? L'écologie est par essence la protection de l'environnement, ou de ce qu'il en reste. C'est-à-dire un ensemble de règles pour imposer cette protection. L'écologie libérale, c'est du "green washing", ou en français de "l'éco-blanchiment": on brandit des slogans écolos, on repeint ses tracts, logo et affiches en verts, pour redore son image et mieux cacher la réalité de l'action politique. Depuis 2017, le bilan écologiste de Macron est si décevant qu'il a perdu une belle partie des quelques écolos modérés qui l'accompagnaient. Il soutient l'avion, même pour des petites lignes, refuse de taxer le kérosène comme il taxe le carburant des gens, renvoie à la Saint Glin-Glin le respect des engagements français en matière de lutte contre le réchauffement climatique.

La posture écologiste de Macron est une arnaque.

"On voit se dessiner un camp conservateur, que certains appelleront technolibéral, qui pense encore que la planète est sans limite." Grégory Doucet, candidat écologiste à la mairie de Lyon.


Quelques semaines avant le confinement, le jeune monarque était allé s'exhiber au pied du Mont-Blanc, en hélicoptère, avec conseillers, gendarmes, et ministres, un mini-sommet politico-touristique polluant comme il se doit. Ce fut l'occasion de lui rappeler son autorisation d'un nouveau projet autoroutier entre Thonon-les-Bains et le lac Léman, aux détriments du rail.

A la SNCF, il réclame des milliards d'euros d'économies sur les retraites des cheminots. A Air France et à Renault, il promet 7 et 5 milliards d'emprunt non-remboursable et sans garantie.

Cette semaine, la polémique nait quand on apprend que la Macronie a publié un décret qui assouplit les conditions pour vendre son animal domestique à des laboratoires. La polémique est si grande que Macron se sent obligé, samedi 27 juin, de publier un tweet sur son chien d'adoption - "Avec Brigitte nous avons recueilli Nemo en août 2017. Vous aussi, mobilisez-vous contre l'abandon de nos animaux de compagnie et adoptez !" Et Gérald Darmanin incite ses collègues ministres à publier des photos de leurs animaux domestiques sur les réseaux sociaux...


Au-delà des menaces policières contre la République, des pressions sur la Justice, des manoeuvres anti-écolos, la Macronie tente de reprendre la main sur le terrain social. Les résistances sont toujours là.

Acte I - réformes pour riches; Acte II: la répression du mouvement social. On peine à deviner ce que sera l'Acte III de la présidence Macron. Face au chômage qui a explosé à cause du confinement brutal, faute de préparation sanitaire, le clan Macron cherche à améliorer les statistiques, et à prévenir d'une autre explosionk, plus sociale.

Macron court-circuite son premier ministre. Le vrai-faux suspense sur le sort d'Edouard Philippe intéresse les gazettes d'éditocrates, pas les gens. Qui se fiche de savoir qui remplacera Philippe ? Un conseiller anonyme de l'Elysée confie à la presse que "le président a la volonté, dans les deux prochaines années, de gouverner lui-même. Il veut être maître de son destin et de sa réélection." Il veut "reprendre en main" la conduite du pays. L'avait-il vraiment lâché ?

Emmanuel Macron détaille ainsi lui-même aux partenaires sociaux comment il allait réduire le dispositif de chômage partiel. Mais il est une autre réforme de l'assurance chômage, celle de novembre 2019, dont on a oublié de dresser un premier bilan: e ntre novembre et mars, environ 20 000 personnes ont été exclues de l'indemnisation à cause du durcissement des conditions. Et seulement 600 démissionnaires et 200 indépendants ont bénéficié d'une indemnisation - une grosse saloperie sociale (la réduction des droits pour le plus grand nombre), masquée par un petit cadeau (l'accès à l'indemnisation pour une poignée de nouveaux bénéficiaires). Pendant le COVID, les mesures antisociales d'avant le confinement ont été oubliées. Macron a indemnisé les chômeurs partiels sur le modèle allemand - mais on oublie qu'il a négligé 2 millions d'intermittents - hôtellerie, restauration, etc.

Effrayé d'une reprise de la pandémie, comme aux Etats-Unis, en Inde ou même en Chine, le gouvernement tente aussi de rassurer que cette fois-ci, il sera prêt: Olivier Véran se tait sur la revalorisation salariale du personnel soignant, mais promet qu'il aura 12 000 lits de réanimation de prêt si la contamination au COVID repart. Sans l'avouer publiquement, il a aussi interdit aux cliniques privées de suspendre sine die les soins et opérations "non essentiels". On attend la facture, le nombre d'établissements prochainement en faillite.

La résistance des soignants est intacte. Une cagnotte a été ouverte pour aider Farida l'infirmière à payer ses frais de justice.

Enfin, Macron a lâché des milliards à diverses entreprises, sans contreparties. On paye aujourd'hui l'addition, en pleine crise. Ainsi SANOFI, qui vient de distribuer 4 milliards d'euros de dividendes, annonce la suppression de 1 000 emplois.

Où est passé Bruno Le Maire ?


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