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Au secours!

Publié le 28 juin 2020 par Fouzi53 @fouzi53

Au secours!

Avant toute chose, un postulat : Rien ne peut passer avant la santé des marocains. Ceci étant acté et tout en reconnaissant, sans fioriture aucune, l’efficacité avec laquelle la crise du Covid-19 a été gérée , je dis bravo et merci.

Cependant, en tant qu’acteur du tourisme et agent de voyage de surcroît, je ne peux que constater les dégâts causés sur mon activité et celle de mes prestataires par cette période d’urgence sanitaire que nous avons subie et qui continuera certainement encore jusqu’à l’éradication du Corona virus ou tout du moins, la découverte d’un vaccin pouvant s’en prévenir.

Commençons par l’hébergement, hôtels, maisons d’hôtes, Riads, campings, gites et même chez l’habitant, toute la filière est à l’arrêt depuis le 20 mars date d’entrée en vigueur de l’état d’urgence sanitaire.

Pour information , aucun de ces établissements n’a jamais été sommé de fermer, mais la situation a fait qu’ils ont été dans l’obligation de cesser leur activité et libérer leur personnel en respectant autant que faire se peut, la législation en vigueur en matière de travail. Et cela a eu un coût que la mesure du CVE (2000 Dh) a quelque peu soulagé pour certains, mais nous arrivons au bout ( 30 Juin) et les ennuis vont commencer……

Ajouté à cela, les mesures sanitaires que la situation impose pour reprendre, à savoir la réduction de 50% d’exploitation de capacité pour cause de distanciation, les équipements à mettre en place ( au-delà du gel hydro alcoolique et des masques) et les dépistages vivement recommandés que doivent subir les salariés pour reprendre le travail, in fine la facture sera salée sachant qu’aucune rentrée d’argent n’a eu lieu depuis 3 mois et que le carnet de commande est encore vide. Quel sera alors le prix de revient de la chambre si on doit prendre tous ces éléments en compte ?

Si je dois m’impliquer dans la commercialisation d’un package pour le touriste national, il faut savoir que l’hébergement et la pension vont en constituer 90%, les 10% restant seront pour des excursions ou des loisirs pour la famille. Le client va utiliser sa voiture pour se déplacer ou au pire le transport en commun ( Bus ou train), pas besoin de transport touristique ( de toutes manières , il a besoin d’une dérogation pour l‘utiliser) et encore moins une voiture de location, car cela n’est pas dans son budget,  enfin les guides seront en chômage technique du fait que les nationaux sont sensés connaitre leur pays.

Donc un package réduit à l’hébergement que je dois négocier au meilleur prix auprès de l’hôtelier, sans engagement de ma part si ce n’est l’offre que j’aurai posté sur Facebook et qui fait déjà figure de fake news, face à l’offre consentie par Booking ou autre OTA. Autant dire que je vais me faire incendier par mes compatriotes et passer pour un opportuniste, qui profite de la fermeture des frontières pour prendre les nationaux en otages et leur « fourguer des vessies pour des lanternes »   Non, merci!

On ne peut pas décréter la priorité au tourisme national sans mettre la main à la poche et laisser les professionnels en frontal avec la population. On commence à redouter le «  3lamantla9aw » , car la rencontre risque de faire mal ! 

Nos compatriotes sortent aussi de 3 mois d’inactivité, des économies en berne et un pouvoir d’achat se limitant au strict nécessaire pour survivre. Reste le mouton de l’Aïd et la rentrée scolaire qui se profile déjà. Les vacances deviennent un luxe que la majorité ne peut plus se permettre, et pourtant, ils en ont en grand besoin pour repartir au combat, car la lutte contre le coronavirus continue.

Sous d’autre cieux, l’état a mis en place des chèques vacances au profit des familles qui étaient en première ligne au plus fort de la crise, en l’occurrence les soignants et les sécuritaires ( Médecins, infirmiers, police, gendarmerie et autres.. ) . 250 000 familles vont profiter d’un repos bien mérité financé par l’état et les régions. Une vraie bouffée d’oxygène pour les professionnels du secteur qui reprendront des couleurs et un retour sur investissement pour l’état qui récupèrera des taxes ( TVA, IR, TPT, TC et autres).

Nous reste l’international, que nous avons dû annuler et reporter contraints et forcés. Nous avons déjà perdu les meilleurs mois de l’année 2020 ( Mars à Juin), l’été va passer à la trappe, et le plus dur est que nous sommes en train d’essayer de sauver l’automne et l’hiver , ce sera peine perdue  avec des frontières fermées et aucune visibilité quant à leur réouverture, nos clients las d’attendre, se redirigent dèjà vers d’autres destinations, en Europe du Sud pour la plus part mais aussi vers la Turquie et la Tunisie.

C’est hélas la situation de tout un secteur qui souffre en silence pour le moment, mais jusqu’à quand ? Et ce n’est pas faute de mobilisation de toutes les associations et fédérations professionnelles, ce n’est pas faute de réunions avec la tutelle avec propositions à la clé et plan de relance exécutable immédiatement et ce n’est enfin pas faute d’optimisme, nationalisme oblige.

Les agents de voyages sont à l’arrêt et du coup,  la situation des transporteurs touristiques se détériore de jour en jour, celle des loueurs de voiture frise le drame social, les guides vivent un calvaire, les restaurateurs ne savent plus à quels saints se vouer et tous les autres vivant dans le rural et au fin fond du désert attendent leur heure. Nous sommes en train d’assister à un drame pour des millions de personnes qui ont crû au tourisme et s’y sont investis corps et âme. 

En attendant, pas le moindre geste, pas la plus petite initiative pour booster la demande et faire redémarrer la machine, les taux des taxes resteront inchangés, pour ce qui est des crédits, on ne prêtera qu’aux riches, les licenciements se profilent et avec eux, une tragédie inédite pour un secteur qui était prometteur.

Et pourtant, dès le début de cette crise, le communiqué du Cabinet Royal du 15 mars était clair : « Un Fonds de soutien …. une batterie de mesures qui seront proposées par le gouvernement, notamment en termes d’accompagnement des secteurs vulnérables aux chocs induits par la crise du Coronavirus, tels que le tourisme, ainsi qu’en matière de préservation des emplois et d’atténuation des répercussions sociales de cette crise ».

Mesdames Messieurs  du Gouvernement, vos mesures d’accompagnement pour notre secteur tardent à venir, il y a péril en la demeure  et demain il sera trop tard. Le tourisme marocain se meurt,  à chacun d’assumer ses responsabilités.  


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