Magazine Bons plans
WANTED ! 1853 — 2ème avis de recherche de Richard Wagner... 1854 — Avis de la police autrichienne
Publié le 03 juillet 2020 par Luc-Henri Roger @munichandcoEn 1853, faisant suite au mandat d'arrêt lancé après l'insurrection de 1848 à Dresde, un deuxième avis de recherche fut lancé contre Richard Wagner, avec un joli dessin à la clé....
Un peu plus tard, le 23 mars 1854, la police autrichienne émettait le rapport suivant, qui prouve combien les faits et gestes de Richard Wagner à Zurich faisaient l'objet d'une rigoureuse observation.
RAPPORT DE I.A POLICE DE VIENNE, CONCERNANT RICHARD WAGNER (traduit de l'allemand)
D'étranges rumeurs circulent de nouveau sur le compte de Richard Wagner. Il vit à Zurich non seulement avec tout l'éclat du luxe, mais il y fait des acquisitions coûteuses, telles que des montres d'or à des prix fabuleux. Sa demeure est richement décorée des plus beaux meubles, tapis, rideaux de soie, lustres, etc., tout, un luxe qui suscite chez de simples républicains la curiosité, et même l'étonnement. Et un peu chacun se demande d'où cet homme, arrivé à Zurich dans la misère, tire ses ressources. Lui raconte que la représentation de ses œuvres en Allemagne lui procure tout ce dont il a besoin ; mais des informations précises nous permettent de certifier que cela est faux. Les quelques théâtres — ils sont rares — qui se risquent, à représenter ses opéras ne lui donnent rien. Ses écrits (seine Schrifstellerei) ne lui rapportent pas un centime, car la plupart se font à des tirages de 50 à 100 exemplaires, et à ses propres frais. À Zurich, non seulement il ne retire rien de la représentation de ses œuvres, mais il est même obligé de faire des sacrifices personnels pour entretenir la sympathie. On suppose non sans raison qu'il doit, être soutenu secrètement par une maison princière allemande, ce qui serait d'autant, plus étrange que, lors de la Révolution, à Dresde, il mit le feu à toute la garde-robe et aux accessoires de l'Opéra et que, aujourd'hui, encore, par la parole et par la plume, il tend nettement à faire au moyen de son art de la propagande révolutionnaire. D'ailleurs la foi en sa musique comme musique de l'avenir est en baisse constante. Son art se distingue par une orchestration brillante, c'est vrai, mais il est dépourvu d'âme tout autant que de mélodie. Et le peu de mélodie qu'on y peut trouver, il l'a volé à d'autres.
Traduit du texte original publié par Woldemar Lippert dans Richard Wagners Verbannung und Rückkehr: 1849 - 1862 ; mit unveröffentlichten Briefen und Aktenstücken, fünf Faksimilien und sechzehn Tafeln in Lichtdruck, Dresden, Paul Aretz, 1927.
N.B. L'ouvrage de W. Lippert a été réédité en 2012 par Severus Verlag à Hambourg.