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Changement de paradigmes

Publié le 11 août 2020 par Fouzi53 @fouzi53

Changement de paradigmes

Nous assistons depuis la fin du mois dernier à une recrudescence des cas de covid-19 sur l’ensemble du Royaume et plus spécialement dans des régions à fort potentiel touristique soit en tant que bassins émetteurs ( Casablanca) ou récepteurs ( Tanger, Marrakech, Fès ). Cette situation semble s’accélérer et les chiffres annoncés depuis la semaine dernière, n’augurent rien de bon en ce qui concerne la maitrise de la pandémie et ses répercussions sur l’économie en général et l’industrie du tourisme en particulier.

Je n’ai hélas aucune compétence en matière d’épidémiologie, mais il semblerait que cette pandémie est loin d’être circonscrite et que la découverte d’un vaccin est toujours hypothétique, ce qui me fait dire, que nous devrions d’ores et déjà, nous résigner à vivre avec le Coronavirus.

Bien évidemment, la signature récente du contrat programme pour la relance du tourisme va apporter une bouffée d’oxygène aux entreprises touristiques qui ont vu leur activité stoppée net depuis le 15 mars. Certaines mesures prises vont permettre essentiellement  de maintenir le secteur sous perfusion en soulageant sa trésorerie et il en a grandement besoin. La bonne nouvelle est que cela  permettra de libérer les  esprits pour penser à la meilleure manière de relancer la machine tourisme, objet également de mesures importantes inscrites dans ce même document et qui méritent toute notre attention.   

Nous devrions consacrer cette trêve qui va durer jusqu’au 31 Décembre 2020 pour revoir complétement notre modèle de développement touristique et prendre en considération les nouveaux paramètres qui vont conditionner l’industrie touristique durant au moins les trois prochaines années.

Les compagnies aériennes, et sans jeu de mot, ont toutes pris du plomb dans l’aile. Cette crise n’a épargné ni les low-cost, ni les compagnies régulières qu’elles  soient privées ou d’Etat. Elles sont toutes en train de réduire la voilure et se délester de leurs ressources humaines, y compris les plus incontournables ( Pilotes de ligne). Cette remise en cause ne sera pas sans répercussion sur le prix du billet d’avion et par là les destinations touristiques.

Pour revenir au plan de relance préconisé par la RAM, nous sommes un certain nombre à penser, que se séparer de 20 avions aujourd’hui, n’est pas une bonne idée. Qui en voudrait et à quel prix au moment où le marché regorge d’aéronefs à vendre ? Ne serait-ce pas le moment de consolider l’offre RAM par une flotte low-cost, dédiée exclusivement au tourisme national et reliant les bassins traditionnels ( France-UK-Allemagne-Italie-Espagne et Benelux) aux principales régions touristiques nationales ? Un modèle économique impliquant les régions, à l’instar de ce qui est fait par les espagnols avec Binter et Vueling, devrait être envisagé.   

Jusqu’à présent, notre stratégie marketing a consisté à conclure des contrats de co-marketing avec les compagnies aériennes, en réalité, nous subventionnons des sièges avion pour acquérir des touristes sans garantie de retour. Je m’explique, le touriste client appartient à la compagnie aérienne qui l’adressera à chaque fois qu’elle lance ou dope une destination par des offres agressives en fonction de la saison et de l’attractivité de la destination. La fidélité du client se fait vers la compagnie aérienne et non vers la destination. Il faudra donc s’atteler à changer cette donne en travaillant notre offre pour cibler directement le touriste. Pour cela, nous avons besoin de connaitre ses points d’intérêts, sa disponibilité et son profil afin de capter son intention de voyage.

Il en est de même avec les TO classiques ou On line. Nous avons toujours la même démarche qu’avec les compagnies aériennes, des  campagnes de co-marketing dans lesquelles l’ONMT participe financièrement sans maitriser les prospects des tours opérateurs en question, et eux aussi restent propriétaires de leurs clients. Et si le Maroc n’est pas prêt, ils reporteront leurs clients sur d’autres destinations.

Notre modus operandi depuis des décennies est resté le même, en fait nous confions notre production à des parties tierces pour la commercialisation et la distribution et nous cultivons une sorte d’addiction à ce type de procédure. Nous restons donc dépendant de leur bon vouloir au moment où la désintermédiation est devenue la norme.

A l’heure du digital et profitant de cette période de vache maigre, nous devrions franchir le pas et nous affranchir de toutes ces vielles méthodes qui ont montré leurs limites avec cette crise. Osons un marketing via la toile et mettons-nous à l’ère du temps ! Une meilleure communication sur nos potentialités en terme d’image, d’expériences à vivre et de gestion justement de ce foutu virus.

Nous péchons par manque d’informations tant sur notre offre, que sur notre demande, n’ayant jamais mis en place les outils qui nous permettraient de recueillir suffisamment de DATA pour gérer notre positionnement face à la concurrence par rapport à une clientèle potentielle connectée et intéressée par le voyage et la découverte de nouveaux horizons.

Les moyens pour y arriver existent, de même que les ressources humaines nécessaires pour renverser la vapeur et retrouver une souveraineté numérique dont nous avons été spoliés par ces géants aux pieds d’argile, qui aujourd’hui se trouvent acculés à dégraisser  sans vergogne.  

Sans connectivité, nous ne serons ni compétitifs, ni attractifs et resterons à la merci des aléas tels que la crise que nous vivons aujourd’hui d’où la nécessité encore une fois, de profiter de cette crise pour changer de paradigmes.


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