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Un problème nommé Jack Lang

Publié le 22 juillet 2008 par Hmoreigne

200px-jack_lang_gay_pride_paris_2008_n1.1216715418.jpgS’il faut un Judas ce sera donc lui. A trop cultiver l’ambiguité, à clamer haut et fort qu’il voterait la réforme des institutions seul contre on camp, Jack Lang se retrouve aujourd’hui au banc des accusés d’un PS qui enrage d’avoir raté de très peu une mise en échec spectaculaire du réformisme présidentiel. “Tôlier” pour quelques mois encore de la maison socialiste, François Hollande laisse planer la possibilité de sanctions contre le député du Pas-de-Calais. Depuis le déchirement sur la question européenne, le parti socialiste a perdu un ingrédient indispensable à sa cohérence et à sa crédibilité : la discipline.

Premier chef contrarié, celui des députés socialistes. Jean-Marc Ayrault, d’habitude assez tempéré n’a pas mâché ses mots “Jack Lang aura au moins eu le mérite d’avoir contribué à une victoire à une voix de M. Sarkozy. C’est à lui d’en assumer toutes les responsabilités”, a-t-il déclaré avant d’ajouter “Quelques uns qui se réclament de la gauche doivent aujourd’hui se demander s’ils n’ont pas fait une faute politique”.

Avec un peu de recul pourtant et quelques notions d’arithmétique, il apparaît que l’adoption de la réforme a été acquise grâce à deux voix, celle de Bernard Accoyer, Président de l’assemblée nationale et en l’espèce du Congrès et celle de Jack Lang.

Julien Dray, pitbull de service, mais surtout François Hollande, partagent ce sentiment que l’ancien ministre de la culture de François Mitterrand a poussé le bouchon un peu trop loin, même si pourtant, de fait, sa voix n’a pas été décisive.

Julien Dray fustige “celui qui a pris la responsabilité d’être l’ultime roue de secours de la majorité sur ce vote”. “Il est maintenant seul face à lui-même”.  “Jack Lang, nous le connaissons, nous l’avions déjà mis hors du groupe au moment où il s’était mis dans la commission Balladur, il est au bout de sa logique”, a déclaré plus prudent, le Premier secrétaire du PS.

Volontairement incisive, Ségolène Royal qui revendique le titre de première opposante à Nicolas Sarkozy, et au passage l’héritage de François Mitterrand, n’a pas épargné son ancien collègue en reprenant une citation de l’ancien Président de la république : «Sur le chemin de la trahison, il n’y a que le fleuve de la honte à traverser».

Sans parler de soutien, Arnaud Montebourg a indiqué avec fair-play qu’il conservait son amitié à l’ancien ministre. Jean-Luc Mélenchon de son côté a reconnu qu’il serait mal placé pour demander des sanctions alors que c’est lui qui a créé un précédent dans le viol des consignes en ouvrant une brèche aux nonistes lors du référendum de 2005 sur la constitution européenne.

Le coming out de Jack Lang est réussi au delà de toute espérance. Reste à savoir si l’ancien Maire de Blois qui a toujours été attiré par le brillant et les honneurs franchira le Rubicon et passera dans la galaxie présidentielle. Ses déclarations dans de nombreux médias avant le Congrès selon lesquelles, il voterait le texte a été ressenti comme un appel du pied au Président de la République.

La situation est désormais totalement inversée. Alors que de nombreux « camarades » réclament son exclusion, l’UMP salue son indépendance. François Fillon, sur TF1 est même allé jusqu’à louer son courage.

Dans la soirée, Jack Lang adressait un communiqué à l’Agence France Presse, dans lequel il assure rester “plus que jamais un opposant déterminé à la politique de régression sociale du gouvernement afin de faire obstacle au projet dangereux et néfaste de cette majorité”. Ambiguïté toujours, l’ancien ministre continue bien de se garder d’émettre la moindre critique à l’égard de la personne de Nicolas Sarkozy. Celles-ci sont habilement réservées au seul “gouvernement” ou à  la  “majorité” .


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