Lâchez-moi les tongs !
- Je peux vous aider ?
Quoi de plus agaçant qu’un commerçant qui veut sauver sa saison (qui commence à peine), dont l’angoisse se traduit par un empressement excessif ?
- Non, je veux juste acheter des tongs !
- Ils sont là !
Elle me désigne le rayon devant lequel je suis plantée. Plus attirée par le prix modique que par le graphisme qui sera intégralement recouvert par mes pieds, je cherche juste ma pointure.
- Il faut regarder la pointure !
- (La bonne blague…) Oui, ça compte…
Je me saisis d’un modèle, pressée de m’enfuir mais elle ajoute :
- Vous voulez les essayer ?
- Non ! Ce ne sont que des tongs !
Mon ton lui signifie que cela a autant d’importance que l’achat de mouchoirs en papier.
A la caisse, la patronne – une vieille femme revêche, encaisse sans un mot, le visage fermé.
Tongs neufs, tente plantée sous le grand chêne de l’allée Marguerite, mes rituels d’entrée en vacances accomplis l’été peut commencer…
Colette Milhé