Scénario : Mattia Colombara
Dessins : Gianluca Maconi
Editions : Graph Zeppelin
Collection : Rock Odyssée
Voilà le début des paroles de la chanson de Jimi Hendrix "Voodoo Child", une de mes préférées. Evidemment je l'ai écoutée en boucle lors de la lecture de ce "biopic".
Nos deux artistes italiens et la maison d'édition Graph Zeppelin ont réalisé là, un bel ouvrage, légèrement typé vintage.
Il s'agit du premier ouvrage de la collection "Rock Odyssée" qui promet d'être fort sympathique.
Chaque volume sera sur l'histoire d'un/une artiste ou d'un groupe de musique. Ainsi nous aurons le plaisir de découvrir prochainement une Bd sur Janis Joplin et une sur les Pink Floyd...
J'ai hâte car celle-ci m'a emballé !
Le scénario "Jimi Hendrix Requiem Electrique" :
Ce récit de la vie de James Marshall Hendrix est structuré classiquement de sa jeune enfance jusqu'à son décès fortuit et trop rapide.
Les chapitres, scindés en 3 grosses parties, ont l'originalité d'être nommés avec des titres de chansons de la carrière de ce grand guitariste.
La première partie revient sur son enfance et ses débuts difficiles, ses confrontations face au ségrégationnisme, le racisme et l'exploitation négrière des blancs encore bien affichés.
La deuxième partie fait le point sur ses rencontres et son ascension fulgurante dans le monde de la musique.
Enfin la dernière l'expose au sommet de sa gloire, son apothéose, ses excès, sa lutte et malheureusement sa disparition.
En y regardant de plus près, la structure de ce scénario est d'une orchestration symphonique magistrale (il y a même un intermède entre l'acte 2 et 3).
La vie de Jimi Hendrix, à travers cette narration organisée, résonne à la fois comme un long morceau de blues très électrique et plaintif mais aussi comme un grand concerto classique et déjanté voire même d'un opéra rock !
Petit détail que j'ai aussi apprécié : la référence à Martin Luther King et la retranscription de son fameux discours "i have a dream".
Très beau travail scénaristique !
Le dessin "Jimi Hendrix Requiem Electrique" :
Gianluca Maconi a un style plutôt caricatural mais à la fois très comics.
Son trait est fin, précis et avec le sens du détail adéquat pour ni encombrer le dessin et ni l'appauvrir.
Il a su aussi parfaitement retranscrire les attitudes, les gestuelles, le comportement de la star, particulièrement lorsqu'il est sur scène.
Les illustrations en fin d'album, pour sa représentation au "Symphony Hall", le lendemain de l'assassinat de Martin Luther King, sont juste divines !
Ces aplats de noirs majestueux mettent évidemment en relief le dessin soigné mais surtout le deuil de toute une population qui se bat pour ses droits.
Vous l'aurez compris, le choix de l'illustrateur s'est porté sur le noir et blanc probablement non sans raison.
C'est un superbe procédé pour mettre l'accent sur un des thèmes ultra présents dans l'album, et dont Jimi Hendrix en a subi des conséquences : le racisme.
De cette belle manière il met l'accent sur ces rivalités de "couleur", pour nous démontrer, au final, que noir et blanc s'accordent parfaitement ensemble pour réaliser des merveilles.
Les techniques utilisées pour son dessin semblent nombreuses et variées comme les hachures, des estompes, de la pulvérisation (ou spray) à la brosse à dent, les aplats etc.
Les effets sont maîtrisés et très agréables pour notre rétine, comme les auréoles lumineuses pour mettre en avant les personnages, les reliefs des ombres et/ou des lumières en jouant sur des contre-expositions plutôt singulières, ou bien les nombreuses perspectives, variations de champs, incrustations et débordements de dessins dans les vignettes.
Les mises en scènes sont académiques, élégantes et fignolées.
En bref c'est du bel art !
Ce premier tome de cette nouvelle collection m'a véritablement convaincu.
Cependant, j'en attends maintenant beaucoup pour les prochains !