Nous découvrons aujourd'hui, - un peu tard mais avec le bonheur de l'orpailleur qui vient de découvrir une pépite, - un texte d'Armand Lanoux qui a échappé à nos recherches, dont vous trouverez ici quelques extraits.
En 1959 Armand Lanoux* (1913-1983) publiait La tulipe orageuse chez Seghers, un recueil de poèmes au sein duquel trône Le haut pays du cygne, un poème de 1958 dont le premier vers évoque les rois fous et dont le roi Louis II de Bavière est le centre. La Mariée noire, métaphore de la Mort, attend le Roi... Les wagnériens savent bien que l'évocation du Roi artiste s'accompagne le plus souvent de celle de son compositeur d'élection.
La tulipe orageuse fut reprise en 1982 dans le recueil Le montreur d'ombres que publia Grasset avec pour sous-titre : 50 ans de poèmes, 1932-1982.
La veine poétique d'Armand Lanoux nous a séduit. Le recueil Colporteur de cet excellent poète remporta le prix Guillaume Apollinaire en 1953, reconnaissance méritée de l'excellence de sa plume.
géant aux paupières fanées
baron a l'armure rouillée
L'enfant de Nymphenbourg
fardé comme une héritière
- Sire il est tard.
la Mariée Noire t'attend.
délire un peu pour Isolde
L'enchanteur est en demi-solde
l'appelle le supplie il l'attend.
A bord de son train tendu de velours
passe en revue les régiments
par les officiers mélèzes.
- La vapeur cherche en vain
a suivre cette forte imagination. -
Sur le lac flotte un cygne
rosiers gardent le roi-lune enfiévré
contre les ministres et les conseillers
- Sire il est tard il est temps.
Chaque instant tu meurs.
la Mariée Noire t'attend.
Cette heure qui sonne ces nénuphars
ces mousses et quelques brasses
dans le reflet des remparts
sur les eaux basses...
Alors Ludwig lunaire souriant
* Rappelons que Lanoux remporta le prix Goncourt en 1963 pour son roman Quand la mer se retire, publié chez Julliard. L'éditeur Grasset reprenait cette page dans laquelle Armand Lanoux se présentait lui-même :
"Auteur de romans, nouvelles, poèmes, de récits et de chroniques, et même pendant fort longtemps de peintures, amoureux de ce théâtre pour oreille seule qu'est la fiction radiophonique, à la télévision adaptateur de Balzac et de Maupassant, voire de mes propres romans, chroniqueur indulgent et amusé de Meg Steinheil, la Pompadour de la Troisième, témoin ou narrateur des épisodes mouvants de la guerre, le grand opéra, ou de la révolution, conteur des amours adolescentes et de la sardane de la Liberté, colporteur des faits divers et des images imprimées par Pellerin à Epinal, biographe de la tragédie médicale de Bel Ami ou du lent cheminement de Zola depuis l'ambition adolescente jusqu'à la Conscience humaine, je n'aurai été, en somme, durant cinquante années d'écriture, qu'un montreur d'ombres." A.L.
À noter que le Le montreur d'ombres est toujours signalé à la vente par son éditeur ! L'occassion de découvrir le texte complet de cet extraordinaire poème consacré au roi Louis II.